La police s’est déployée massivement dimanche matin à Alger pour empêcher un rassemblement de syndicalistes s’opposant à une réforme des retraites qui doit être débattue par les députés.
La crise financière que traverse le pays en raison de la chute des revenus pétroliers a conduit le gouvernement à mettre fin à partir de janvier à la retraite anticipée et à la retraite sans condition d’âge après 32 années de cotisation. L’âge de départ est désormais fixé à 60 ans.
Les policiers ont violemment dispersé les manifestants parvenus au coeur de la capitale. Ils ont procédé à de multiplies arrestations et déchiré des pancartes portées par les protestataires qui chantaient aussi l’hymne national.
« Non à un État de patrons », « Libertés syndicales. Pouvoir d’achat » ou encore « Non à la remise en cause de la retraite anticipée », proclamaient notamment les pancartes.
« J’ai été brutalisé par la police et j’ai été blessé à l’arcade sourcilière », lance Abdelmalek Zegada, directeur d’école.
De nombreux autres syndicalistes ont été empêchés de rejoindre Alger par des barrages mis en place sur les routes, certifient plusieurs d’entre eux.
Les manifestations sur la voie publique sont interdites à Alger depuis 2001.
« J’en ai gros sur le coeur, je n’arrive pas à y croire, on nous oblige à venir clandestinement. Il y a eu des vérifications d’identité dans les bouches du métro », s’insurge une enseignante, la quarantaine, venue de l’est d’Alger.
Une autre enseignante en poste en banlieue s’étonne que « des policiers bastonnent des enseignants, des médecins, des travailleurs ». « C’est un choc pour nous » , lance Oum Abdelkader.
Une députée du Parti des travailleurs (PT-opposition), Nadia Chouitem, elle-même malmenée, confie « sa tristesse devant tant de violence ».
Mme Chouitem dit avoir l’impression « que l’on veut nourrir la violence en arrêtant massivement des syndicalistes et en les empêchant de se regrouper pacifiquement ».
Son collègue, Smain Kouadria, évoque une « dérive » proche de celle d’un « État totalitaire », face à des revendications « légitimes ».
Des députés de l’Alliance de l’Algérie verte (islamistes) et du Front des forces socialistes (FFS, laïc) étaient également présents.
Le Parlement est très largement dominé par le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND) qui soutiennent le président Abdelaziz Bouteflika.