Bensouda menace le camp Soro: La CPI poursuivra tous les responsables de la crise de 2011 en Côte-d’Ivoire

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Bensouda menace le camp Soro: La CPI poursuivra tous les responsables de la crise de 2011 en Côte-d’Ivoire

La Cour pénale internationale (CPI) va poursuivre « les responsables des violences post électorales » ivoiriennes de 2011 « quel que soit leur statut », a assuré la procureure Fatou Bensouda, ajoutant que « les enquêtes se sont intensifiées » dans le camp du président ivoirien Alassane Ouattara, dans une interview accordée au journal gouvernemental Fraternité Matin.

« Mon bureau en toute indépendance s‘emploiera à faire traduire en justice les responsables des violences post électorales quel que soit leur statut ou appartenance politique », a affirmé Mme Bensouda.

« Les enquêtes du bureau au sujet de l’autre partie au conflit se sont intensifiées » et « sont menées en toute discrétion et confidentialité », a-t-elle relevé.

Les organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme dénoncent régulièrement une « justice des vainqueurs » en Côte d’Ivoire, en raison du fait qu’aucun mandat d’arrêt n’a été émis à l’encontre d’un partisan de M. Ouattara.

L’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et son ancien ministre Charles Blé sont jugés depuis janvier 2016 devant la CPI pour « crimes contre l’humanité » commis lors des violences post-électorales.

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De la rébellion à nos jours : décryptage de la stratégie politique et de communication de Soro face aux crises (Côte d’Ivoire)

Personne ne le conteste, Guillaume Soro a joué et continue de jouer un rôle important dans l’histoire politique récente de notre pays.  Il est encore appelé dans les années à venir , à continuer de jouer un rôle tout aussi important. Tout ce qu’il a fait et dit hier, tout ce qu’il fait et dit aujourd’hui, n’est pas anodin.

Au moment où la Côte d’Ivoire entre dans ce temps long de la politique jusqu’en 2020, Guillaume Soro fait partie des personnages-clefs de l’avenir de notre pays. Avec le présent décryptage, je veux ouvrir un débat sur les questions qui peuvent déterminer les enjeux de ce temps long à venir.

Un tel décryptage de la stratégie de communication et des réactions de Guillaume Soro et de son entourage face aux crises  peut se faire, maintenant que les esprits semblent se calmer , après la récente mutinerie dans le pays.

À cet effet , j’aborderai d’une part trois périodes : celle des Forces nouvelles, celle de la Primature et la période actuelle ; et d’autre part trois situations : l’affaire des écoutes, l’affaire Sabine Khéris et le dossier « cache d’armes » chez Soul To Soul, pour soutenir mes observations qui n’ont point la valeur de vérités divines.

1)    La période des Forces nouvelles

La période Forces nouvelles est marquée essentiellement par deux types d’adversités : IB avec son résidu de partisans supposés et le camp Gbagbo. Au cours de cette période, les partis politiques sont des alliés potentiels de Guillaume Soro, qui dispose d’une force militaire et de soutiens politiques suffisants pour administrer le territoire qu’il contrôle. IB est neutralisé.  À l’époque, les réseaux sociaux et Internet ne sont pas en mesure de contrarier la communication autour de Guillaume Soro et des siens qui bénéficient, avant la création de Nord Sud Communication, et cela malgré quelques petits moments de brouille et d’incompréhension, du soutien des journaux favorables au Rdr et au Pdci, comme le Patriote et le Nouveau Réveil.

Les crises et tensions avec le camp Gbagbo, et la mise au pas d’IB et de ses partisans ne font pas perdre leur confiance aux Forces nouvelles et à leur leader, ministre d’État, qui dispose de nombreux relais et d’un courant de sympathie pour l’aider et relayer sa cause.

Guillaume Soro est dans une phase ascendante avec une stratégie offensive. Sa communication est tournée vers l’obtention de résultats politiques. La gestion de l’image au quotidien et le « qu’en dira-t-on » ne l’intéressent pas vraiment.

