La visite à Bouaké, du Gl Touré Sékou, chef d’Etat-major des armées a fait éclater au grand jour la rivalité entre ex-rebelles démobilisés et ex-rebelles reversés dans l’armée.
Les premiers réclament 18 millions FCFA, tandis que les seconds ont conclu un accord classé top secret, avec les autorités, à l’issue de cinq jours de mutinerie qui a causé la mort de quatre personnes et fait neuf blessés.
Le Cema s’était rendu dans la ville, épicentre de la mutinerie des soldats du Contingent 8400, en vue d’apporter sa compassion, à l’ex-combattant démobilisé Youssouf Diawara . Celui-ci avait reçu plusieurs balles à bout portant, alors qu’il se trouvait dans le « grin » des ex-combattants de la Cellule 39.
Atteint au thorax et au bras, il avait été évacué aux urgences chirurgicales du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Bouaké, où il avait subi des opérations. Il a succombé de ses blessures, deux jours après avoir reçu les décharges mortelles.
Les mutins reprochaient aux ex-combattants démobilisés de revendiquer des primes similaires aux leurs, et ainsi de gêner leur propres revendications. Les mutins sont généralement des jeunes de moins de 35 ans, tandis que les ex-combattants démobilisés sont plus âgés. Le critère d’âge avait, de fait, joué contre eux, au moment de l’intégration des 8400, dans les FRCI.
« On avait décidé d’aller déposer le corps de notre camarade au rond-point de la cathédrale, le lundi prochain et on allait commencer une grève de la faim jusqu’à la mort »
C’est donc, excédé surtout après des propos jugés offensants pour les ex-combattants, tenus par un maire adjoint particulièrement arrogant (Zoumana Ouattara), que Amadou Ouattara, le premier porte-parole des ex-combattants a martelé: « Nous demandons le paiement de 18 millions de francs CFA de primes. Comment comprendre que certaines personnes (les démobilisés) n’ont perçu que 800.000 FCFA, tandis que d’autres (les mutins) en plus d’avoir été recrutés dans l’armée, bénéficient de 12 millions ? ».
Quant à Diomandé Megbé, un autre porte-parole des démobilisés, il a laissé entendre : « Nous sommes fatigués. Nous n’avons plus de maison, plus d’électricité. Nos enfants ne vont plus à l’école. On ne mange même plus. On avait décidé d’aller déposer le corps de notre camarade au rond-point de la cathédrale, le lundi prochain et on allait commencer une grève de la faim jusqu’à la mort ».
C’est un Cema gêné, protégé étonnamment par des gendarmes, au lieu de militaires, qui s’est adressé aux démobilisés. Il leur a demandé pardon, au nom de toute l’armée: « Quand vous êtes père et que vous avez malheureusement de mauvais enfants, vous allez toujours avoir honte du comportement de ces enfants. Nous sommes venus ici pour vous demander pardon ».
A lire, sur le même dossier:
Il a promis transmettre les doléances des démobilisés, au chef de l’Etat qui s’est envolé ce vendredi pour Ryad où il prendra part à un sommet arabo-islamo-américain prévu ce week-end. Dans l’ensemble, les démobilisés ont salué le geste d’humilité du chef d’Etat-major.
Notez que la réclamation de 18 millions FCFA n’est pas nouvelle chez les démobilisés. Le 8 mai, ils avaient entamé un mouvement d’humeur en bloquant l’accès du corridor sud de Bouaké, pendant plusieurs heures, avant de lever leur siège, suite à la médiation de certaines autorités de la ville.
André silver konan
presse opinion .com