Le Collectif des organisations démocratiques et de la diaspora camerounaise (Code) donne 7 jours au chef de l’Etat pour regagner le pays.
Après avoir perturbé considérablement le séjour du couple présidentiel camerounais, l’année dernière à Genève en Suisse, où Paul et Chantal Biya avaient pris leurs quartiers à l’hôtel Intercontinental, un groupe de Camerounais vivant à l’étranger et réunis sous la bannière du Collectif des organisations démocratiques et de la diaspora camerounaise (Code), vient de remettre une nouvelle couche. Dans un communiqué rendu public mardi 4 avril 2017 et baptisé Alerte n°104, ce collectif annonce «une action à l’Intercontinental», un palace chic de la ville suisse où le chef de l’Etat a ses habitudes.
Selon les termes de ce communiqué cité par le site Internet Cameroon-info.net, « le président Paul Biya est rentré s’installer à l’hôtel Intercontinental à Genève, après sa visite officielle en Italie, qui lui a servi de prétexte pour aller en villégiature, accompagné par une basse-cour pléthorique, dont les séjours et les fastes coûtent inutilement chers aux contribuables camerounais », lit-on dans le document signé du président du Code, Brice Nitcheu. L’un des activistes, réputé anti-Biya, bien connu des milieux des revendications politiques camerounaises en Europe, estime que le numéro un camerounais, a disparu en laissant derrière lui, de nombreux problèmes cruciaux à l’instar de celui des enseignants qui accusent jusqu’à 60 mois de salaires impayés, de la situation dans les régions anglophones ou encore des Lions indomptables «séquestrés dans un hôtel de Bruxelles pour défaut dé paiement».
7 jours pour rentrer au pays
Le Code reproche à Paul Biya d’avoir disparu des radars et s´est offert une villégiature, au terme de sa visite officielle en Italie et au Vatican, dans un contexte où le pays va mal avec à la clé, le climat délétère qui sévit dans les régions anglophones depuis six mois. De ce point de vue, le Code et son leader estiment que le séjour de Paul Biya a Genève est «inopportun, coûteux, inutile, et lui demande de rentrer au pays assumer ses responsabilités pour lesquelles il prétend avoir été élu, et ceci dans un délai de 7 jours à partir de la date de la publication de cette alerte citoyenne». Les jours de Paul Biya et de sa suite à l’hôtel Intercontinental sont désormais comptés. Quand on sait qu’en octobre 2016, l’un des membres du Code, Emmanuel Kemta, via un haut-parleur avait perturbé la sérénité habituelle dans cet hôtel de luxe, il y a lieu de prendre la menace au sérieux. On se souvient de ces diatribes contre le champion du Renouveau «Paul Biya, que faites-vous ici ? Vous fuyez la misère que vous avez créée au Cameroun pour venir vous cacher ici ? Vous sortez de cet hôtel et vous rentrez diriger le Cameroun. Vous êtes le président du Cameroun et non de la Suisse» fulminait-il, malgré l’intervention des forces de l’ordre venues à la charge.
Toutes choses étant égales par ailleurs, Brice Nitcheu indique que «le Code a formellement saisi la direction de l’Intercontinental pour protester contre cette infantilisation excessive du président du Cameroun, et se réserve le droit de faire recours a toute action qu’il juge nécessaire, à l’intérieur comme à l’extérieur de cet hôtel». Autant dire que le séjour présidentiel à Génève ne sera pas un long fleuve tranquille.
Alain NJIPOU
Commission parlementaire
Un projet visant à inonder le Cameroun de chinois en gestation
Le ministre des affaires étrangères Lejeune Mbella Mbella de passage devant la commission parlementaire ce mercredi 5 avril 2017 a défendu le projet de loi visant la suppression des visas entre camerounais et chinois dans leurs territoires réciproques.
Qui l’aurait cru, en tout cas pas grand monde. Le gouvernement camerounais et son homologue chinois envisagent de suspendre réciproquement l’obligation de visa pour les ressortissants chinois et camerounais détenteurs des passeports diplomatiques dans les deux pays respectifs. D’abord pour les ressortissants des deux Etats non accrédités sur le territoire de l’autre partie signataire de l’accord du 7 juillet 2016. Ainsi les ressortissants des deux Etats détenteurs de passeports diplomatiques pourront entrer dans le territoire de l’autre partie y circuler librement, et séjourner et en sortir sans visas pendant une durée maximale de 30jours. Cette mesure pourra voir les ressortissants chinois entrer en « vrac » au Cameroun. Quand on connait la taille de ce pays et ses nombreux d’habitants sans être inquiétés, si ces derniers se présentent simplement sous le couvert d’un passeport estampillé d’une mission consulaire. Cette mesure tend à légaliser la déportation des concitoyens du président Xi Jinping, chez Paul Biya.
Obtention du visa
Le second point de ce projet de loi en commission et non des moindres, vise l’arrivée des membres du gouvernement et assimilés, ainsi que les officiers supérieurs de l’armée ayant atteint le grade de général de s’y rendre sans préalablement l’obtention du visa. Une mesure taillée sur mesure pour une certaine élite gouvernementale et militaire, elle ne n’encourage pas l’investissement comme on pourrait nous le faire croire. Juste les voyages de la haute administration, laissant au carreau les hommes d’affaires de part et d’autre soucieux de trouver de nouveaux débouchés commerciaux pour étendre leurs entreprises. Une fois de plus le gouvernement camerounais protège ses intérêts et ceux d’une élite de l’armée au détriment des populations dont il a la charge et qui aimeraient bien profiter des relations bilatérales que le pays d’Afrique central entreprend d’avec le gouvernement de l’empire du milieu. Laissant sur le carreau, les touristes, les hommes d’affaires et les étudiants… qui sont susceptibles de favoriser la coopération entre les deux Etats.
Incident diplomatique
En dernier ressort, la loi veut dorénavant autoriser le personnel diplomatique, et des missions consulaires d’y séjourner pendant une durée de 30jours, à condition que les procédures usuelles soient accomplies dans le délai sus évoqué. Une parie de cette loi ne met pas en vue les effets boomerangs. Elle s’avère une fois de plus dangereuse. Car si le diplomate ne se conforme pas à la réglementation en vigueur dans les délais indiqués, il sera reconduit tout bonnement vers son pays d’origine ce qui peut entraîner un incident diplomatique entre les deux Etats. Visiblement aucun pan de cette loi ne cadre avec le citoyen lambda que nous sommes, pour qui la coopération sino-camerounaise devrait être bénéfique pour accroître les investissements entre les deux pays, et prôner la politique gagnant-gagnant entre les deux Etats. Au Cameroun comme le disait Lafontaine : « la loi est toujours l’apanage du plus fort ».
Laurent ENAMA (Stagiaire)