Seules les avancées politiques l’intéressent, même si Guillaume Soro devient, dans l’esprit des populations, le chef des rebelles. Un fait qui ne lui pose pas de problème au cours de cette période. Aujourd’hui , malgré les efforts de communication pour sortir de cette période , on parle encore de lui comme de l’ex-chef des rebelles. C’est bien la conséquence d’une période où il publie un ouvrage pour assumer cette posture qui lui colle aujourd’hui encore «  Pourquoi je suis devenu rebelle ».

La posture est certes toujours assumée, mais la carrure d’Homme d’État et de rassembleur- défenseur de l’ensemble des populations de Côte d’Ivoire , va mal avec la posture de défenseur d’une cause d’une partie de la population ivoirienne, le Nord.

2)   La période de la Primature et de l’accord de Ouagadougou

2.1. Sous Gbagbo

Lorsqu’arrivent la période de la Primature et de l’accord de Ouagadougou, le dispositif est presqu’identique. Toutefois Guillaume Soro gagne en puissance, grâce au contrôle continu d’une partie du territoire, et surtout à l’accès au sein de l’appareil de l’État à des informations de première main.

Premier ministre, chef du gouvernement, SG des Forces nouvelles, cosignataire de l’Accord politique de Ouagadougou, il est désormais un homme fort et incontournable.

Il gagne en légitimité, en crédibilité, en autorité et en assurance. Il agit avec calme, sans fébrilité face à une liste d’adversaires issus de tous les bords : les radicaux du Fpi, quelques « libres penseurs » isolés qui donnent des leçons de morale et d’éthique, mais qui ne sont pas écoutés, quelques individus très soupçonneux au sein du Rhdp qui dénoncent un accord avec Laurent Gbagbo.

Sidiki Konaté , Alain Lobognon , Meite Sindou , quelques autres cadres Forces nouvelles et chefs militaires montent au créneau pour riposter, sans que les débats ne dérivent vraiment , sans que les uns et les autres ne se sentent menacés. Ces débats-là restent des débats d’idées et se font généralement de façon courtoise, avant la période de la Primature sous Ouattara, qui change un peu le rapport des forces.

Avec Laurent Gbagbo, Guillaume Soro est pratiquement dans une posture d’égalité et de tête-à-tête, pour ne pas dire de dialogue direct dont le regretté Désiré Tagro qui participait au départ à un dialogue à trois, fera vite les frais. Guillaume Soro avait une armée, ce qui lui permettait de s’imposer face à Laurent Gbagbo.

L’avantage institutionnel restait pourtant en faveur de Laurent Gbagbo, dont la force militaire et le  poids économique des 40% du territoire qu’il contrôlait, étaient largement au-dessus des 60% du pays sous le contrôle de Guillaume Soro. Ce qui lui permettait d’être le seul détenteur du pouvoir de signer un décret.

2.2. Sous Ouattara

Avec Alassane Ouattara la donne change. Il ne s’agit plus d’un adversaire politique et militaire avec qui Guillaume Soro signe un accord de paix, mais d’un chef élu et légitime à la disposition duquel il se met, sous l’autorité duquel il se place, même s’il a conduit la bataille militaire pour imposer une victoire électorale contestée.

La légitimité de Ouattara n’est pas discutable. La force militaire de Guillaume Soro n’est plus un argument qui peut être opposé à Alassane Ouattara, comme ce fut le cas avec Laurent Gbagbo.

Pendant la crise post-électorale au cours de laquelle il joue un rôle actif et décisif, Guillaume Soro reste d’une fidélité absolue et d’une loyauté indiscutable à Alassane Ouattara.

Toutefois, il n’avait pas participé à la campagne présidentielle et n’avait pas eu donner de consigne de vote en faveur du Rdr, ni du Rhdp, dans sa situation d’arbitre.

La crise post-électorale née par la suite dans la foulée, impacte encore aujourd’hui la société ivoirienne avec ses trois mille morts, la question de l’exil de nombreux Ivoiriens, celle de la réconciliation, de la Cpi, sans oublier les mutineries des ex-rebelles de 2014 et de 2017.

