COTE D’IVOIRE :Vabé Charles ex-directeur de presse  et de la communication du pdci  /  Charles Blé Goudé  le menteur  brillait cependant  par la finesse de ses sentences.

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COTE D’IVOIRE :Vabé Charles ex-directeur de presse et de la communication du pdci / Charles Blé Goudé le menteur brillait cependant par la finesse de ses sentences.

Élu en août à Abidjan à la tête de son parti, Blé Goudé, qui a reconnu avoir des ambitions présidentielles à long terme (après 2020), était dans les années 2000 surnommé «le général des rues» pour sa capacité à mobiliser les partisans du président de l’époque, Laurent Gbagbo, grâce au mouvement des Jeunes patriotes, souvent qualifié de milice. Ses détracteurs et les ONG internationales considèrent qu’il a été un des principaux acteurs de la montée de la tension en Côte d’Ivoire dans la décennie 2000, qui a culminé en 2010-2011 dans les violences post-électorales ayant fait plus de 3.000 morts.

Le Cojep, le parti de l’ex-chef des Jeunes patriotes ivoiriens, Charles Blé Goudé, a dénoncé le vendredi 17 Janvier 2020 à La Haye lors d’une conférence de presse un «harcèlement politique contre sa personne », au lendemain d’une décision de le juger en Côte d’Ivoire pour des crimes présumés commis entre 2010 et 2011.

l’ ex -leader des Jeunes Patriotes et séide parmi les séides de Laurent Gbagbo, s’est vu affublé de multiples surnoms. « Général de la jeunesse » ou de « la rue », « génie du Kpô », pour ses partisans les plus zélés ; « Blé la machette » ou « le Buffle », pour ses détracteurs.

menteur à défaut d’être brillant (une dizaine d’années pour obtenir une licence d’anglais, en trichant !), hâbleur et populiste, il s’est évertué tout au long de sa carrière à multiplier les contre-pieds et à brouiller son image de boutefeu, acquise dès 2002 lors du déclenchement de la rébellion. Notamment après les accords de Ouagadougou, signés en mars 2007, censés conduire à la paix et aux élections. Il ne cessa alors de proclamer son nouveau credo : réconcilier les Ivoiriens . Pour finir, en décembre 2010, par les inciter à se soulever, sans oublier de distribuer des armes à ses Jeunes Patriotes.

Grand adepte de l’emphase dans ses interviews, où il n’hésitait pas à parler de lui à la troisième personne, Blé Goudé n’avait pas une petite opinion de lui-même, citant sans ciller des modèles incongrus pour un homme de sa trempe, de Gandhi à Mandela en passant par Martin Luther King, tous chantres de la non-violence. Parmi ses pensées les plus profondes, tirées d’entretiens qu’il a accordés, on distingue le style bestiaire : « Je suis assez intelligent pour comprendre que, quand on frappe le margouillat, le lézard doit s’apprêter », « une poule qui se respecte ne pond pas ses oeufs en public ». La fausse modestie : « Je ne suis pas ébloui par la grande popularité dont je jouis. » Ou encore, quand il s’agit de fustiger la politique néocoloniale de Paris : « La France doit arrêter de décider pour nous. Voyez nos filles qui souffrent pour maigrir parce qu’on leur a dit qu’une belle femme doit être mince, alors qu’en Afrique, celle qui est belle a des rondeurs. » 

LA CRISE ÉCLATE , L’UNIVERSITÉ EST SECOUÉE ,1999-2002

En décembre 1999, près de 40 ans de règne du PDCI ont brutalement pris fin lorsque l’ancien chef de l’armée ivoirienne, le Général Gueï, a évincé le Président Bédié en s’emparant du pouvoir par un coup d’État. Le « Front républicain », une alliance de raison conclue en avril 1995 entre les partis d’opposition, s’est dissout. Reflétant la politique nationale, les divisions qui avaient vu le jour au sein de la FESCI en 1998 se sont rapidement intensifiées dans le nouveau climat politique, et l’organisation a commencé à se fracturer en fonction des tendances politiques. Pendant ce temps, les partis politiques, s’efforçant de bénéficier d’un soutien tactique en cette année électorale, ont cherché à gagner la faveur de la FESCI, en partie à cause du contrôle convoité de la rue qu’elle pouvait offrir ainsi que du nombre de voix qu’elle pouvait drainer parmi les jeunes.

En mai 2000, la tendance qui allait être connue sous le nom de la « dissidence » de la FESCI, dirigée par Doumbia Major, deuxième dans la hiérarchie de la FESCI et sympathisant du RDR, a accusé Blé Goudé de mal gérer les fonds et a tenté de remettre en question le leadership de ce dernier dans l’organisation. En réponse, Blé Goudé a accusé Major et ses partisans de chercher à prendre le pouvoir au sein de la FESCI au profit du RDR, affirmé qu’Alassane Ouattara finançait les « dissidents » et mis en garde contre le fait que le RDR tenterait d’utiliser la FESCI pour aider le parti à remporter l’élection présidentielle prévue plus tard dans l’année Des membres du gouvernement Gueï ont également accusé les dissidents d’être manipulés par le RDR.

