COTE D’IVOIRE  :Les fragilités du nouveau « miracle ivoirien  »

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COTE D’IVOIRE :Les fragilités du nouveau « miracle ivoirien  »

Le retournement brutal des cours du cacao depuis 2016 pénalise le premier producteur mondial. Et la croissance n’a pas fait régresser la pauvreté.

A cocoa farmer holds a placard reading "farmers never received subsidies to create their field", during a demonstration on February 16, 2017 in Abidjan, to protest against the immobilisation of tons of cocoa in the port of Abidjan, following the freezing of the purchasing system set up by authorities. / AFP / ISSOUF SANOGO

C’est l’emblème du retour de la Côte d’Ivoire à meilleure fortune : des dizaines de milliers d’automobilistes empruntent chaque jour le pont à péage Henri-Konan-Bédié, troisième à enjamber la lagune d’Abidjan. L’ouvrage a été inauguré en 2014 après seulement vingt-cinq mois de travaux menés par Bouygues, alors que le premier appel d’offres datait de 1996. Une preuve, selon la présidence d’Alassane Ouattara, que le pays est bien sorti des troubles sociopolitiques qui le minaient depuis plus d’une décennie.

Avec une croissance tournant autour de 9 % depuis 2012, la locomotive de l’Afrique de l’Ouest est la deuxième économie la plus dynamique du continent derrière l’Ethiopie. Portée par des exportations agricoles de rente assez diversifiées (cacao, café, noix de cajou, hévéa), une situation macroéconomique assainie et une politique de grands travaux bien ­ciblés suscitent l’adhésion des bailleurs interna­tionaux. « Le leadership et la bonne réputation du ­président ­Ouattara y sont pour beaucoup », estime Janvier Litse, directeur Afrique de l’Ouest de la Banque africaine de ­développement revenue à Abidjan en 2014 après dix ans à Tunis.

Mutineries

Mais de gros points de fragilité menacent ce nouveau « miracle ivoirien » après celui des années 1960. Le retournement brutal des cours du cacao entamé en 2016 pénalise le premier producteur mondial. Et la croissance n’a guère amélioré le quotidien des ménages ni fait régresser la pauvreté.

Depuis janvier, les mutineries se sont succédé, agitant le spectre de l’instabilité politique. L’octroi de primes à d’anciens rebelles intégrés dans l’armée a suscité la colère de militaires et gendarmes qui se sont à leur tour soulevés. La grogne sociale des fonctionnaires, qui ont fait grève trois semaines en janvier, a grimpé d’un cran.

« L’Ivoirien a coutume de dire : “Une route, un pont, ça ne se mange pas”, rappelle Georges Yao-Yao, associé chez Deloitte. Un gros défi pour le gouvernement est de mieux distribuer les richesses. »

marie de verges