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Affaire Bolloré : le président guinéen va porter plainte, le Togo se dit prêt à coopérer

The CEO of the Bollore group Vincent Bollore (C) speaks with Guinea President Alpha Conde (3rd L), alongside Guinea's Prime Minister Mohamed Said Fofana (2nd L), as they arrive for the inauguration of the Blueline railway transport service in the Kaloum neighborhood of Conakry, Guinea, on June 12, 2014. Bollore and the Guinean president were inaugurating the "Blueline" train service, which will be electric and mainly solar-powered and will run from the Kaloum neighborhood of Conakry by the sea inland towards the city center and other destinations. AFP PHOTO / CELLOU DIALLO / AFP PHOTO / CELLOU diallo

L’homme d’affaires Vincent Bolloré est suspecté par la justice française de corruption pour l’obtention de concessions portuaires à Conakry et à Lomé.

 

Le président guinéen, Alpha Condé, et l’homme d’affaires Vincent Bolloré, à Conakry, le 12 juin 2014.

Le président guinéen, Alpha Condé, a annoncé, vendredi 4 mai, qu’il allait deposer une plainte devant la justice française pour des allégations de corruption dans l’enquête sur les activités en Afrique du groupe Bolloré. « Je vais porter plainte pour dénonciation calomnieuse. On a tous les éléments qui prouvent que moi je n’ai fait que defendre  les intérêts de la Guinée », a-t-il déclaré lors d’un bref entretien téléphonique avec Reuters.

Il a également dit accueillir  favorablement la proposition de l’opposition guinéenne d’ouvrir une enquête parlementaire dans cette affaire. « Cette enquête parlementaire, si elle a lieu, va clarifier les choses. C’est une très bonne chose », a estimé le président guinéen.

Toujours dans le cadre des activités de Bolloré en Afrique, le Togo s’est dit prêt vendredi  fournir des informations à la justice française.

Le groupe Bolloré dément toute irrégularité

Vincent Bolloré a été mis en examen fin avril, au terme de près de deux jours de garde à vue, dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de corruption pour l’obtention de concessions en Afrique. Il est soupçonné de corruption d’agent public étranger, complicité d’abus de confiance et complicité de faux, mais n’a pas été placé sous contrôle judiciaire. Le groupe Bolloré dément toute irrégularité.

La justice française soupçonne des dirigeants de Bolloré d’avoir utilisé le groupe de communication Havas, alors filiale du groupe, pour faciliter l’accession au pouvoir de dirigeants africains et  obtenir en contrepartie des concessions portuaires. Les juges s’intéressent en particulier aux conditions de reprise par le groupe Bolloré de la concession du terminal à conteneurs du port de Conakry, en Guinée, et de la gestion d’un terminal à conteneurs au port de Lomé, au Togo.

L’entreprise française Getma International avait d’abord obtenu en 2008 le contrat du terminal de Conakry, battant ses concurrents, parmi lesquels Bolloré. Le président Alpha Condé est arrivé au pouvoir en 2010. L’accord avec Getma a été annulé en mars 2011. Le même mois, la concession était octroyée à Bolloré. « Getma n’avait respecté aucun de ses engagements contractuels », a redit Alpha Condé vendredi à Reuters.

L’ancien ministre guinéen des transports Alpha Ibrahima Keira a assuré en avril que les lois en vigueur avaient été respectées. « Cela n’a absolument rien à voir  avec [le rôle de conseil de] Havas dans la campagne présidentielle de 2010. Le président [Alpha Condé] n’était pas impliqué dans le processus d’appel d’offres, qui a eu lieu avant son arrivée au pouvoir », a-t-il dit. « A aucun moment de la négociation ou du processus de marchandage, le président n’a été mêlé de près ou de loin » à cette affaire de concession, a ajouté Alpha Ibrahima Keira.

« Nous respectons la justice française »

A Lomé, la capitale togolaise, le ministre de la fonction publique, Gilbert Bawara, a assuré que son pays était prêt à cooperer avec la justice française. « Un opérateur économique français est poursuivi par la justice de son pays. Nous respectons la justice française, nous sommes attachés à la présomption d’innocence. L’Etat togolais n’a aucun élément fiable du dossier qui est en cours en France », a-t-il dit au micro de la radio Victoire FM.

« Nous n’avons pas à prendre un engagement particulier, nous n’avons pas à donner  une assurance quelconque parce que nous ne nous sentons pas concernés. Mais si dans la poursuite de la procédure judiciaire l’Etat togolais était requis pour fournir une information ou quelque élément que ce soit, soyez rassurés, nous le ferons volontiers, sans aucun problème », a-t-il ajouté.

Le Monde.fr

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