Malgré tout ce contexte, la convergence des intérêts d’Alassane Ouattara et de Guillaume Soro, face à l’adversaire commun, est plus forte que tout. Cela permet à Guillaume Soro de rester un an de plus à la Primature, après la chute de Laurent Gbagbo malgré la promesse faite par le candidat Rhdp, de confier la direction du gouvernement à un cadre Pdci. Finalement l’exécution de cet accord de gouvernement entre le Rdr et le Pdci conduit Guillaume Soro à quitter le poste de Premier ministre, en mars 2012.

De façon générale, au cours des deux « Primature », Guillaume Soro choisit, ce qui est une bonne chose, de calquer sa communication  sur celle du gouvernement, c’est-à-dire autour des idées de réconciliation et de pardon.

Il n’est jamais dans l’outrance ou la caricature, ni dans une posture guerrière. L’image qu’il veut construire est celle d’un homme d’État, soucieux de l’intérêt général, au service de ses concitoyens ; et à la tâche , acceptant de prendre des coups, même les plus injustes et outranciers , sans y répondre directement, ni indirectement.

Avec la force de l’État et le poids des charges de l’exécutif , a-t-on vraiment le temps à perdre souvent pour répondre au coup par coup, à toutes les provocations, à tous les coups donnés et aux vrais complots comme aux faux complots ?

3)  La période actuelle

Après le départ de la Primature, commence  une nouvelle vie de parlementaire et de chef du Parlement. Au même moment, l’importance des réseaux sociaux, entraîne un changement de paradigme et de stratégie en terme de communication.

Alain Lobognon, Meite Sindou, Sidiki Konaté participent lorsqu’il le faut, chacun avec son style à des stratégies de riposte, mais, sans doute, n’élaborent-ils pas la communication de Guillaume Soro.

Le virage 2.0 que prend alors Guillaume Soro avant d’autres officiels et acteurs politiques ivoiriens, est encouragé même s’il entraîne aussi des effets pervers avec une sorte de cyber-dépendance qui conduit sur la voie d’une hyper-communication souvent agressive et excessive.

Lorsqu’il était encore chef de la rébellion, puis Premier ministre, Guillaume Soro semblait mieux accepter les critiques, des critiques souvent fortes. Devenu Président de l’Assemblée nationale, il donne le sentiment de supporter de moins en moins les mêmes critiques.

Ses « gardes du corps » politiques et fusibles médiatiques n’acceptent pas la moindre critique sur l’action du « guide ».  Ils « tirent », sans nuance, sur le moindre « impertinent » qui ose ouvrir un débat à propos de Guillaume Soro.  Ou sur des acteurs publics nationaux ou étrangers qui posent des actes qui contrarient le Président de l’Assemblée nationale.

Débatteur talentueux et fort en thème, ayant fait ses humanités, Franklin Nyamsi reste le symbole ( pour le meilleur et pour le pire ), aussi bien craint que mal aimé, pour ses sorties, ses audaces, dont on dit qu’elles ne sont pas forcément soumises à l’imprimatur du « guide »,  jugé coupable de ne pas souvent le rappeler à l’ordre.

Les réactions des « Soro boys » sur le Net, Twitter, Instagram, Facebook, ne sont pas forcément commandées, encore moins commanditées par Guillaume Soro, même si elles se fondent souvent sur le sentiment que ses collaborateurs et proches se font à la suite d’échanges qu’ils peuvent avoir eus avec le « guide », ou avec ses proches.

Cette forme de communication est-elle efficace ? En tout cas, elle crée un climat de guerre des mots. La riposte immédiate sur les réseaux sociaux conduit souvent à l’invective, à l’insulte. Mais quel est l’objectif visé : défendre l’image du chef , peu importe les conséquences nouvelles et effets collatéraux de la riposte ?

Cette façon d’agir est-elle pertinente s’il s’agit de convaincre,  de consolider l’assiette de sympathie pour un homme politique, en quête de séduction et d’un destin national ? Celui qui formule une critique est-il forcément un adversaire insoumis ? Ne peut-il pas être un homme simplement inquiet, un potentiel soutien à conquérir pour de hautes ambitions ?

Même si celui qui critique est pro-Gbagbo aujourd’hui, et au vu de la réconciliation marquée par la rencontre avec Alain Toussaint, est-il nécessaire de répondre et de réagir de façon violente aux sorties de ce critique  ?

