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COTE D’IVOIRE /POUR UN RENOUVELLEMENT DE LA CLASSE POLITIQUE

Nous assistons depuis peu à un déplorable jeu d’invectives, entre de hauts responsables des deux principaux partis de la coalition au pouvoir : le RDR et le PDCI. S’il est regrettable pour les ivoiriens d’être témoin d’un tel spectacle, notons que ce qui se passe aujourd’hui était prévisible, pour tout analyste averti de la scène politique de notre pays.
Déjà, dans une publication en date du 08 février dernier, nous attirions l’attention sur «un divorce en sourdine entre les deux principales forces au pouvoir, à l’orée de 2020 ». Nous prédisions qu’il s’agissait en réalité d’une «guéguerre de positionnement. Non pas pour l’amélioration des conditions de vie des ivoiriens, mais juste pour garder le pouvoir et posséder les clés des trésors.»
Aujourd’hui, à écouter la virulence de leurs propos, l’histoire nous donne raison. L’unique motivation de ces deux partis politiques réside dans leur ferme intention de garder le pouvoir pour l’un, et d’en jouir à nouveau pour l’autre. L’intérêt général n’est pas leur priorité. A preuve, le clash auquel ils se livrent ne procède pas de divergences idéologiques clairement exprimées, portant sur notre bien-être. Leur duel n’est qu’un combat de positionnement et de contrôle du pouvoir.

Quand toute l’offre politique d’un parti consiste en substance à dire à l’adversaire « si tu n’es pas RHDP, arrête de MANGER avec le RHDP» (Kandia Camara à Gagnoa lors d’un meeting diffusé au JT de 20H sur RTI 1 le 11 mars 2018), nous avons de sérieuses raisons de nous inquiéter. Ces propos d’une ministre de la République, qui a de surcroît en charge l’éducation des enfants de notre pays, sont inadmissibles. A ce niveau de responsabilités, le sens du devoir consiste à SERVIR, et non SE SERVIR.
D’autre part, quand les cadres d’un parti plus que cinquantenaire, proposent de remettre au-devant de la scène, un candidat octogénaire en 2020, cela est symptomatique que nous sommes au bout du rouleau. Nous ne saurions objectivement nous attendre à mieux qu’ils n’aient déjà fait jusque-là.
Ces dernières années, nous avons vu éclore au PDCI, une vague de jeunes élus qui en voulaient, qui aspiraient à faire bouger les lignes et faire évoluer les choses avec plus de dynamisme. Ils ont osé dire non quand l’intérêt général le leur commandait. Se mettant souvent à dos les directives de la direction de leur parti. Ils en ont subi les foudres. Conséquence : certains se sont même vus retirer la confiance du parti au moment de la désignation des candidats aux élections locales. Cette propension à mettre sous le boisseau la relève qui « dérange » n’est pas à encourager.
Cela dit, que nous proposent concrètement ces partis politiques, pour insuffler à la Côte d’Ivoire et non à leurs leaders uniquement, un second souffle ? Rien !
Notre pays souffre de maux connus et sus de tous, parce que décriés depuis longtemps. Près de 10 ans après la co-gérance de ces deux partis, nous en sommes encore au statu quo. Parceque les mêmes acteurs veulent occuper les mêmes postes, poursuivant les mêmes agendas, avec les mêmes méthodes, les mêmes hommes et les mêmes moyens. Pas étonnant que nous aboutissions aux mêmes résultats ; la stagnation et une paix sociale précaire.

Par conséquent, il nous faut nous tourner résolument vers des acteurs nouveaux, porteurs d’offres politiques nouvelles. Notre pays regorge de jeunes gens compétents, bien formés, qui accomplissent des prouesses professionnelles remarquables ici et partout dans le monde. Il nous faut apprendre à leur faire confiance. Il nous faut renouveler notre échiquier politique. Donner leur chance à de nouveaux acteurs, à de nouvelles propositions, à de nouvelles perspectives d’avenir.
Il nous faut nous affranchir de nos ancrages politiques traditionnels, qui nous sédentarisent dans le surplace. Afin de penser une Côte d’Ivoire nouvelle, riche de sa diversité, forte de sa solidarité. La Côte d’Ivoire du partage doit renaitre. Celle qui distribue à chacun de ses enfants le fruit de ses entrailles, dans la justice et l’équité doit resurgir. La classe politique actuelle a montré ses limites à y parvenir.
C’est plus que jamais l’heure de notre responsabilité collective qui a sonné. La Côte d’Ivoire de demain, donc de notre jeunesse, sera celle que par nos choix, nous déciderons d’en faire aujourd’hui.

Hamed koffi Zarour / presse opinion

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