Le président de la Confédération africaine de football a rencontré Paul Biya le 2 octobre. Il a assuré que l’organisation n’avait « jamais réfléchi à un retrait » de l’attribution de la CAN 2019 au Cameroun et que c’était au pays de dire s’il était prêt ou non à organiser la compétition.
« La CAF n’a pas de plan B. La CAF n’a jamais réfléchi à un retrait de la CAN 2019 du Cameroun. (…) Ce n’est pas nous qui organisons. C’est le Cameroun qui accueille cette compétition. C’est le Cameroun qui pourra nous dire demain : “On est prêt” ou “Ah non, donnez-nous du temps” ». Le président de la Confédération africaine de football (CAF) s’est voulu clair, face aux journalistes qui lui tendaient le micro à l’issue de son entretien avec Paul Biya au Palais d’Etoudi, ce mardi 2 octo
« La rencontre était prévue de longue date »
Officiellement, la rencontre n’a pas été organisée dans l’urgence. Elle intervient pourtant au lendemain D’un communiqué lapidaire de la CAF, publié samedi a l’issue du dernier comité executif a charm el cheih . Celui-ci pointait « un retard important dans la réalisation des infrastructures » et précisait que « la décision finale [de la CAF concernant l’attribution de la CAN 2019, ndlr] sera rendue fin novembre. »
Samuel Eto’o a beaucoup œuvré pour que cette rencontre ait lieu
« La rencontre était prévue de longue date. Si elle n’avait pas pu se tenir plus tôt, c’était uniquement pour des problèmes d’agendas respectifs », assure à Jeune Afrique un membre de la CAF.
« Samuel Eto’o a beaucoup œuvré pour que cette rencontre ait lieu. Et contrairement à ce que certaines personnes ont pu dire – je pense notamment à Roger Milla – le président Ahmad n’avait absolument aucune retenue à propos d’un voyage au Cameroun », assure même notre source.
Arrivé mardi matin à l’aéroport de Nsimalen, à Yaoundé, Ahmad Ahmad était accompagné du Congolais Constant Omari, vice-président de la CAF en charge des questions internationales, de Samuel Eto’o, l’ancien capitaine des Lions indomptables, et de Dieudonné Happi, président du comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot).
La petite délégation a été accueillie par quelques anciennes gloires locales du football – Roger Milla, Joseph-Antoine Bell, Geremi Njitap, Rigobert Song, François Omam-Biyik – avant de prendre la direction du palais présidentiel, où elle a été reçue par le chef de l’État.
Stades livrés en décembre ?
Paul Biya et Ahmad Ahmad ont échangé en tête-à-tête pendant une heure, avant d’être rejoints par Omari, Eto’o et un proche collaborateur du président camerounais.
Le président Biya m’a certifié que son pays tiendrait ses engagements dans les délais prévus
« Cette conversation a été très courtoise et constructive. Nous avons évoqué la compétition que le Cameroun doit organiser. Il y a eu des visites d’inspection de la CAF et d’un cabinet d’audit privé en août. Il y en aura une autre prochainement, en novembre. La dernière, normalement », explique Ahmad Ahmad à Jeune Afrique. « J’ai rappelé au président Paul Biya que la CAF n’avait jamais parlé d’un éventuel retrait de l’organisation. La CAF est là pour accompagner le Cameroun. Le président Biya s’est de son côté montré rassurant. Il m’a certifié que son pays tiendrait ses engagements dans les délais prévus. Et je vous confirme qu’aucune décision ne sera prise par la CAF avant la fin du mois de novembre », a ajouté le président de la CAF, juste avant de quitter Yaoundé pour Brazzaville puis Antananarivo.
« Les six stades en construction ou en rénovation – deux à Yaoundé, les trois autres à Douala, Bafoussam, Limbé et Garoua -, seront livrés au mois de décembre », explique une source au sein de la Fecafoot. « S’il y a des retards, ce sera à la marge. Cela pourrait concerner des terrains d’entraînement, ou le stade de Douala. Mais au pire, ces sites seraient achevés en janvier. » À Garoua, des grèves ont également perturbé différents travaux, notamment au niveau de l’hôtellerie.
Optimisme et interrogations sécuritaires
Les déclarations d’Ahmad Ahmad n’ont que peu douché l’optimisme des Camerounais. « Ce n’est pas la première fois qu’Ahmad Ahmad évoque des retards. D’ailleurs, il faut le remercier d’avoir lancé un avertissement au Cameroun, il y a un peu plus d’un an, à propos de l’avancée des travaux. Cela avait secoué tout le monde. Mais ici, nous estimons que nous sommes dans les délais », insiste notre source à la Fecafoot.
Outre les travaux sur les infrastructures engagés en vue de l’organisation de la CAN 2019, des chantiers ont également été lancés sur la voirie, pour répondre au cahier des charges de la CAF.
Le Cameroun – qui avait accueilli la CAN féminine en 2016 sur deux sites (Limbé et Yaoundé) – fera l’objet dans les semaines qui viennent d’une visite conjointe de la CAF et de la FIFA sur les questions de sécurité.
« Il y a forcément des interrogations liées au contexte sécuritaire », assure un membre de la CAF, évoquant en particulier la présence de Boko Haram dans l’Extrême-Nord et les tensions dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. « La CAN attire du monde, et assurer la sécurité des délégations, des officiels, des journalistes et des supporters est un enjeu majeur. La CAF et la FIFA vont demander des garanties lors de leur visite en novembre. »
L’option du Maroc
Et si Ahmad Ahmad assure face aux caméras qu’il n’y a « pas de plan B », l’éventuel recours au Maroc reste une option avancée régulièrement au sein de l’équipe dirigeante de la CAF en cas d’incapacité du Cameroun à organiser la compétition. « Le Maroc peut organiser la compétition demain si on le lui demande. Il a les stades, les infrastructures nécessaires. Il l’a prouvé en début d’année en accueillant le CHAN [Championnat d’Afrique des nations, ndlr] après le retrait du Kenya », poursuit cette source.
Le royaume est en tout cas une piste beaucoup plus solide que l’Afrique du Sud et l’Égypte, parfois citées. « L’Afrique du Sud a accueilli la Coupe du monde en 2010, la CAN en 2013 et le CHAN en 2014. Quant à l’Égypte, elle a d’autres urgences que d’organiser une CAN », avance un membre d’une fédération africaine.
AFP