La présidentielle ivoirienne qui approche vertigineusement préoccupe les autorités françaises qui étudient depuis lors les scénarii et prennent les dispositions au cas où.
Le président Macron semblait afficher au grand jour une indifférence face à cette échéance même s’il s’était personnellement réjoui de la décision d’Alassane Ouattara, début mars, de ne pas briguer un 3e mandat. A présent la donne a changé. Le candidat déclaré du pouvoir a perdu la vie et le Rhdp qui n’a pas préparé un plan B ou du moins qui avait basé tous ses plans sur la candidature de Gon est à nouveau à la recherche de la perle rare à même de lui offrir le graal.
Le parti présidentiel n’a pas cherché loin. Depuis la fin des obsèques du Premier ministre, tous ses cadres à l’unisson, à part quelques réservés isolés, chantent à l’unisson pour une troisième candidature d’Alassane Ouattara qui, librement, avait décidé de transférer, selon ses propres termes, le pouvoir à une jeune génération.
La stratégie est connue. Réunir quelques têtes couronnées affamées, conditionner les cadres qui veulent toujours garder leurs places dans l’administration et leur faire dire qu’ils sont pour que Ouattara rempile. On les prendra alors pour l’ensemble du peuple et on dira que c’est le peuple qui veut qu’il se présente et le tour est joué. Paris observe toute cette agitation avec circonspection. Le 14 juillet dernier, le ministre français des affaires étrangères avait remarquablement abandonné les festivités du 14 juillet dans son pays pour être présent au bord de la lagune Ebrié auprès d’Alassane Ouattara pour pleurer avec la Côte d’Ivoire. Les deux personnalités ont même eu un tête-à-tête dont le contenu reste jusque-là secret.
Qu’est-ce qu’ils se sont dit ? Le ministre français de la Défense Jean Yves Le Drian a-t-il transmis le soutien de Paris à son hôte du jour ? Difficile d’y répondre pour l’instant. Mais la réponse pourrait venir du journal parisien ‘’Le Monde’’. Le confrère dans son édition en ligne du 24 juillet 2020, dévoile une confidence d’un officiel français qui s’est clairement prononcé sur la situation dans notre pays. « Le besoin déjà identifié demeure et nous le lui avons dit. Mais, avec un pays comme la Côte d’Ivoire, nous jouerons de toute façon la carte de la stabilité. Notre relation nous permet de tout nous dire, mais la rupture n’est pas possible ». Tels sont les propos de cet officiel dont le nom n’a pas été révélé par le confrère. Celui-ci réaffirme le respect de la limitation des mandats mais on décèle dans ses propos la position alambiquée de Paris. Laquelle au nom de la stabilité dont le garant est selon toute vraisemblance Alassane Ouattara, affiche qu’elle ne sera pas aussi neutre qu’on le croirait. La France ne veut pas avoir de ‘’réaction outragée’’, selon le confrère. Une fuite en avant visant à fermer les yeux sur la suite des choses.
A l‘analyse, Paris serait disposé à donner son coup de pouce à quelqu’un qui s’est pourtant clairement prononcé pour passer le témoin à une nouvelle génération. Que le président Macron ait félicité son homologue après cette déclaration, que Ouattara lui-même présente, dès cet instant-là, l’image d’un chef qui renie sa parole et qui de ce fait devient très peu crédible, tout cela ne devrait gêner au nom des intérêts français. On attend la réaction officielle du président Macron quand, au bout de la manœuvre du Rhdp, Alassane Ouattara se sera déclaré lui-même candidat.
De toutes les façons et ce n’est un secret pour chaque ivoirien, la France ne peut pas avoir tout misé sur Ouattara dans la crise de 2010/2011 pour et le lâcher au bout de dix petites années.
DSB