Guillaume Soro est tiraillé aujourd’hui entre les »modérés » et les »durs » de son camp. L’un de ses plus proches collaborateurs, qui a requis l’anonymat, nous l’a fait savoir au cours d’un échange.
« Il y a un malaise en notre sein. Nous qui voulons un rapprochement entre notre patron (Soro) et le président Alassane Ouattara, sommes vus comme des traîtres », révélait ce collaborateur du patron des députés. « C’est malsain dans le camp Soro, actuellement. C’est divisé », insiste-t-il. Il évoque une réunion entre Soro et des jeunes, dimanche 24 décembre 2017, à la résidence privée du président de l’Assemblée nationale, à Marcory résidentiel. « Il a reçu un groupe de jeunes, dimanche 24 décembre 2017, à sa résidence privée, pour partager un repas. Il a profité de l’occasion pour saluer ces jeunes pour leur fidélité. Il leur a dit qu’ils n’ont pas fait comme certains qui, parce qu’ils sont en fonction, ne l’ont pas soutenu, et quand ils perdent leurs privilèges, ils viennent s’aligner. Indirectement, il veut parler de certains de ses collaborateurs », révèle notre interlocuteur.
A la rencontre, il aurait aussi été question de l’hypothèse, pour Soro, de continuer à demander pardon afin que les liens entre lui et Alassane Ouattara puissent se resserrer. Notre informateur, présent ce jour à la résidence, explique que le président de l’Assemblée a semblé agacé par ce sujet. « Pour lui, il n’est pas question de demander de pardon, parce que le faire, c’est comme si on se reprochait quelque chose ; c’est comme s’il était coupable d’un acte », révèle ce collaborateur du député de Ferké. « Il a motivé les jeunes et leur a demandé d’être sereins. Il a annoncé qu’il sera candidat et qu’il n’a pas à demander pardon à quelqu’un », croit-il savoir.
Ce collaborateur de Soro dit n’avoir pas apprécié les propos de son patron. Pour lui, ces propos les divisent. « D’autre part, nous accusons Soro parce qu’il nous donne le sentiment qu’il tire profit de cette division. Pourquoi ne se prononce-t-il pas clairement sur le sujet ? », s’est-il interrogé.
L’informateur, qui fait partie des hommes de confiance de Guillaume Soro, souhaite que son patron continue d’opter pour le pardon afin de renforcer la confiance entre lui et le président Ouattara. « (…) La majorité silencieuse, parmi nous, opte pour le pardon. Notre objectif, c’est de le rapprocher davantage de Ouattara de sorte qu’il puisse bénéficier de la confiance du président de la République », lâche notre interlocuteur. Il déclare qu’une fois la confiance rétablie, son patron pourrait jouer « un rôle très important dans la gestion du pays ». « Pour nous, c’est la stratégie. Faire renaître et renforcer la confiance entre Soro et Ouattara. A partir de là, tout va aller dans le bon sens », soutient ce proche de Guillaume Soro. Qui appelle le président de l’Assemblée nationale à clarifier sa position pour éviter de les affaiblir davantage.
Y.DOUMBIA