Communiqué du ministre Charles Blé Goudé : Relatif aux visites des 20 et 22 Août 2018 des militants du RDR et du représentant PDCI RDA France .
CHARLES BLÉ GOUDÉ: MA RENCONTRE AVEC UNE DÉLÉGATION DE JEUNES NORDISTES DU RDR ET LE DÉLÉGUÉ PDCI-RDA DE FRANCE
Avant tout propos, je voudrais faire la précision suivante: sans jamais avoir été associé ni s’être mêlé de nos discussions de quelque manière que ce soit, mais fidèle cependant à sa philosophie de générosité politique, le président Laurent Gbagbo a tout juste serré la main à mes hôtes comme il a toujours fait pour les autres ivoiriens qui ont souvent eu la chance de le trouver au parloir au moment où ils me visitent et en éprouvent une fierté qu’ils expriment chacun selon son tempérament. Moi aussi, je suis ravi que des personnes d’obédience politique différentes soient fières d’être saluées par mon Président : Son excellence le président Gbagbo Laurent .
Pour le reste, sur mon chemin, je m’emploierai toujours à rassembler au-delà des différences et des différends. Cette ligne politique que je me suis librement imposée, je l’assume entièrement et elle sera mon leitmotiv au cours de toute ma carrière politique. Quelle que soit la violence des coups que j’aurais reçus de l’adversaire, je ne compte pas y renoncer. D’ailleurs, elle ne date pas d’aujourd’hui.
Même dans les circonstances les plus tendues et les situations les plus désespérées, je m’en suis toujours inspiré. Pour dire que je continuerai toujours d’aller vers l’autre quel que soit ce qui m’oppose à lui: telle est ma philosophie politique.
Ceux qui y adhèrent seront les bienvenues et ensemble nous travaillerons à rendre possible le modèle de société que nous souhaitons pour notre pays. Par contre, aux personnes sceptiques qui n’ont pas encore compris ma vision et ma démarche et qui sont très critiques à mon égard, je continuerais d’expliquer avec méthode et pédagogie, la nécessité de rassembler les ivoiriens de nouveau.
Parce que je rêve d’une Côte d’Ivoire plurielle, je veux être le porte-étendard d’une politique qui rassemble au-delà des clans et qui transcende les clivages.
Il est vrai que les circonstances de l’histoire nous ont imposé une crise dont notre pays peine à se remettre mais nous ne sommes pas obligés de prolonger ce conflit.
Il nous est encore possible de ramener notre pays sur les rails de la paix et de la réconciliation.
Une telle mission d’intérêt national appelle à des efforts mutuels et à un dépassement de soi.
Le pardon, qu’on le demande ou qu’on l’accorde, est une étape inévitable qui se dresse sur le chemin qui mène à la réconciliation que nous appelons de tous nos vœux.
Les plaies et les cicatrices causées par cette crise, elles font encore mal, très mal même, je le sais.
Et pourtant, il nous faut trouver les voies et moyens pour les panser afin qu’elles guérissent un jour: tel est le devoir des survivants à toute guerre.
Dans un silence bruyant, les populations expriment chaque jour un besoin d’oxygène à la classe politique et aux élites ivoiriennes.
À la veille des élections de 2020, la responsabilité de la classe politique envers le peuple s’avère très grande.
Personne, je dis bien personne au nom de ses ambitions personnelles et des intérêts de son clan, n’a le droit d’entraîner de nouveau notre pays vers des eaux troubles et dans une aventure à l’issue catastrophique.
Au contraire, parce que, ce que nous disons, ce que nous décidons, ce que nous faisons ou ce que nous faisons faire, selon les circonstances peut impacter positivement ou négativement la vie de millions de nos concitoyens qui ont placé leur confiance en nous du fait qu’ils nous considèrent comme leurs leaders et épousent les causes que nous incarnons, nous devons apporter l’unité là où il y a eu la discorde et semer l’espérance à la place du désespoir.
Lorsque nous faisons face aux questions qui engagent la vie de la nation, nos personnes, nos égos et nos ressentis se doivent de s’éclipser pour faire place à l’intérêt national, c’est-à-dire l’intérêt des populations aux noms desquelles nous prétendons parler.
Au vu du traumatisme dont notre pays peine à se remettre, les Ivoiriens ne pardonneront pas que la classe politique les plonge à nouveau dans une autre zone inondable. Alors, agissons pendant qu’il est encore temps. Car, comme je l’avais déjà dit avant les élections de 2010, l’atmosphère post-électorale est la fille de l’atmosphère pré-électorale. Mieux, il ne peut y avoir une Côte d’Ivoire où ne vivent que des pro-Ouattara, des pro-Gbagbo ou des pro-Bedié.
Agir dès maintenant, c’est renoncer aux retombees immédiates et éphémères des discours bellicistes dont le seul objectif populiste est de paraître brave face à nos partisans, de nous réjouir et de jouir de leurs applaudissements : là commence le sens de la responsabilité qui incombe à tous et à chacun.
En ce qui me concerne, de ma cellule de prison, je ferai toujours ma part.
C’est tout le sens que revêtent mes récentes démarches politiques et les visites que m’ont rendues les différentes délégations de jeunes nordistes militants du RDR et le délégué général du PDCI-RDA de France. En effet, après un message envoyé au Président Bédié par le truchement du COJEP reçu à Daoukro, qui a ensuite rencontré le Ministre Guikahué, secrétaire exécutif du PDCI-RDA, après avoir reçu ici à La Haye KKB à plusieurs reprises, Meambly Évariste, Wakili Alafé, tout récemment le Ministre Jean-Louis Billon, pour ne citer que ceux-là, j’ai reçu ce jour 22 août 2018, le délégué PDCI-RDA de France. Parlant de la visite des jeunes nordistes du RDR, lorsqu’ils ont émis le souhait de me visiter ici dans mon lieu de détention à La Haye, je ne les connais pas physiquement et nos rapports politiques n’étaient pas des plus cordiaux avant que je les rencontre le 20 août 2018. Au cours de nos échanges, ils m’ont même avoué n’avoir jamais été tendre avec moi sur les réseaux sociaux.
Pourtant, je ne leur en ai pas voulu. J’ai plutôt loué ce courage qui pour moi a fait la beauté de cette rencontres lui conférant ainsi une note de sincérité.
Dans tous les cas, pour moi, ce qui compte, c’est que des Ivoiriens ont demandé à me visiter pour qu’ensemble nous parlions de l’avenir de la Côte d’Ivoire notre bien commun.
Nous nous sommes parlés courageusement, par moment avec beaucoup d’émotions, mais in fine, nous avons tous admis que pour recoller les morceaux déchirés, la Côte d’Ivoire a besoin de tous ses fils et de toutes ses filles.
À la fin des visites, mes hôtes sont repartis chez eux sans que personne n’est renoncé à ses convictions mais que l’amour de la Côte d’Ivoire ait triomphé.
C’est de cette Côte d’Ivoire là que je rêve. Ce rêve, je voudrais le partager avec le maximum de mes concitoyens pour un jour en faire une réalité vivante.
À Dieu nous demandons la sagesse.
Fait à La Haye, le mercredi 22 août 2018
Charles Blé Goudé