Telle une épée de Damoclès, une main empoisonneuse plane, aujourd’hui, sur la tête de certains leaders politiques en Côte d’Ivoire. Au point qu’ils sont dans un état de panique voire de peur. Ces hommes politiques vivent aujourd’hui dans une sorte de menace permanente qui pourrait avoir été provoquée par des révélations faites par Jeune Afrique (J.A) dans sa parution de cette semaine au sujet de Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale, en rupture de ban avec le Rassemblement des républicains (Rdr) dont il est un Vice-président.
Puis, il s’en est suivi l’épisode de Gaston Ouassénan Koné, général à la retraite, Vice-président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (Pdci-Rda). Il soutient avoir été victime d’un empoisonnement à Korhogo, région du Poro, avant d’être évacué d’urgence, d’abord par hélico à Abidjan, ensuite sur la France où il a été traité. L’empoisonnement dont Ouassénan aurait été la victime reste, la plus symptomatique, car il révèle -si c’est avéré-, au grand jour, les pratiques criminelles et les penchants à faire du mal de certaines personnes dans le milieu politique ivoirien.
Après Ouassénan, il y a eu un fait, pour le moins gravissime, qui se serait produit au domicile d’un très haut responsable du Pdci-Rda aux II Plateaux. Les faits se seraient déroulés mi-octobre 2018. Notre source informe que la gouvernante de celui-ci, qui totalise plus de 20 ans de service chez ce haut responsable du Pdci, aurait été démarchée pour contaminer, par un puissant poison, la nourriture de son patron, avec une promesse mirobolante d’une somme de 100 millions de F Cfa. Objectif : faire mourir, de manière instantanée, son employeur. Elle aurait été, en effet, chargée d’infecter de poison, avec un liquide incolore contenu dans une petite bouteille, le repas de son patron. Après avoir fait semblant d’accepter l’offre, c’est en pleurs qu’elle aurait informé son patron. Dans son entourage, la psychose est à son paroxysme.
« Passer du gris au vert ». Pour ce qui concerne Gaston Ouassénan Koné, plus qu’un veinard, c’est un véritable miraculeux, car, il était sur le point «de passer du gris au vert », si Bédié n’était pas diligemment intervenu, après avoir été, selon lui, empoisonné à Korhogo. De la main empoisonneuse, il n’a n’en pas soufflé mot. Mais, il parle de l’acte, avec des détails à donner froid dans le dos. Le général Gaston Ouassénan Koné en parle dans une interview-vérité publiée, jeudi 29 novembre 2018, dans Le Nouveau Réveil, proche du Pdci-Rda, son parti.
L’ancien président du groupe parlementaire du Pdci-Rda s’était, en effet, rendu, début octobre 2018, dans la capitale du Poro pour représenter Henri Konan Bédié aux obsèques de feu Tenena Victor, ancien maire Pdci-Rda de la localité. C’est au cours de cette cérémonie funèbre, que le général Ouassénan Koné a été pris d’un violent malaise, suite à « un empoisonnement » dont il a été victime.
Qui se cache derrière cette main assassine qui a tenté d’en finir avec ce haut stratège politique du Pdci ? Rentré, le mercredi 21 novembre 2018, à Abidjan, Gaston Ouassénan Koné était à Daoukro, vendredi dernier, pour exprimer sa gratitude à Henri Konan Bédié, président du Pdci-Rda.
« Je vais vous expliquer ce petit passage. Lorsque, malheureusement, j’ai été empoisonné, parce que les gens ne veulent pas qu’on le dise, mais j’ai été empoisonné. Quand ça s’est passé, j’ai quitté la région là-bas (Région du Poro, précisément à Korhogo) et je rentrais. J’ai appelé mon épouse pour la prévenir. Comme elle est du corps médical, elle m’a indiqué des médicaments à faire acheter et à boire », indique cet ancien ministre de la Sécurité. « Je ne savais pas exactement ce que j’avais, mais toujours est-il que je lui ai dit ce que je ressentais comme mal, et elle m’a fait acheter des médicaments. Je venais et le mal ne faisait que s’intensifier. Je devrais aller pour le Bureau politique de Daoukro. Elle m’a dit : ‘’non, tu ne pourras pas tel que tu décris ton mal, il vaut mieux que tu rentres’’. Elle est partie d’ici avec mon fils aîné que certains connaissent, le colonel Jean Hubert Ouassénan. Arrivés à N’Zianouan, ils ont dit : ‘’il vaut mieux qu’on demande si on peut l’évacuer par hélicoptère’’. Mon fils a appelé un de ses amis, un certain Pierre, un Français et lui a demandé : « Tu es où ? ». Il a dit : « Je suis à Bouaké ». Il a demandé : « Est-ce que tu y es avec ton hélicoptère ? » Il a répondu ‘’oui’’. Il a dit : « J’ai mon père qui se sent mal, il est au village, est-ce que tu peux le faire venir ? », et son ami a dit qu’il n’y avait pas de problème. Donc c’est ce Pierre-là qui était en mission privée, qui est un ami de mon fils, qui a accepté de me transporter par hélicoptère. Alors, quand les gens disent qu’ils ont envoyé un hélicoptère, je dis ce n’est pas vrai. Donc il m’a pris, il a atterri à l’École de police. De l’École de police, on m’a conduit à la Pisam pour des traitements. Les médecins, entre eux-mêmes, n’étaient pas d’accord sur le traitement auquel ils devraient me soumettre. Certains disaient qu’il fallait qu’on m’opère, d’autres disaient (…), certains disaient, c’est un abdomen chirurgical, d’autres disaient c’est un abdomen médical. Vous n’avez même pas fait un diagnostic et vous voulez m’ouvrir. Toujours est-il que dans la discussion, j’ai un de mes enfants qui est aussi médecin, voyant que je devenais gris, alors il a dit : ‘’non, il ne faut pas que papa reste ici. Il faudrait qu’on l’évacue sinon ça risque de se passer mal’’. J’ai été évacué grâce à l’aide du président Bédié et de mes enfants. Le président Bédié a appelé et il a donné 10 millions pour mon évacuation. Mes enfants se sont cotisés et ont obtenu 15 millions, et donc ça faisait 25 millions. Avec ces 25 millions, les dispositions ont été prises pour que je sois évacué. Voilà donc comment les choses se sont passées. La présidence, après, est venue, par le canal de Dr Diaby. Ils disaient qu’ils vont faire mes dossiers pour m’évacuer le lundi. Or, on était jeudi, vendredi, samedi, dimanche, et lundi, vous voyez, du gris, je pouvais devenir vert. Donc j’ai été évacué grâce à l’aide du président Bédié et de mes enfants », a-t-il relaté. Un récit glaçant qui met en lumière la cruauté de certaines personnes envers des hommes politiques en Côte d’Ivoire depuis quelque temps.
Armand B. DEPEYLA