La supportrice, connue pour accompagner partout l’équipe des Fennecs, avait déclaré dans une vidéo que les Ivoiriens « vivent à l’ère préhistorique ».
L’expulsion de cote d’ivoire de Sofia Benlemmane, une influenceuse algérienne au racisme décomplexé, est le « plus beau but de la CAN », s’est réjoui, jeudi 18 janvier sur le réseau social X (anciennement Twitter), Abdallah Benadouda, animateur de la chaîne algérienne pirate Radio Corona Internationale Une décision saluée par de nombreux internautes exaspérés par les discours grossiers et haineux de certains supporteurs des Fennecs présents en Côte d’Ivoire pour la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN).
Familière des outrances et des scandales, Sofia Benlemmane est connue pour avoir ses entrées au sein de l’équipe nationale algérienne, qu’elle accompagne partout en multipliant des vidéos d’un chauvinisme exacerbé. Dimanche, après son arrivée en Côte d’Ivoire, elle s’est filmée en train de critiquer le pays hôte de la compétition : « Il faut que les Algériens sachent comment ils vivent ici. Nous remercions Dieu d’avoir un pays comme l’Algérie. Normalement, l’Algérie devrait se situer entre le Portugal et l’Espagne. Parce qu’ici, ils vivent dans la misère. C’est peu dire qu’ils vivent à l’ère préhistorique. Si je pouvais, j’enverrais les Algériens voir comment les gens vivent en Côte d’Ivoire. »
Dans une ALGERIE déjà déprimée par le mauvais départ des Fennecs, tenus en échec par l’Angola lors de leur premier match (1-1), lundi, la sortie de la « vache folle », selon la formule d’une journaliste algérienne en colère, a suscité la nausée générale. Et des réactions indignées en Côte d’Ivoire et dans d’autres pays d’Afrique. Selon des médias algériens, l’ambassade d’Algérie à Abidjan aurait elle-même recommandé aux autorités ivoiriennes de l’interpeller et de l’expulser.
Beaucoup espèrent que ce énième scandale éloignera définitivement la supportrice des joueurs. Sofia Benlemmane, qui a également la nationalité française, était entrée dans la petite histoire, en octobre 2001, en faisant partie de ceux qui avaient envahi la pelouse du Stade de France, où se déroulait un match amical entre les Bleus et les Verts. Un fait d’armes qui lui avait valu une condamnation en France à de la prison avec sursis.
« Casser les dents » de Samuel Eto’o
Pendant le Hirak, le mouvement populaire qui a conduit au renversement d’Abdelaziz Bouteflika, elle s’était de nouveau fait remarquer dans une vidéo en menaçant son mari de divorcer parce qu’il avait voté pour Abdelmadjid Tebboune lors de l’élection présidentielle de décembre 2019. Ces critiques contre le dirigeant algérien ne l’ont pas empêchée d’être traitée en VIP : hébergée dans un cinq-étoiles à Oran à l’occasion des Jeux méditerranéens de juillet 2022, elle a même été invitée à remettre des médailles aux athlètes.
En novembre de la même année, elle a été arrêtée en Gambie pour avoir cherché à rencontrer l’arbitre Bakary Gassama, qu’elle accusait, comme beaucoup d’autres supporteurs algériens, d’avoir été payé pour favoriser les Lions indomptables lors du match Algérie-Cameroun qui a privé les Fennecs de qualification pour le Mondial au Qatar. Elle s’en est également prise à l’ancien international Samuel Eto’o, président de la Fédération camerounaise de football, le menaçant de lui « casser les dents ».
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A son arrivée à Alger, jeudi, Sofia Benlemmane a diffusé une vidéo sur Instagram expliquant qu’elle était restée « cinquante heures » à la direction ivoirienne de la Surveillance du territoire, où on lui aurait indiqué qu’elle devait quitter la Côte d’Ivoire pour sa propre sécurité. Elle a affirmé n’avoir fait que « constater » les problèmes et regretté que ses propos aient été « détournés ». Dans un passage en arabe, elle indique que la vidéo était destinée au peuple algérien pour qu’il « s’estime heureux des bienfaits dont il bénéficie dans son pays ».
La supportrice expulsée fait partie d’une cohorte d’influenceurs dont le nationalisme outrancier et la vulgarité ont suscité l’écœurement en Algérie et en Afrique subsaharienne. Des sorties comme celle d’un supporteur algérien déclarant depuis Bouaké, où jouent les Fennecs : « Notre pays est meilleur que le vôtre, 900 000 fois » ; ou d’un autre harcelant des Ivoiriennes et traitant des passants d’« esclaves ». Des dérapages rarement sanctionnés par les autorités algériennes, pourtant promptes à poursuivre les voix discordantes.
KARIM AMROUCHE