Le Chef de l’Etat Patrice Talon reste indifférent face au massacre de toute une génération de béninois et au gaspillage des deniers publics engendrés par la gestion de Madame Marie-Odile Attanasso (MOA) la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Bientôt 14 mois qu’elle est aux commandes du MESRS, elle n’a même visité une seule Université. Mais elle enchaîne des décisions controversées. Lorsqu’elle a été nommée, ils existaient 7 universités et même si l’existence de certaines restaient discutables, la déontologie aurait voulu qu’elle effectue des visites ou qu’elle envoie des émissaires faire l’état des lieux avant de redéfinir une nouvelle carte universitaire. Conséquence…
Des bâtiments abandonnés
L’Université Nationale d’Agriculture (UNA) se substitue à l’Université d’Agriculture de Kétou (UAK).Le rectorat de l’UNA a été déplacé de Kétou à Porto-Novo mais les écoles sont restées en place. Ce qui implique beaucoup de déplacement et donc de dépensessupplémentaires entre les Ecoles et le rectorat qui est désormais à Porto-Novo.Le plus grave et ce que les béninois ignorent c’est que, à Porto-Novo, le rectorat est en location et le propriétaire réclame désormais 4 millions le mois pour la location du bâtiment qui n’offre que 15 bureaux faits de cloisons et sans fenêtre. Au même moment, le gouvernement de Yayi a fait construire dans la commune de Kétou, à Awaï un rectorat flambant neuf de 70 bureaux, salle de réunions, ainsi qu’une salle des actes délaissé dans la brousse. On se demande pourquoi se gaspillage.
La sélection des nouveaux étudiants
A ce niveau, MOA a voulu innover en organisant au MESRS la sélection des nouveaux étudiants. Le problème c’est qu’il n’y a eu qu’une trop faible médiatisation de ce changement même si l’on a vu passé sur certains réseaux sociaux des notes de service évoquant ce changement. Résultat, les universités se sont retrouvées avec un nombre trop faible d’étudiants. Il a été constaté une baisse considérable des inscriptions de l’ordre de 70% à 95% par rapport à l’année 2015-2016. Certains Recteur ont pris de façon unilatérale la responsabilité de recevoir des inscriptions au sein de l’Université malgré l’interdiction et les menaces de MOA de ne pas reconnaitre ses étudiants là.Les Universités se retrouvent donc avec un manque à gagner terrible qui déstabilise complètement les budgets de ces dernières.
Les changements au niveau de la formation
Les Université thématiques sont les premières victimes. L’exemple de l’Université Nationale d’Agriculture (UNA) est plus qu’édifiant. Dans son ancienne configuration, celle de l’Université d’Agriculture de Kétou (UAK), il existait déjà 7 écoles :
– l’Ecole d’Aquaculture (EAq) à Adjohoun ;
– l’Ecole des Sciences et Techniques de Conservation et de Transformation des Produits Agricoles (ESTCTPA) ;
– l’Ecole de Gestion des Productions Végétales et Semencières (EGPVS) ;
– l’Ecole de Machinisme Agricole et de Construction Mécanique (EMACOM) ;
– l’Ecole de Gestion des Système d’Elevage (EGESE) ;
– l’Ecole d’Horticulture et d’Aménagement des Espaces Verts (EHAEV) ;
– l’Ecole de Foresterie et d’Ingénierie du Bois (EFIB).
Ces mêmes écoles ont été reconduites dans la nouvelle configuration de l’UNA mais avec de profonds changements aux conséquences gravissimes. Alors que l’accent était mis sur la professionnalisation de la formation et qu’un étudiant de l’UAK niveau licence pouvait déjà s’auto-employer dans son domaine, désormais, les enfants en sortant au niveau licence ne vaudront rien sur le marché du travail et seront obligés de faire le niveau Master pour espérer avoir la spécialisation de leur école. Le Modèle de la Faculté des Sciences Agronomiques qui a été décrié partout en Afrique et même dans le monde a donc été parachuté à l’UNA.
Voilà comment marche le nouveau système. Lorsqu’un étudiant rentre aujourd’hui à l’UNA, quelle que soit l’école qu’il choisit, il doit passer par un cycle commun à tous les nouveaux étudiants de l’UNA : c’est le Cycle d’Agronomie Général qui dure deux ans. Pendant ces deux premières années, les étudiants passent en revue de façon superficielle les sciences de l’Agronomie et c’est seulement en troisième année qu’ils étudient en 6 mois les matières de leur spécialité avant d’aller en stage. Résultat, les Enseignants, les parents d’élèves les partenaires (européens, asiatiques, africains et même nationaux) de l’UNA crient au secours pour cette génération qui est en train d’être sacrifiée. Nombreux sont les parents d’élèves qui, se sentant floués, ont retirés leur enfant. Madame la Ministre confond Agronomie et Agriculture. Le dernier couvre beaucoup plus de domaines que l’Agronomie. Alors, elle se sent obligée d’agronomiser toute la formation sans tenir compte du marché du travail.
Comment le Président de la République peut-il laisser faire un tel massacre. Lui qui veut révolutionner l’Agriculture. Comment peut-il laisser mener tous ces enfants vers un chômage certain. Car ceux-ci, au lieu d’aller vers l’auto-emploi et vers la terre, chercheront à se faire recruter dans quelques organisations internationales à tirer des plans sur la comète. Qu’adviendra-t-il du nouveau bâtiment flambant neuf abandonné dans la brousse ? Qu’adviendra-t-il des écoles construites pour recevoir un grand nombre de groupes scolaires qui se retrouvent désormais avec un groupe scolaire pour seulement 6 mois ?
Les populations de la commune de Kétou sont révoltées car ils ont délibérément offert 1020 hectares de leurs terres agricoles pour l’installation de l’Université pour se retrouver aujourd’hui sans rectorat. Des opérateurs économiques locaux ont été convaincus de construire des hôtels, des appartements modernes pour recevoir les agents du rectorat et des écoles. Aujourd’hui, ils se retrouvent avec des maisons et appartements vides. Dans les autres localités, le départ des étudiants de première et deuxième année est un manque à gagner colossale à tous les niveaux. Si au moins il y a eu un grand nombre d’étudiants enrôlés au MESRS pour l’UNA, cela aurait pu compenser, pour Kétou le départ des agents du rectorat. Les Populations réclament aujourd’hui leurs terres alors qu’une des 12 écoles prévues vient d’être terminée et que le Rectorat est également terminé.
Les partenaires qui avaient été séduits par le type de formation dispensée à l’UAK sont déçus par les réformes. Certains partenaires étrangers qui appuyaient l’UAK pour l’orientation de la formation comparent les réformes de l’UNA au « scandale de l’Eau ». Pour ceux qui ne le savaient pas, allez voir, aucune Université en Afrique n’a ce potentiel. L’envergure de cette Université est tout simplement gigantesque et MOA veut sacrifier ce bijou.
presse-opinion.com/ (matin libre )