Le colonel Auguste Denise Barry, un proche de l’ancien Premier ministre de la transition, Yacouba Isaac Zida, en fuite au Canada, a été interpellé vendredi à Ouagadougou par la gendarmerie. Il est visé par une enquête pour « tentative de déstabilisation » du régime du président Roch Marc Christian Kaboré.
L’information a été confirmée à Jeune Afrique par plusieurs sources sécuritaires : le colonel Barry, ancien bras droit du general yacouba isaac zida sous la transition politique , en 2015, n’est plus libre de ses mouvements. Soupçonné de fomenter une opération de déstabilisation du régime du président Kaboré, cet ancien ministre de la Sécurité, qui dirigeait jusqu’ici le Centre d’études stratégique en défense et sécurité (CESDS), a été interpellé le 29 décembre par la gendarmerie.
Pour l’heure, peu d’informations filtrent sur les motivations prêtées à l’intéressé et sur le scénario de l’opération dont il est soupçonné. Une enquête a été ouverte pour élucider l’affaire. Sur les réseaux sociaux, une rumeur circule par ailleurs quant à l’arrestation d’une figure de l’activisme au Burkina Faso, Safiatou Lopez. Une information toutefois démentie par une source sécuritaire.
Visées subversives
« Je peux seulement vous confirmer l’interpellation du colonel Barry. A ce stade, il est trop tôt pour vous en dire davantage », a déclaré à JA, sous couvert de l’anonymat, une source proche de la gendarmerie nationale. « Affirmatif ! Le colonel Barry a été interpellé pour tentative de déstabilisation », confirme un haut gradé, sans fournir plus de détails. Une source au sein des services de renseignement burkinabè précise quant à elle que Barry était dans le viseur depuis un certain temps. « On le soupçonnait de visées subversives. J’espère que cette fois-ci nous disposerons d’éléments probants contre lui », indique l’officier.
Brièvement ministre de la Sécurité sous Blaise Compaoré – pendant trois mois, en 2011 -, Auguste Denise Barry était apparu au lendemain de l’insurrection populaire de 2014 comme l’homme de confiance du général Zida. Sous le régime de transition dirigé par Michel Kafando, il hérite du très sensible portefeuille de l’Administration territoriale et de la Sécurité,b avant de se voir contraint d’abandonner son poste en juin 2015 sous la pression du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) d’alors, qui voyait d’un mauvais oeil son influence sur Zida. Barry connaît un passage à vide, puis il officie comme conseiller technique au ministère de la Défense. Il rebondit en 2016, en créant le Centre d’études stratégiques en défense et sécurité, basé à Ouaga.
Après avoir organisé un colloque mi-septembre, le CESDS préparait activement la publication d’un rapport sur le terrorisme au Burkina Faso. Une cinquantaine d’experts y analysent le phénomène, qui a fait en deux ans 133 victimes, sous l’angle sociologique, anthropologique et historique, dressant un tableau alarmant de la situation – marquée par la recrudescence des attaques contre les forces armées dans le Nord.
Le document pointe par ailleurs du doigt le sous-équipement ainsi que le manque chronique d’effectifs des forces armées. Des failles imputées au régime de l’ex-président Blaise Compaoré, à la transition politique dirigée par Michel Kafando et, aujourd’hui, au régime du président Kaboré.