La nomination au poste de Secrétaire général de la présidence de Abdourhamane Cissé inspire notre éditorialiste Philippe Di Nacera. Son analyse.
Renverser la table pour reprendre la main. La brutale disparition des deux hommes les plus forts de son système, Amadou Gon Coulibaly et Hamed Bakayoko, que le sort a arraché à leur destin et aux plans présidentiels, oblige le Chef de l’État, en fin politique, à agir vite et fort. Et même à surprendre pour créer les conditions d’une forme de sidération dans la classe politique. Les événements qui ainsi avaient semblé un temps lui échapper, le Président en reprend la maîtrise avec vigueur, délivrant au passage plusieurs messages au petit monde politique et aux Ivoiriens.
Le premier message est très clair :le renouvellement et rajeunissement annonces par alassane ouattara lors du dernier conseil des ministres du gouvernement hamed bakayoko , le 24 mars dernier;aura bien lieu La nomination, hier, du jeune ministre de l’Energie et du pétrole, Abdourahmane Cissé, au poste de Secrétaire Général de la Présidence de la République, c’est à dire à l’une des fonctions les plus stratégiques au cœur du pouvoir, relève de cette logique. Si son nom circulait parmi ceux qui pouvaient accéder à ce poste, il n’était pas le favoris des pronostiqueurs. L’effet de surprise joue. L’homme est brillant. Polytechnicien et diplômé de l’Institut français du Pétrole, il avait déjà été à 32 ans le benjamin du gouvernement Ivoirien. A 39 ans aujourd’hui, il est sans conteste le plus jeune Secrétaire Général de la Présidence que le pays a connu. Il faut donc s’attendre, à la suite de cette nomination, à de profonds changements et à un sérieux coup jeune dans les sphères du pouvoir, singulièrement au sein du nouveau gouvernement en cours de constitution sous l’égide de Patrick Achi.
Le second message semble concerner la gouvernance, j’entends par là, la lutte contre la corruption qui gangrène des secteurs entiers de l’économie et agit, du fait de l’évaporation de ressources importantes qu’elle induit, comme un plafond de verre bloquant la réelle avancée du pays vers les critères de l’émergence. En charge du budget à l’époque de son entrée au gouvernement, Abdourahmane Cissé, pas plus impressionné que cela, avait fait montre d’une autorité et d’une fermeté de caractère qui avaient surpris bon nombre de ses collègues, attirant sur lui quelques foudres et suscitant des intimités à son endroit.
L’homme n’a donc la réputation de n’être ni laxiste ni bienveillant à l’égard des procédures, disons « discutables », quand il s’agit d’engager l’argent de l’Etat, donc celui du contribuable Ivoirien. Ce ferme caractère ne lui sera pas de trop dans ses nouvelles fonctions. Il se dit, pour clarifier encore les choses, que le Président de la République et le Premier Ministre envisagent de créer un poste ministériel spécifiquement chargé de combattre la corruption. Ce serait un autre signal fort quand à l’orientation vers le développement de la Côte d’Ivoire qu’entendre donner le Président à son dernier mandat.
Enfin, il convient de remarquer que le Chef de l’Etat, dans des circonstances dramatiques pour lui, doit reconstituer un groupe d’hommes (et de femmes) forts et de confiance pour l’aider mener à bien ce mandat. Patrick Achi à la tête du gouvernement, Adama Bictogo au parti, Fidel Sarassoro dans d’éminentes fonctions, kandia Camara, probablement à Abobo pour tenir le « fief », Tchomba pour tenir les députés…. Et dans ce cercle très fermé de ceux qui décident vraiment, le petit nouveau, Abdourahmane Cissé, dont on n’a pas fini d’entendre parler.
ABDOURHAMANE CISSE