Quatre ou cinq choses. Un: le respect de la parole donnée. En insistant sur ce terme, Bédié semble continuer à croire que c’est une vertu qui n’est pas forcément partagée par son associé principal, au sein du RHDP. Deux: l’hommage implicite rendu à Guillaume Soro. Je passe sur le fait que Bédié l’a nommément cité, alors qu’il était absent et alors qu’il n’a pas cité les autres présidents d’institution représentés ou présents ; pour retenir l’indice le plus probant.
Relisez le discours sur mon blog et vous noterez que Bédié cite le mouvement des Soroïstes, au même titre que les représentants des partis membres du RHDP. C’est une précision qui vaut son pesant d’or politique. A cette tribune d’hier, de nombreux mouvements de soutien étaient présents y compris ceux qui soutiennent sa propre personne, mais Bédié a choisi de citer seulement le mouvement des Soroïstes.
Trois: relisez encore le discours et vous verrez que Bédié, réputé, pour choisir particulièrement ses mots, a nommément cité des personnalités (Duncan, Ahoussou, Niamien N’Goran pour le PDCI, Soro, HamBak, Gon pour le RDR), c’est autour de celles-ci que tourne le débat autour de la succession à Ouattara. Sur ce sujet, vous noterez que Bédié n’a cité Amadou Gon Coulibaly que pour relever qu’il dirige le gouvernement. Ceci me conforte dans ma position que le Bouddha (je suis le seul à l’appeler ainsi Lol) de Daoukro préfère Soro à Gon en tant que candidat à la vice-présidence, et je pense que c’est l’un des fonds de la crise entre lui et Ouattara, qui lui, chacun le sait, préfère Gon et Duncan, le choix de Bédié pour le compte du PDCI, restant un précieux mystère). Cinq : la crise entre Bédié et Ouattara sera surmontée.
Les deux hommes ont bandé leurs muscles, chacun a mesuré son poids, il y a eu équilibre de la terreur avec un désavantage certain pour Ouattara (il n’a pas pu prendre la présidence du RDR, comme il l’avait préparé et son camp est sorti fissuré du congrès, alors que le PDCI est en train de resserrer ses liens) et nous sommes au temps de la paix des braves. Morale de l’histoire: si l’opposition compte revenir aux affaires, elle a vraiment intérêt à taire ses querelles de gamins (je pèse bien mes mots) et à regarder à son intérêt commun. Parce qu’en face, le RHDP ayant compris « qu’il est désormais impossible à une seule formation politique, si puissante soit-elle, de gérer notre pays » fera tout pour sauvegarder l’alliance, dans le seul but de conserver le pouvoir. Ceci n’est pas une prophétie, c’est juste un décryptage froid basé sur la realpolitik qu’applique froidement (lui aussi) Bédié.
« Je reste fidèle à mes convictions »
Abidjan (Côte d’Ivoire) – Le discours prononcé dimanche à Daoukro (Centre-Est) par le Président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) Henri Konan Bédié est ‘’riche’’ et ‘’tranche avec l’appauvrissement du débat politique en Côte d’Ivoire’’, a estimé le Président de l’Assemblée nationale, Guillaume Kigbafori Soro à la faveur de la célébration de l’an 3 de l’Appel de Daoukro.
«Pourquoi débourser autant d’énergie pour nous éviter ? Pour nous marginaliser ! Pour nous diviser! Là où le simple honneur suffirait. Nous devons taire nos orgueils quand il s’agit de l’intérêt supérieur de la nation», a écrit M. Soro sur son compte twitter estimant que « chacun a une place! Chacun a un destin. Alors ne contournons personne. Croisons-nous, unissons-nous, pardonnons-nous, réconcilions-nous».
Poursuivant, le chef du parlement ivoirien, qui s’est fait représenter à cette célébration de l’an trois de l’Appel de Daoukro par l’ex-ministre, Affoussiata Bamba-Lamine, a salué « l’esprit d’union et de paix» du discours de M. Bédié.
«Je note la force et la puissance des mots choisis avec soin. Un discours riche qui tranche avec l’appauvrissement du débat politique en Côte d’Ivoire », a commenté M. Soro.
Lancé le 17 septembre 2014, par le président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié à l’occasion d’une visite d’État du président Alassane Ouattara dans la région de l’Iffou à Daoukro (Centre-Est), « l’Appel de Daoukro » était une invite aux partis membres de la coalition au pouvoir à parrainer la candidature unique de M. Ouattara à la présidentielle ivoirienne de 2015.
A l’occasion de ce troisième anniversaire de cet Appel à Daoukro, M.Bédié a notamment, tenu un discours de paix et d’union au sein de la coalition au pouvoir. Déplorant la cristallisation du débat politique autour de la présidentielle de 2020, le président du PDCI, a exhorté ses alliés à « désarmer nos plumes, nos langues… Les ambitions sont certes légitimes. Mais elles doivent être coordonnées. Tout le monde ne pas être président de de la république et en même temps ».
Relativement au sens de «l’Appel de Daoukro», M. Bédié a expliqué que « notre alliance résout le problème de la gestion du pays et l’Appel de Daoukro balise le problème des successions au pouvoir ».
presse opinion.com/André silver Konan