Cela a marqué le début d’une lutte ouverte, souvent sanglante, pour le contrôle de la FESCI (communément appelée la « guerre des machettes ») entre une faction « loyaliste » dirigée par Charles Blé Goudé (qui appuyait en général la junte militaire et le FPI) et une faction « dissidente » conduite par Major (dont beaucoup de membres étaient pro-RDR). En gros, les divisions au sein de la FESCI pendant la « guerre » présentaient le même caractère régional et ethnique que celui pris par la crise ivoirienne jusqu’à aujourd’hui, le FPI trouvant ses sympathisants parmi la population du sud à majorité chrétienne et le RDR recueillant les siens parmi la population du nord à majorité musulmane.

Durant la « guerre », les factions loyalistes et dissidentes de la FESCI au sein de la population étudiante se sont pourchassées avec des machettes et des gourdins, provoquant la mort d’au moins six personnes et faisant des dizaines de blessés graves, des étudiants étant précipités par les fenêtres, frappés et presque battus à mort à coups de machettes Pour les membres des deux factions, ainsi que pour les étudiants non alignés, cette période restera gravée dans les mémoires comme celle du « règne de la terreur » sur les campus.

Publiquement, Gueï a appelé les étudiants à « laisser la politique à la maison » et a même menacé de conscription les responsables de violences étudiantes. L’armée et d’autres forces de sécurité sont intervenues à plusieurs reprises lors des affrontements entre étudiants, arrêtant souvent ceux qui étaient impliqués dans la bataille. Cependant, selon d’anciens dissidents interrogés par Human Rights Watch, les arrestations étaient souvent sélectives, ciblant plus particulièrement les dissidents, et les loyalistes qui étaient arrêtés étaient souvent relâchés presque immédiatement après. Quelques membres dissidents qui avaient été arrêtés ont confié à Human Rights Watch que lors de leur garde à vue, ils avaient été battus par des soldats et accusés d’accepter de l’argent et des armes d’Alassane Ouattara.

Des violences ont éclaté à l’échelle nationale en 2000, lors de la présidentielle d’octobre et des élections parlementaires de décembre, faisant plus de 200 morts. Les forces de sécurité de l’État ont surtout abattu des manifestants pro-RDR dans les rues d’Abidjan ; des centaines de membres de l’opposition, dont beaucoup de gens du nord et de sympathisants du RDR visés sur la base de leur ethnicité et de leur religion, ont été arbitrairement arrêtés, détenus et torturés, et les forces de sécurité de l’État ont commis des viols et d’autres violations des droits humains en collusion avec les groupes de jeunes pro-FPI, notamment la FESCI. Deux victimes interrogées par Human Rights Watch après les élections ont expliqué avoir été battues par des membres de la FESCI travaillant en collaboration avec les gendarmes, qui ont eux-mêmes participé aux passages à tabac.

Après que les violences électorales de la fin 2000 se furent calmées, les deux factions étudiantes ont organisé des congrès parallèles pour élire un nouveau secrétaire général début 2001. Laissant présager la division officielle du pays moins de 18 mois plus tard, les loyalistes ont élu Jean-Yves Dibopieu à Abidjan, tandis que les dissidents élisaient Paul Gueï à Bouaké, une ville du centre du pays devenue le fief de la dissidence.La « guerre » a repris et les campus d’Abidjan et de Bouaké se sont retrouvés rongés par des violences semblables à celle de l’année précédente.

En mai 2001, sous la pression du gouvernement et des associations de la société civile, les représentants des deux factions de la FESCI se sont rencontrés à Bingerville, un quartier d’Abidjan, pour négocier. Aux termes des « Accords de Bingerville » signés par les deux factions, la « guerre des machettes » qui durait depuis un an a pris fin, Jean-Yves Dibopieu devenant secrétaire général et le leader dissident, Paul Gueï, son adjoint.

À ce stade toutefois, bon nombre des principaux dissidents avaient soit déjà fui Abidjan, soit été forcés de s’exiler dans des pays voisins tel que le Mali afin d’échapper à la violence. Certains anciens dissidents avaient fait défection pour rejoindre le camp loyaliste, tandis que d’autres cherchaient à s’effacer de la vie politique et syndicale et à poursuivre leurs études dans une paix et un anonymat relatifs.

Incapables d’accepter une Côte d’Ivoire dirigée par le FPI ou d’y opérer, un nombre important d’an.

La fesci et la montée des groupes et milices de jeunes pro-gouvernementaux.