Les « snipers » sur le net croient qu’une critique cessera, lorsqu’ils réagissent avec violence, maniant l’agressivité et l’insulte. Quelle erreur ! Ils ne font que conforter, dans l’opinion publique, un sentiment d’absence de maturité politique, une incapacité à garder le silence, une résilience, une image négative , portée vers la violence ( façon Fesci ou façon rébellion ) de celui qu’ils veulent protéger.

[ A propos de 3 affaires : l’affaire des écoutes, l’affaire Sabine Khéris et le dossier « cache d’armes » chez Soul To Soul ]

 1) L’affaire des écoutes téléphoniques

Le dossier semble définitivement réglé, excepté si une tension inattendue surgit entre Abidjan et Ouagadougou, ou bien si un régime nouveau et hostile à Abidjan s’installe au Burkina Faso.

Le chef de l’État ivoirien a choisi la solution politique et diplomatique qui vaut aveu : «  les écoutes existent, mais au nom de l’amitié entre les deux pays, n’y accordons aucune importance, d’autant plus que les faits n’ont pas empêché la démocratie de s’installer au Burkina. Inutile de s’engager dans une question de procédures, dans une bataille juridique, car quoi qu’il arrive, la Côte d’Ivoire ne fera rien pour livrer à la justice burkinabè, le Président de son Assemblée nationale. C’est une question de souveraineté ».

Dire cela ne veut pas dire que le Burkina Faso avait tort et que rien ne s’est passé. Pourtant, à côté de cette posture officielle qui a permis de mettre fin à l’affaire, la réaction autour de Guillaume Soro ( pour éviter de dire la réaction de Guillaume Soro lui-même), a consisté à nier les faits, à crier au complot, à tenter de convaincre que tout est faux, qu’il s’agit d’un montage ivoiro-ivoirien pour écarter un prétendant sérieux de la course à l’après Ouattara.

Il s’en est fallu de peu que des diatribes soient dites et écrites contre les autorités burkinabè, en plus de celle écrites contre l’ex-Premier ministre Zina !

Imaginons un seul instant que le gouvernement ivoirien souscrive à cette thèse de complot et de coup monté, et se soit braqué contre le Burkina Faso, en vue d’obtenir le même résultat obtenu par la voie diplomatique : ne pas mettre une importante personnalité à la disposition du Burkina et clore le dossier. Imaginons la Rti, le porte-parole du gouvernement, reprendre les mêmes accusations faites !

Question : n’était-il pas possible d’envisager une autre attitude que celle choisie  ? Dans cette affaire, c’est un principe et une volonté politique qui ont guidé le Président Ouattara et permis de trouver une solution qui permettait à la fois de sauvegarder les bonnes relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, et, surtout, de ne pas livrer Guillaume Soro à la justice burkinabè

Il est clair que ce ne sont pas toutes les déclarations, ni les accusations faites dans le cadre de la stratégie de riposte choisie par Guillaume Soro et les siens, qui ont forgé la position du gouvernement ivoirien. Le chef de l’État Alassane Ouattara aurait sans doute, agi de la même manière pour toute autre collaborateur. Par exemple, même lorsqu’il a limogé Mamadi Diané dans le dossier gabonais pour un soupçon d’ingérence dans les affaires d’un autre pays , et ce , pour sauvegarder les bonnes relations avec ce pays, il ne lui serait pourtant jamais venu à l’esprit de livrer son conseiller à la justice du Gabon.

On a vu, dans le cas de l’affaire des écoutes les dangers d’une sorte de sur-réaction que n’aurait pas emprunté sans conséquence l’État de Côte d’Ivoire, et qu’incarne (ou représente), aussi à sa façon Guillaume Soro même s’il répond désormais plus du législatif, que de l’exécutif.

2. L’affaire de la convocation par la justice française

On dira qu’il est normal que Guillaume Soro soigne son image , et que ses communicants le défendent. Mais il est bon de choisir la bonne cible, et le bon public.

Dans le dossier Sabine Khéris et de la convocation de la justice française, le simple débat d’idées avec des arguments d’ordre juridique, sans besoin de dramatiser  , n’a pas été toujours au rendez-vous.

