João Lourenço doit être intronisé ce mardi 26 septembre en tant que nouveau président de l’Angola. Il prend la tête du pays après 38 ans de règne de José Eduardo Dos Santos. Général à la retraite, Joao Lourenço avait été désigné comme dauphin. La victoire du parti au pouvoir MPLA aux élections générales d’août a confirmé le passage de relais. Une page se tourne donc même si le pays ne devrait pas s’en trouver bouleversé.
João Lourenço arrive sur le devant de la scène. Mais en coulisse, l’influence de José Eduardo Dos Santos reste énorme. L’ancien président conservera les rennes du MPLA jusqu’en 2022. Or dans la plus pure tradition marxiste-léniniste, le parti au pouvoir reste le principal organe de décision du pays.
Le clan Dos Santos continuera à contrôler l’Angola. Isabel, sa fille, dirige la compagnie nationale pétrolière Sonangol, qui apporte 70% des recettes budgétaires. José Filomeno, son fils, dirige un fonds souverain lancé pour développer son pays.
Deux autres enfants sont à la tête de la principale entreprise de production et de publicité d’Angola. Enfin, l’épouse de José Eduardo Dos Santos détient des sociétés dans les secteur bancaire et diamantifère.
Avant de partir, le « camarade numéro 1 » a en plus pris soin de verrouiller le pays. Durant l’été, il a fait adopter des lois pour garantir son impunité judiciaire et geler la hiérarchie de l’appareil sécuritaire.
Dans ces conditions, quelle marge de manoeuvre reste-t-il au nouveau président João Lourenço ? L’apparatchik à l’indéfectible fidélité envers Dos Santos, devrait au moins un temps rester sous tutelle. Même si, durant la campagne , il avait néanmoins promis de corriger ce qui n’allait pas et que l’Angola n’aurait pas deux présidents.
Beaucoup attendent maintenant de voir la composition de son gouvernement et comment il utilisera les importants pouvoirs que lui donnent la Constitution.
■ Le nouveau président hérite d’une situation économique délicate
Le nouveau président angolais a promis d’être « l’homme du miracle économique ». Il va lui falloir un alignement des planètes favorables pour que João Lourenço arrive à se construire cette stature. D’abord parce que son pays, 2e producteur africain de pétrole, dont il tire 70% des recettes fiscales et l’essentiel des devises, souffre encore de l’importante baisse des cours de l’or noir, au point où d’excédentaire de façon presque interrompue pendant une décennie, la balance commerciale est redevenue déficitaire depuis 2014.
Ensuite parce que le nouveau n° 1 angolais, qui veut s’attaquer à la corruption, hérite d’un pays où son prédécesseur est accusé par ses détracteurs d’avoir mis le pays et ses ressources en coupe, réglé au profit de sa famille. Et « le clan du président sortant ne semble pas avoir peur », selon le rappeur Luaty Beirao. La priorité de Joao Lourenço est donc d’ouvrir et de diversifier l’économie du pays, afin de l’affranchir de la dépendance au pétrole. Le général à la retraite est aussi attendu sur la gestion de la répartition des richesses : plus de la moitié des 28 millions d’Angolais vivent aujourd’hui avec moins de 2 dollars par jour, alors que le PIB par habitant est de 9 dollars par jour.
AFP