COTE D’IVOIRE :POLITIQUE Politicienne / RAPPROCHEMENT GBAGBO-BEDIE: LA CAMP FPI AFFI RÈGLE SES COMPTES AVEC..

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COTE D’IVOIRE :POLITIQUE Politicienne / RAPPROCHEMENT GBAGBO-BEDIE: LA CAMP FPI AFFI RÈGLE SES COMPTES AVEC..

Affaire orpaillage clandestin en Côte d’Ivoire, ce que m’inspire la conférence de presse de M. Billon.

Suite aux récentes accusations portées par le président Bedié contre le pouvoir RHDP, M. Jean Louis Billon, a animé une conférence de presse ce lundi 10 juin pour clarifier la position du leader du PDCI qui portait sur deux (2) éléments essentiels :

1 – L’orpaillage (clandestin).

Selon le président Bedié, des gens (?) auraient sous le prétexte de l’orpaillage stationnés des étrangers armés dans des villages en vue d’opérer un hold-up (électoral ou coup d’Etat ?) sur la Côte d’Ivoire.

2 – La fraude sur la nationalité ivoirienne.

Le président Bedié dénonce également le fait que des gens (?) fassent venir clandestinement en Côte d’Ivoire des étrangers à qui des papiers ivoiriens sont complaisamment établis, principalement dans la commune d’Abobo, pour leur permettre de voter illégalement en 2020.

Voilà les deux (2) accusations du président Bedié. S’il ne le cite pas expressément il est aisé de comprendre que c’est le pouvoir RHDP qu’il vise implicitement.

En vue d’apporter de l’eau au moulin de M. Bedié, et surtout les preuves qui confirment les accusations précitées, M. Billon a animé un conférence de presse qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable, tant dans la forme que dans le fond.

M. Billon, pour qui j’ai de la considération, envisage semble-t-il de briguer le fauteuil présidentiel. Une telle ambition, légitime, commande qu’il soigne la forme de ses propos liminaires qu’il a bien voulu mettre à la disposition de la presse, d’une part, et, surtout, qu’il adopte une démarche intellectuelle un peu plus rigoureuse à l’effet de confondre ses détracteurs sur les faits précis avancés par Bedié. Analysons.

Ne nous attardons pas sur la forme que je mets sur le compte certainement de la précipitation avec laquelle cette conférence a été préparée. Préoccupons nous davantage du fond. À ce sujet, je m’attendais à ce que M. Billon donne des éléments chiffrés, probants et factuels sur les deux préoccupations soulevées par M. Bedié qui, je le rappelle, sont claires et précises. Je les ai rappelé ci-avant.

Subséquemment, je m’attendais à ce que M. Billon, sur la foi des déclarations de M. Bedié, nous informe sur notamment :
– qui convoie illégalement des étrangers en Côte d’Ivoire ?
– d’où viennent ces étrangers ?
– dans quels villages précis ont-ils été stationnés ?
– quels types d’armes portent-ils ?
– quelle est la nature du hold-up qu’ils doivent opérer sur notre pays ?

Au lieu de cela nous avons eu droit tantôt à l’énonciation d’une suite de faits divers portant sur des crimes crapuleux et des coups et blessures volontaires comme malheureusement on en voit dans nos villes et hameaux sans qu’on puisse en établir un quelconque lien de causalité avec des acteurs politiques, tantôt à une dénonciation de l’utilisation d’enfants et d’élèves comme orpailleurs dans certains villages.

Bref, vous l’aurez compris, rien de vraiment probant sur les accusations du président Bedié qui pourtant ne souffraient d’aucune ambiguïté. À titre de comparaison, le fait que des malfrats, armés, attaquent régulièrement des banques, commerces et opérateurs économiques ne signifie pas, à priori et jusqu’à preuve du contraire, que ce sont des étrangers qui sous le prétexte de braquages auraient été convoyés en Côte d’Ivoire pour fausser le jeu électoral.

Ce parallèle pour expliquer qu’une accusation, quelle qu’elle soit, n’est solide et sérieuse que si elle porte en elle les éléments matériels ou immatériels qui la fondent et la confortent. En l’absence de ces éléments il appert de considérer qu’il s’agit ni plus ni moins que de mensonges ou, pire, de propos diffamatoires ou calomnieux. Dura lex sed lex.

