C’est décidé, le président Ouattara fait le ménage et cela fait pas mal de bruit dans les arrières-cours. L’audit des entreprises publiques nationales (EPN) a déjà coûté leurs postes à plusieurs hauts dirigeants, épinglés pour malversations. Et cela ne va pas s’arrêter maintenant.
Ce sont quarante-trois sociétés à capitaux publics qui sont concernées par cette vaste opération mains propres. Elle est passée à une phase plus accrue ce mois de novembre, près de trois mois après son démarrage. De quoi inquiéter ceux qui auraient des choses à se reprocher dans la gestion des finances publiques, notamment la disparition de fonds, sans que personne ne sache précisément par quel tour de magie.
Cette fois-ci, il semble qu’il n’y ait pas de complaisance, peu importe l’entreprise ou le statut du patron. Les vérifications des comptes de ces sociétés devraient se faire en toute transparence et sans interférence.
(Le chef de l’État a ordonné l’audit d’une quarantaine de sociétés publiques)
L’opération avait déjà été annoncée par le chef de l’État Alassane Ouattara, avant les élections présidentielles d’octobre 2020. Il s’était engagé à mettre un terme à la corruption et à la mauvaise gouvernance qui sapent les efforts de développement.
Les deux premiers mandats de sa gouvernance ont été marqués par des critiques de la part de l’opposition. Notamment avec la polémique sur le « rattrapage ethnique ». S’il a longtemps ménagé ses collaborateurs, il semble qu’à présent la donne a changé et un nettoyage des écuries d’augias s’impose après s’être montré plus ou moins clément.
Dans les années 1990, il avait déjà démontré sa fermeté dans la gestion des fonds publics, alors qu’il était Premier ministre sous Félix Houphouët-Boigny. Ainsi en 1992, il a verrouillé les vannes d’un système de corruption qualifié à l’époque de « grilleurs d’arachides » par les Ivoiriens, en pleine crise économique. Il a mis en place un plan de redressement économique, privatisé des sociétés publiques afin de renflouer les caisses de l’État entre autres, au point de se faire détester par de nombreuses personnes. Quoi que l’on dise de lui, sa rigueur dans la gestion des fonds publics n’est qu’en conformité avec ses principes de gouvernance.
Deuxièmement, on peut penser que ce mandat pourrait bien être son dernier à la tête du pays. Certes, il a expliqué que le décès brutal du Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly qu’il avait choisi pour lui succéder en 2020 l’a poussé à garder la main. Il n’empêche qu’il a tout le temps, à présent, de trouver d’ici 2025 une personne qui incarne sa vision et ses ambitions pour le pays. Peut-être en a-t-il eu assez de marcher sur des œufs, pendant tout ce temps.
Quant aux audits, ce sont tout de même plusieurs centaines de milliards qui sont brassés par les entreprises nationales concernées par l’opération.
(La nouvelle charte de bonne conduite a été signée par les membres du gouvernement de Patrick Achi le 28 avril 2021)
Pourvu que cette action s’étende à d’autres secteurs. Un coup d’œil par exemple sur la réduction du train de vie de l’État ou s’entourer d’une équipe gouvernementale plus resserrée mais efficace, pourraient moins impacter le budget de l’État. Il est clair que la population y prête attention et la lutte contre la corruption dans les différentes couches sociales s’en trouve plus efficace et porte des fruits.
Pour rappel, le 28 avril dernier, les membres du gouvernement de Patrick Achi ont signé une charte d’éthique fondée sur dix principes. «Notamment, le sens de l’Etat et l’amour de la patrie, le respect de la dignité et de la vie humaine, la primauté de l’intérêt général, la solidarité, la cohésion, la bonne gouvernance, la responsabilité, l’intégrité et la probité, la justice et l’équité, le dialogue permanent et la disponibilité, la civilité, la courtoisie et la modération», déclarait le chef du gouvernement à l’issue d’un conseil des ministres.
Bien avant cette nouvelle charte, le 9 août 2011, le président Ouattara a fait signer un code de bonne conduite par le gouvernement de Guillaume Soro, alors que ce dernier était Premier ministre. Cette charte vise à moraliser la vie publique et à rompre avec la corruption érigée en mode de gestion, selon les termes du chef de l’État. Il avait expliqué que ce code déontologique devrait permettre à la Côte d’Ivoire de regagner la confiance des investisseurs internationaux. Dix ans après, l’épée de Damoclès plane sur la tête des uns et des autres.
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