Des considérations politiques et extra juridiques, ont été évoquées s’agissant de la juge française. Des soutiens de Guillaume Soro ont voulu voir dans cette affaire « un autre petit coup ou complot » de quelques adversaires politiques ivoiriens qui auraient actionné des réseaux politiques hexagonaux, pour mettre la justice aux trousses du Président de l’Assemblée nationale.

Les informations disponibles permettent de dire que nous étions bien loin de tout cela. Ni Paris, ni Abidjan n’ont voulu nuire au leader des adeptes de « l’alternance générationnelle ».

La juge française voulait simplement entendre Guillaume Soro, comme la loi l’y oblige, ou le lui permet , lorsqu’une plainte est déposée par un ressortissant français.

Le Président Guillaume Soro était parfaitement au courant qu’il ne risquait rien, même s’il s’en est tenu à une position de principe : «  pas question de se faire convoquer et entendre à l’étranger pour des faits commis en Côte d’Ivoire , en sa qualité de dirigeant, et non à titre personnel ».

Dans cette posture, malgré la confusion, il a été suivi et  protégé par le Président Ouattara qui lui a délivré un ordre de mission ; et l’État français n’a rien fait pour s’opposer à cet arrangement politico-diplomatique de dernière heure. Mieux encore : cette situation a entraîné un remaniement ministériel et, conduit à des sanctions contre les ministres qui ont traité le dossier.

Le chef de l’État a reproché à ces ministres une négligence administrative, puisqu’il n’avait jamais été informé de l’état de la procédure de demande d’audition du chef du Parlement ivoirien lancée par la justice française.

Alassane Ouattara estimait qu’un tel dossier n’avait pas à être sous-traité par les ministres avec les membres de son cabinet, et que la qualité de Guillaume Soro méritait qu’il fut «  harcelé » , pour ne pas dire régulièrement informé de la procédure, et des solutions possibles.

Ainsi par exemple, était-il possible dans la période ,  pour se prémunir contre toute surprise désagréable, de délivrer pour les missions à l’extérieur de Guillaume Soro, de façon permanente et régulière un ordre de mission officiel de l’État de Côte d’Ivoire , et non un ordre de mission de l’Assemblée nationale, organe législatif local non reconnu au niveau international pour agir au nom de la République de Côte d’Ivoire ; un tel ordre de mission ne confère aucune immunité diplomatique à son détenteur, dans des cas de procédures judiciaires.

Ce qui n’était qu’une banale convocation, sans aucune possibilité de mise en examen,  avait failli devenir une affaire d’État  , à cause d’une sur-réaction et de défaillances ( ou négligences pour ne pas dire une banalisation de la détermination de la juge qui a pu se sentir narguée par des images de balades dans des rues de Paris ) par ceux qui ont eu à gérer le dossier.

3)    Le dossier des caches d’armes

Dans ce dossier, les esprits s’étaient encore échauffés du côté de Guillaume Soro. Le gouvernement ivoirien a été pratiquement indexé à travers la mise en cause directe du chef du gouvernement Amadou Gon Coulibaly , et du ministre d’État Hamed Bakayoko, accusés d’avoir orchestré un complot.

Toujours là thèse du complot politique, de la jalousie pour nuire à un adversaire politique, qui n’a jamais rien fait !

Cette ligne de défense a relativement disparu à présent , mais elle a laissé des traces, même si elle n’a pas empêché la poursuite des investigations par la justice. Après la thèse du complot, la notion de « secret défense » a été évoquée par le Président de l’Assemblée nationale lui-même.

Désormais, tout porte à croire qu’il y’avait bel et bien eu des armes cachées à la résidence de Soul To Soul, et qu’il ne s’agissait pas d’une quantité déposée de façon ad’hoc pendant les événements. L’enquête actuelle vise à établir les motifs, tout en s’assurant de la possibilité de démanteler toutes les caches d’armes.

La posture du complot et de la victimisation, la sensation d’être le mal-aimé qui tourne à une sorte de paranoïa et de méfiance à l’égard de tous, est-elle suffisamment efficace pour défendre le Président de l’Assemblée nationale et le protéger ?

