« Le prévenu est coupable », a tranché vendredi 31 mars le président du tribunal de première instance du Plateau, à Abidjan, condamnant ainsi Mohamed Sam Jichi, dit Sam l’Africain, à six mois de prison ferme et 500 000 francs CFA d’amende pour des faits requalifiés d’injure et de diffamation » envers des personnes appartenant a un groupe etnique . Il a également été condamné à cinq ans de privation de ses droits civiques, a précisé Me Modeste Abie, son avocat.
Soutien de Laurent Gbagbo
Candidat défait aux élections législatives de décembre 2016 à Yopougon, Sam l’Africain était accusé d’avoir tenu des propos xénophobes lors d’un meeting organisé le 11 mars à Yopougon.
« J’ai dit que le président de la République venait du nord, que le Premier ministre venait du nord, que le président de l’Assemblée nationale venait du nord, et cetera. Je pense que j’ai le droit », a affirmé vendredi l’accusé à la barre, qui s’était scotché la bouche à son arrivée et à son départ du tribunal. « Si ces propos ont été mal perçus, ce n’était pas mon intention, (…) je m’en excuse. J’ai toujours prôné la réconciliation nationale », a-t-il également plaidé, se défendant d’avoir tenu des propos xénophobes.
Un an de prison ferme requis par le procureur
Ces excuses n’ont pas convaincu le procureur général, qui a dans la foulée requis à son encontre une peine de douze mois de prison ferme ainsi qu’une amende de cinq millions de francs CFA. « La loi bannit toute forme de discrimination et de tribalisme et il faut que ceux qui aspirent à nous diriger bannissent ce vocabulaire », a justifié le procureur général.
« C’est une grave atteinte à la liberté d’opinion, sans précédent en Côte d’Ivoire, car le délit d’opinion n’existe pas », a réagi quelques instants après le verdict Me Modeste Abie, avocat de Sam l’Africain. « Nous allons immédiatement interjeter appel », a-t-il poursuivi.
« Une volonté de museler l’opposition »
Dans sa plaidoirie quelques instants plus tôt, Me Abie avait mis en garde la Cour contre toute « condamnation politique » : « Si vous le condamnez, il s’agira d’une condamnation politique car ces propos ont été tenus lors d’un meeting politique. Énoncer des faits ne peut pas amener un leader politique en prison », avait-il affirmé.
Présent à l’audience, Pascal Affi N’Guessan, leader d’une frange du front populaire ivoirien bannière sous laquelle s’était présenté Sam l’Africain lors des législatives, a dénoncé « une volonté de museler l’opposition ». « Nous nous considérons comme visés. C’est une condamnation qui n’honore pas la Côte d’Ivoire : ce pouvoir reste sourd à tous les appels à la réconciliation », a ainsi déploré l’ancien Premier ministre.
AFP