Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) a condamné dans une déclaration virulente, jeudi 2 août, « la dérive autoritaire du gouvernement », après la révocation par le pouvoirdu maire d’une des communes d’Abidjan, un des barons de cette formation.
A deux mois des élections locales et à deux ans du scrutin présidentiel, la fracture se creuse entre les deux grands partis de la coalition au pouvoir, le PDCI de Henri Konan Bédié (président de 1993 à 1999) et le Rassemblement des républicains (RDR) du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, en désaccord sur la formation d’un « parti unifié ».
La révocation par le conseil des ministres, mercredi, du maire du Plateau (le quartier administratif et des affaires d’Abidjan) Noël Akossi Bendjo, proche de M. Bédié, est « une affaire politique » s’inscrivant « dans une série qui cible les élus et les cadres militants » du PDCI, a déclaré à la presse le porte-parole du parti, Narcisse Kouadio N’dri, au sorti d’une réunion d’urgence des responsables de cette formation.
« Menaces sur la paix et la cohésion sociale »
« Le PDCI condamne la dérive autoritaire du gouvernement qui tend à mettre en péril le droit et les libertés en Côte d’Ivoire » et lui « demande de mettre fin immédiatement aux enquêtes et aux poursuites ciblées », a déclaré le porte-parole.
Le parti va alerter les chancelleries étrangères « sur les menaces qui pèsent sur la paix et la cohésion sociale en Côte d’Ivoire », et il appelle ses militants à « demeurer mobilisés » « pour les actions à venir », a conclu Narcisse Kouadio N’dri.
Il s’exprimait depuis la résidence de M. Bédié à Abidjan, entouré du numéro deux du PDCI, Maurice Kakou Guikahué, et de Jean-Louis Billon, ancien ministre lui-même récemment suspendu de ses fonctions de président du conseil régional du Hambol (centre) par le gouvernement. M. Bédié a présidé la réunion de crise mais n’est pas apparu devant la presse.
Révoqué pour « des détournements de fonds portant sur plusieurs millions d’euros », selon le gouvernement, le maire du Plateau a rejeté ces accusations, jeudi, y voyant une « dérive totalitaire » du régime. « Cette décision [de révocation] ne nous surprend pas, elle était annoncée depuis notre refus de cautionner l’inféodation du PDCI, à travers un parti supposé unifié », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Faute d’un accord sur une candidature unique issue de ses rangs pour le scrutin présidentiel, la direction du PDCI refuse de rejoindre le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti unifié voulu par le président Ouattara avant les prochaines élections. Mais certains cadres de la formation, dont une douzaine de ministres, ont accepté d’adhérer au nouveau mouvement.
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