Le déclenchement de la guerre civile en septembre 2002 a contribué à la naissance d’un certain nombre de groupes de jeunes et de milices armées pro-gouvernementaux, tant urbains que ruraux. Les dirigeants de beaucoup de ces nouvelles organisations ont fait leurs dents en politique à la FESCI, et plusieurs d’entre eux ont conservé de loyaux partisans au sein des membres actuels de la FESCI. Ensemble, ces groupes sont souvent qualifiés de « galaxie patriotique » dans les discours nationaux.”

Au centre de la « galaxie patriotique », on retrouve l’ex-dirigeant de la FESCI Charles Blé Goudé et son groupe pro-gouvernemental de Jeunes Patriotes Blé Goudé a joué un rôle crucial dans la mobilisation des « jeunes patriotes » à Abidjan pendant et après la guerre, organisant des manifestations pro-gouvernementales de 2003 à 2006 qui ont paralysé Abidjan plusieurs jours de suite, souvent sous le regard complaisant, voire complice, des forces de sécurité gouvernementales. Comme nous l’expliquons plus en détail ci-après, la distinction entre les groupes pro-gouvernementaux tels que la FESCI et ceux dirigés par ses anciens leaders, tels que les Jeunes Patriotes de Blé Goudé, est souvent floue, d’une part parce que les personnes sont souvent membres de plus d’un groupe et d’autre part parce que les manifestations « patriotiques » et autres activités impliquant ces groupes attirent souvent des membres appartenant à toute une gamme d’organisations au sein de la « galaxie patriotique »

Au plus fort de la crise, les membres de la « galaxie patriotique » se sont fréquemment réunis en « agoras » ou parlements de rue, où des centaines de personnes se rassemblaient pour écouter des orateurs qui ralliaient la foule avec un discours ultranationaliste, anticolonialiste et pro-FPI. Leurs diatribes étaient dirigées contre ceux qu’ils percevaient comme des ennemis du gouvernement FPI, et qui, au cours de la crise ivoirienne, étaient tantôt les rebelles, tantôt les partis politiques d’opposition tels que le RDR, ou encore les Français, sans oublier les Nations Unies Beaucoup d’orateurs « patriotiques » qui ont animé les agoras sont ou ont été membres de la FESCI.

Ex-leader de la FESCI et dirigeant actuel du groupe de jeunes pro-gouvernemental appelé Jeunes Patriotes, Charles Ble Goudé conduit une manifestation le 18 mars 2005 à Abidjan. Il porte un brassard rouge où est inscrit « Licorne dehors » et réclame le départ des troupes françaises de leur ancienne colonie. Dans les années qui ont suivi le début de la guerre, des discours semblables ont souvent été prononcés dans les forums publics connus sous le nom d’ « agoras » ou parlements de rue. © 2005 AFP

Bien qu’ils ne fassent pas officiellement partie de l’appareil de sécurité étatique, surtout dans les années d’immédiate après-guerre, les membres de ces groupes ont joué un rôle actif dans les questions de sécurité nationale, notamment en étant de faction aux contrôles routiers sur les routes principales dans les zones aux mains du gouvernement, en opérant des contrôles d’identité auprès des civils et en accomplissant en général des tâches incombant habituellement aux forces de sécurité gouvernementales en uniforme. Ces groupes ont également été utilisés par les responsables gouvernementaux pour réprimer violemment les manifestations de l’opposition, pour museler la presse et étouffer les dissensions anti-gouvernementales, pour fomenter un violent sentiment anti-étranger et pour attaquer les villages contrôlés par les rebelles dans les régions occidentales productrices de cacao et de café Dans presque tous les cas, les crimes perpétrés par ces groupes jouissent d’une totale impunité.

Depuis la signature de l’accord de paix de Ouagadougou en mars 2007, les tensions politiques qui touchaient l’ensemble de la Côte d’Ivoire se sont atténuées, incitant les groupes pro-gouvernementaux tels que les Jeunes Patriotes à mettre une sourdine au discours au vitriol qu’ils prononçaient auparavant et à mettre fin à la contestation publique. Néanmoins, si les tensions politiques venaient de nouveau à monter, en particulier à la veille de l’élection présidentielle, beaucoup d’observateurs politiques craignent que ces groupes reprennent immédiatement les activités pour lesquelles ils se sont rendus tristement célèbres.

À la différence des milices armées qui opèrent principalement dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, les groupes de jeunes pro-gouvernementaux ont tendance à être moins ouvertement militarisés dans leur équipement et leur habillement. Bien que certains membres possèdent effectivement des armes, en règle générale ils ne les portent pas ostensiblement ou ne patrouillent pas avec elles. Parce qu’ils ne sont pas officiellement armés, ils ne bénéficieront pas des programmes de Désarmement, de Démobilisation et de Réinsertion (DDR). Toutefois, ils ont en commun avec les milices armées leur forte dévotion au Président Gbagbo et à son FPI au pouvoir et ils partagent avec elles le sentiment qu’ils se sont soulevés pour défendre les institutions de la république contre l’agression armée de la rébellion.

Vabé Charles / directeur du journal presse opinion.

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