En raison des innombrables débauchages opérés au sein du PDCI une question cruciale mérite d’être posée : pourquoi à moins de deux ans de la présidentielle de 2020 les cadres du PDCI cèdent ils si aisément aux chants des sirènes en quittant leur parti au profit du RHDP ? La question donc de la loyauté des cadres du PDCI envers le président de leur parti se pose avec acuité.
Déjà sous le régime de la refondation le président Gbagbo avait réussi, avec une incroyable facilité, à rallier à sa cause un très grand nombre de cadres du PDCI. Ces derniers avaient même pris une part active à la campagne présidentielle de Gbagbo au détriment de celui de leur parti d’origine. Il s’agissait notamment de Dona Fologo, Gnamien Yao, Nzi Paul David, Ahoua Nguetta, Palé Dimaté, N’dri Apollinaire. En revanche, le président Gbagbo avait fait choux blanc en ce qui concerne la pêche aux cadres du RDR. En effet, en dehors de Ben Soumahoro, aucun autre ténor du parti à la case n’avait pu être débauché.
Quel est donc le problème réel qui plombe les relations entre les cadres du PDCI et leur président et qui les pousserait à aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte ? De prime abord, tout porte à croire qu’il s’agirait d’un problème de gestion efficiente de ses ressources humaines. Le président Bedié a-t-il de bons rapports avec ses collaborateurs, au delà du cadre politique ? Rien n’est moins sûr.
À contrario, il faut reconnaître qu’une des forces du président Gbagbo c’était ses rapports plus que cordiaux, quasiment paternalistes, avec ses principaux collaborateurs. C’est probablement ce qui explique le lien affectif et l’attachement quasi fusionnel que certains de ses cadres lui vouent et qui justifie qu’ils n’aient pas majoritairement répondu aux appels du pied du pouvoir RHDP alors que la plupart, après la perte du pouvoir, tirent le diable par la queue.
L’excellence des rapports, saupoudrés de respect mutuel, entre le Chef et ses collaborateurs peut aussi être observée dans les relations qui lient le président Ouattara à ses cadres. On l’a vu à maintes reprises se rendre chez eux où aller à la prière avec eux. Par ailleurs, fait notable, il ne les lâche jamais. Quelque soit la situation, il se fait fort de les (re)caser, les protéger, et, tant que de besoin, de les soustraire des griffes de la justice nationale ou internationale. En retour, ceux-ci savent qu’ils peuvent, en toute circonstance, compter sur lui.
Certes, certains proches de Gbagbo tels que Allou Eugène ou Alcide Djédjé ont rejoint le RHDP. De même, Soro a quitté la barque RHDP. Mais ces défections restent des cas isolés et peuvent être vus comme les exceptions qui confirment la règle.
Il est indiscutable que le Président Bedié est celui qui a enregistré le plus de défaillance dans ses rangs, et non des moindres : Kablan Duncan, Ahoussou Jeannot, Charles Diby, Aka Aoulé, Achi Patrick… pour ne citer que ceux-là.
Bedié est-il en train de subir le retour du bâton de son livre prophétique « les chemins de ma vie »? Ouvrage publié en 1999 dans lequel il affirmait, parlant de ses collaborateurs, qu’il n’avait pas d’amis mais que “des suiveurs”.
Est-ce bien raisonnable de traiter ses compagnons de lutte de « suiveurs » et après cela espérer d’eux qu’ils vous témoignent de la loyauté alors qu’ils se sentent dévalorisés ? Pire, vrai ou faux, certains au PDCI ont l’impression que seul le clan familial ou tribal Baoulé est promu ou proposé à des hauts postes de responsabilité ?
Bien évidemment, cette analyse factuelle procède plus de la supputation d’un homme qui n’a jamais milité au PDCI et qui en conséquence ignore tout du fonctionnement interne de ce parti que d’une vraie démarche scientifique. J’espère donc me tromper dans mon analyse et que très rapidement la saignée que le RHDP opère dans les rangs du PDCI cessera.
Jean Bonin
Juriste
Citoyen ivoirien