La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, va procéder à un audit de sa filière, secouée par une mévente de la récolte, à l’origine de récentes manifestations de colères des planteurs, a annoncé mercredi le gouvernement.
« La situation actuelle est essentiellement due aux défauts d’exécution de certains contrats et à la sous-évaluation de la production sur la campagne principale, le tout pour un volume cumulé d’environ 350.000 tonnes » a déclaré le ministre ivoirien de l’Agriculture Mamadou Sangafowa Coulibaly, dans un communiqué.
Le gouvernement dit « rester très attentif aux difficultés de la filière (…) après avoir pris la pleine mesure des conséquences qui pourraient découler de cette situation ».
Pour y faire face, les autorités ivoiriennes ont décidé de la mise en place d’un comité interministériel présidé par le Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly « en vue d’accélérer le processus de retour à la normalisation et de procéder à un audit du système de commercialisation du Conseil du Café-Cacao » qui gère la filière.
Enfin, le gouvernement, « conscient des difficultés que cette situation cause à nos planteurs, ne ménagera aucun effort pour la sauvegarde de leurs intérêts » conclut le texte.
Vendredi, la police a dispersé, à Abidjan, à coups de gaz lacrymogènes une manifestation de producteurs de cacao qui dénonçaient la mévente de leur récolte.
Depuis novembre 2016, les producteurs n’arrivent plus à écouler leurs récoltes. Le prix « bord champ » du kilo de cacao fixé à 1.100 FCFA (1,67 euro) par le gouvernement ivoirien « n’est même plus respecté », avait déploré le président du syndicat national des producteurs pour le progrès, Moussa Koné.
Selon un exportateur qui a requis l’anonymat, tout est parti « du gap de 470 FCFA (0,71 euro) qu’il y a entre le prix du cacao à la Bourse de Londres qui est de 1.380 FCFA (2,10 euros) et le prix de vente à l’exportation imposé par le Conseil (ivoirien) café-cacao qui régule la filière, qui est de 1.850 FCFA (2,80 euros) ».
Le cacao représente 15% du PIB de la Côte d’Ivoire, plus de 50% de ses recettes d’exportation et les deux tiers des emplois directs et indirects, selon la Banque mondiale.