La question de l’orpaillage clandestin est un problème réel qu’il faut aborder avec sérieux, responsabilité et circonspection si tel que l’objectif est d’y mettre un terme. Ce fléau, multidimensionnel, devrait surtout interpeller nos leaders politiques notamment en ce qui concerne les questions environnementales et financières subséquentes à la pratique illégale de l’orpaillage clandestin.

La cyanuration et le mercure utilisés dans l’orpaillage clandestin détruisent irréversiblement la flore et la faune des endroits où il est pratiqué. Les conséquences peuvent être dramatiques pour l’environnement et l’économie locale des populations concernées. C’est un fait qui mérite aussi d’être souligné, abordé et solutionné.

À cet égard, d’après le Groupement professionnel des miniers de Côte d’Ivoire (GPMCI), en 2016, ce serait environ 22 tonnes d’or qui sont illicitement sortis du pays. Pour sa part, le ministère de l’Industrie et des Mines, estime qu’entre 2006 et 2016, l’orpaillage clandestin a fait perdre à l’Etat près de 500 milliards de F CFA. Une véritable saignée dans notre budget national. La conséquence c’est que des écoles, des routes, des hôpitaux et des usines qui auraient pu être réalisés avec cette manne financière ne le seront pas. Apparemment cet appauvrissement de l’Etat, et donc des ivoiriens, ne semble pas une préoccupation majeure pour nos politiciens qui préfèrent plutôt jouer au pyromane/pompier.

Je retiens toutefois de la conférence de presse de M. Billon que le gouvernement n’est pas resté insensible face à la question de l’orpaillage clandestin vu qu’à plusieurs reprises il a cité les affrontements, à l’occasion des interventions, entre forces de l’ordre et orpailleurs qui, quelquefois, ont même entraîné la mort de nos vaillants gendarmes.

La 2ème accusation du président Bedié porte, elle, sur la délivrance illégale et outrageante de pièces d’identité ivoirienne à des étrangers. Il a particulièrement pointé l’épicentre de ce trafic qui se situerait à Abobo. Là encore, silence radio. M. Billon n’en a pas fait cas. Nous resterons là encore sur notre faim.

En lieu et place du bradage de notre identité, qui est supposée s’opérer à Abobo, nous avons plutôt eu droit à une litanie sur la fraude générale à la nationalité ivoirienne telle qu’elle a toujours existé dans notre pays sans qu’aucun régime ait pu y apporté une solution définitive. M. Billon a paradoxalement relevé l’efficacité des services douaniers et des forces de l’ordre qui ont pu démanteler plusieurs réseaux de faussaires.

Au final, bien évidemment, il n’a pas réussi à mettre en évidence une quelconque corrélation ou complicité entre le pouvoir actuel et les faussaires présumés en vue de fausser le jeu électoral. C’est pourtant là où nous l’attendions. Cette conférence a pêché par défaut d’éléments probants et par excès d’informations non pertinentes sur les sujets querellés. M. Billon aurait voulu donner un coup de pouce inattendu au pouvoir en place qu’il ne s’y serait pas pris autrement.

Pour paraphraser Jean de la Fontaine je dirais que la montagne a accouché d’une souris, tant j’espérais de cette conférence de presse qu’elle m’aurait permis de confondre, preuves à l’appui, le pouvoir RHDP. Ça été un flop. Il me faudra donc certainement patienter encore un peu avant d’avoir une bonne et sérieuse occasion de voler dans les plumes du régime de M. Ouattara sur la question de l’orpaillage clandestin et la fraude sur notre nationalité.

Certains m’accusent d’être complaisant avec le régime de M. Ouattara. Il n’en est rien. Comme le président Affi, je ne dénonce pas pour le plaisir de le faire mais parce que j’ai des éléments irréfutables et indiscutables sous le coude qui me permettraient de critiquer objectivement le pouvoir. Je l’ai fait à plusieurs reprises déjà et je continuerai de le faire autant de fois que cela sera nécessaire, sans pour autant m’autoflageller en donnant le bâton au RHDP pour me faire battre, faute d’arguments et de preuves solides.

Jean Bonin 
Juriste 
Citoyen ivoirie