Cela ne présente-t-il pas plutôt un Guillaume Soro plus fragile et moins fort qu’il ne l’était, lorsqu’il dirigeait la rébellion et le gouvernement, alors qu’il a pourtant acquis des expériences nouvelles depuis lors ?

« Quand les temps sont durs, vient le temps des durs », a dit exactement un défunt mentor mien. Il est évident que, dans la perspective de l’après Ouattara , Guillaume Soro devient une cible pour ses adversaires , et qu’il doit se défendre lorsque les temps sont durs…

On ne peut que louer la force de caractère de Guillaume Soro Kigbafori, (qui veut dire l’invincible), mais passer du statut d’ex-chef des rebelles à celui d’homme d’État capable de gouverner un pays suppose une communication mieux maîtrisée.

Or, les interrogations soulevées dans notre décryptage montrent que ce n’est pas toujours le cas, à cause souvent d’une réaction à l’émotion. Que disait Macron, dans ses meetings, à propos de ses adversaires : « Ne les sifflez pas ! ». Oui il faut sans demander de tendre la joue gauche après une giflés sur la joue droite, agir autrement.

[ Et pour conclure ]

L’attitude du Président Alassane Ouattara dans toutes ces affaires, a toujours été celle d’un chef d’État soucieux de protéger pleinement certes un jeune frère, mais aussi un allié courageux et décisif, qui a fait preuve de fidélité et de loyauté à son égard à bien de moment .

Il a voulu protéger aussi , outre un jeune frère, le Président de l’Assemblée nationale. Le chef de l’État est soucieux du respect et de la solidité des institutions.

S’il a des reproches à faire à Guillaume Soro, sa culture d’homme d’État fait qu’il ne manquera sans doute pas de les faire en privé ( et non en public ) ; mais son sentiment personnel ne l’empêchera pas de protéger une haute personnalité du pays.
Quand on a compris cela, quand on a compris que le sort et Dieu mettent des épreuves sur le chemin, ne devrait-on pas cesser de dire « l’enfer c’est les autres et tous m’en veulent », d’arrêter de crier au complot ? Ne devrait-on pas parler avec le chef de l’État, face à tous les problèmes et aux contrariétés qui nous arrivent, avant de réagir ?

Même si nous revendiquons une autonomie de pensée et d’actions , et que nous refusons d’être des assistés politiques, notre posture au cœur de l’État, incombe d’interagir avec le Président de la République sur les sujets délicats, au nom de cette solidarité pas gouvernementale, mais institutionnelle : il ne s’agit pas d’Alassane Ouattara, mais du Président de la République ; il ne s’agit pas de

Daniel Kablan Duncan, mais du vice-Président de la République ; il ne s’agit pas d’Amadou Gon Coulibaly, mais du Premier ministre, chef du gouvernement ; il ne s’agit pas de Guillaume Soro , mais du Président de l’Assemblée nationale ; il ne s’agit pas d’Hamed Bakayoko, mais du ministre d’État, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité ; il ne s’agit pas d’Henri Konan Bédié, mais du Président du Pdci, d’un ex-Président de la République ; il ne s’agit pas de Laurent Gbagbo, mais de l’ex Président de la République….

C’est bien c’est ce message du respect des institutions et des personnalités qui les incarnent momentanément, qu’on les aime ou pas, qui a été la position de Guillaume Soro dans le dossier avec la justice française, et qui a déterminé la posture du chef de l’État, dans l’ensemble des situations et faits cités.

Lorsque cette façon de faire et de voir sera davantage perçue, lorsque Guillaume Soro sera davantage regardé comme le Président de l’Assemblée nationale par ses admirateurs, soutiens et fans, et non comme un simple citoyen lamba, les choses seront sans doute comprendront mieux comprises ; les critiques mieux acceptées, et la thèse du complot permanent partout et en tout lieu, contre Guillaume Soro s’estompera.

La sincérité et le mes culpa en politique peuvent créer autant de sympathie ( les faibles et les vraies victimes suscitent face aux forts et aux vrais bourreaux la solidarité), que les autres stratégies, et davantage même que l’arrogance et l’invective.

Wakili Alafé