Côte d’Ivoire: rétrocommissions, contrats douteux, Alain Richard Donwahi sur la sellette

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Côte d’Ivoire: rétrocommissions, contrats douteux, Alain Richard Donwahi sur la sellette

L’ex-ministre ivoirien de La Défense , Alain Richard Donwahi – alias ARD – se retrouve depuis quelques semaines dans le collimateur du premier ministre Amadou Gon Coulibaly et de Hamed Bakayoko, Ministre d’Etat chargé de La Défense. En cause, plusieurs contrats douteux engagés par Alain-Richard Donwahi et son homme de confiance, Mamadou Koné, Chargé des moyens généraux au Centre de coordination des décisions opérationnelles,CCDO.

Alain-Richard Donwahi et les petits arrangements en copains

Selon nos sources proches de la primature ivoirienne, ces contrats qui concernent le budget militaire 2017-2019 avoisineraient un montant de 30 milliards de francs CFA confiés pour la plupart à des parents et amis. La plupart des sociétés et fournisseurs appartiennent en réalité au ministre de La Défense d’alors, c’est le cas de La société INNOTECH créée fin Mai 2016, basée à Abidjan, précisément dans la commune de Cocody à Angré-Djibi gérée par un proche d’ Alain Richard Donwahi. A ce jour les équipements militaires commandés auprès de ladite société n’ont toujours pas été livrés malgré les nombreux décaissements effectués par le sieur Mamadou Koné, le Chargé des moyens généraux au sein du Centre de coordination des décisions opérationnelles ( CCDO ). Dans une récente parution nos confrères de La Lettre du Continent attirait déjà l’attention sur ” les marchés pour des équipements militaires hors armement et des tenues qui ont été accordés à la Société d’équipement de sécurité et d’intervention des forces africaines de Côte d’Ivoire (SEIFA). Car parmi les actionnaires de cette entité fondée par Mohamed Yassine se trouve l’épouse d’Alain-Richard Donwahi, patronne de Sippi Investments. C’est aussi le cas d’un certain Sikraoui, un libanais résident à Abidjan, qui fait dans La vitrerie mais auprès de qui plusieurs commandes ont été passées pour des achats d’équipements et de matériels militaires.

Amadou Gon Coulibaly ulcéré par le flou qui entoure les contrats d’achats d’équipements et de matériels militaires

Les causes du départ d’Alain Richard Donwahi du ministère de La Défense peuvent trouver une explication dans la dernière commission d’enquête diligentée par le premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Ayant repris en main l’épineux dossier des mutineries, le nouveau premier ministre s’est vite rendu compte que les conditions de vie et de travail des militaires ivoiriens laissaient à désirer et que les colossaux moyens consentis par l’état ivoirien ne reflétaient pas la réalité dans les casernes.

Fait marquant, nous sommes le 22 Juillet 2017, la gendarmerie d’Azaguié, localité située à une quarantaine de kilomètres au Nord d’Abidjan, est attaquée. Le groupe d’intervention qui a pris le départ d’Abidjan a connu deux pannes sèches de chars avant de rejoindre Azaguié. Les engins sont vieux, défaillants ou nécessitent la maintenance. Une situation qui aura occasionné plus de trois heures de retard avant une réaction de l’anti-terroriste. Alerté par ses services, cet incident a fait bondir le nouveau premier ministre Amadou Gon Coulibaly d’autant plus qu’il avait déjà été informé d’un nouveau décaissement de 5 milliards de FCFA ordonné par A-R Donwahi pour le paiement des fournisseurs quelques jours avant son départ du ministère de La Défense. Un document dont nous avons copie.

En effet ce dernier était dans le collimateur du nouveau vice-président du RDR depuis quelques mois, car selon nos sources proches de l’état-major ivoirien, malgré les moyens mis à sa disposition A-R Donwahi aurait demandé une rallonge budgétaire pour terminer la réhabilitation des casernes. Demande immédiatement bloquée par le premier ministre, puisqu’à ce jour, dans les faits nous sommes bien loin des chiffres de 90% de taux de réhabilitation souvent exhibés par ARD.

Mamadou Koné, l’homme de confiance…

Dans ce vaste dossier de contrats douteux, l’actuel ministre des Eaux et Forêts de la Côte d’Ivoire s’appuie sur son homme de confiance, Mamadou Koné, le sulfureux Chargé ( et non Directeur ) des moyens généraux au sein du CCDO. Il occupait déjà un poste similaire au Conseil National de Sécurité pour le compte de ARD avec titre de conseiller technique chargé de l’équipement auprès de ce dernier. Sur les factures et documents que nous avons pu consulter, c’est Mamadou Koné qui s’occupe de toutes les transactions financières. Alain-Richard Donwahi et Mamadou Koné travaillent et collaborent en parfaite intelligence.

Depuis le dernier réaménagement technique au sein du gouvernement ivoirien Mamadou Koné tente vainement de se rapprocher du nouveau ministre d’Etat chargé de La Défense Hamed Bakayoko, mais ce dernier ayant eu vent de nombreuses malversations a récemment demandé qu’on lui fasse parvenir factures et le point des travaux déjà engagés ou exécutés dans le cadre de la réhabilitation des casernes militaires à Abidjan. Un épineux dossier qui donne de l’insomnie à ARD.

La Côte d’Ivoire a lancé en 2016 une ambitieuse loi de programmation militaire jusqu’en 2020, qui prévoit la modernisation et des achats d’équipements pour 1,2 milliard d’euros et une refonte des effectifs. Le département anti-terroriste manque cruellement de moyens pour faire face à la menace grandissante, et la réhabilitation des casernes traînent. L’enquête en cours dont les conclusions seront sur la table du Premier ministre ivoirien dans les prochains jours pourraient coûter à Alain Richard Donwahi son portefeuille ministériel. Le ministre et son homme de main Mamadou Koné se savent désormais sur la sellette.

De notre correspondant à Abidjan, Ismaël Ouattara/AFRIKATV