Dans le silence qui règne sur la question presque taboue de la succession d Alassane ouattara ’, deux de ses lieutenants ont déjà pris leurs marques. Si le ministre de la Défense a lui utilisé un voltigeur, le Premier ministre opte pour une communication ciblée. Très offensif sur son compte Twitter, Amadou Gon Coulibaly décide de mettre les bouchées doubles. Qui emportera la bataille des « fidèles » ? Analyse de Nelson Zimin.
Qui ne ménage pas sa monture continuera à pied, bonjour!
Mon cher Fangan ?
La vie de votre pays va bientôt « chauffer » (sera excitante), comme le disent tes petits frères. J’espère que tu n’en manqueras aucune miette, et pour ce faire, je te mets déjà la puce à l’oreille pour que tu prennes ton tabouret. Avant 2020, année au cours de laquelle se tiendra l’élection présidentielle, il se passera énormément de choses. Surtout quand on sait que « les vieilles personnes »de votre pays hésitent à prendre leurs retraites, il faut s’attendre à des successions brutales et implosives. Je ne vais pas revenir sur la gueguerre affi N’Guessan laurent gbagbo au fpi , qui n’est que l’expression préliminaire du spectacle grandeur nature que nous offriront les 3 « grand-petits » partis politiques du pays. Si au PDCI RDA Henri Konan Bédié reste encore hésitant et observe timide un Jean-Louis Billon trop policé pour le job, Alassane Ouattara lui semble avoir lancé les présélections. Deux de ses fidèles ont pris le devant des choses dans deux styles différents.
Hamed Bakayoko, une approche populiste via haut-parleur spécialisé
L’occasion des élections municipales a été idéale pour le ministre de la Défense Hamed Bakayoko, pour renouer avec l’un de ses porte-flingues préférés qui l’avait quitté lors de l’élection présidentielle de 2010, pour rejoindre la galaxie des « jeunes patriotes » proches de l’ex-président Gbagbo. Zasso Dagrou Patrick dit « en global », a été celui qui porte le projet pilote de la mobilisation pour le compte du Golden Boy. « 2020 approche et on ne connait pas le successeur du Président Alassane Ouattara. Et comme tout héritage se prépare, nous pensons que comme, le président Houphouët-Boigny a préparé Alassane Ouattara, Alassane Ouattara cherche lui aussi a préparer et former Ahmed Bakayoko. C’est pourquoi en 2020, nous les jeunes, avons choisi Hamed Bakayoko comme notre candidat », a-t-il révélé le 28 mars 2019.
Si aucun cadre du RHDP unifié , à l’instar d’Amadou Gon Coulibaly, n’avait osé s’avancer sur ce sujet presque tabou de la succession de Ouattara, Hambak a innové et, lui peut se le permettre. Ce fidèle inconditionnel d’ Alassane Ouattara, qui doit tout à Dominique et Ouattara, reste « l’enfant chéri » du couple présidentiel qui ne risque pas d’être accusé de trahison. Hamed Bakayoko, contrairement à Gon Coulibaly, a veillé au sens propre comme au sens figuré à la sécurité et la protection de son mentor, au point de devenir un membre de la famille. Cette affaire date des années 1990. Tu l’as bien remarqué à la résidence présidentielle au moment de l’arrestation de l’ex-Chef d’État Laurent Gbagbo. Il est en quelque sorte le Darty de la confiance de Ouattara, mais Gon Coulibaly reste un pilier de poids.
Amadou Gon Coulibaly, soft et digital pour un positionnement Présidentiel
« Pousser démarrer », comme les ivoiriens le blaze pour sa santé fragile, Gon Coulibaly a eu besoin de motivation. Déjà actif sur twitter pour le compte de la primature, le Premier ministre veut marquer le pas. Désormais entouré de jeunes community managers, AGC a décidé de prendre rendez-vous avec les internautes. « Je lis avec la plus grande attention chacun de vos messages et vous remercie pour l’intérêt porté aux sujets que j’évoque. Je vais prochainement mettre en place un rendez-vous régulier au cours duquel je répondrai à vos questions », a-t-il annoncé sur son compte Twitter le 4 avril 2019.
S’il restait encore très prudent au cours de ses meetings, à lancer des piques aux adversaires du chef de l’état, Gon Coulibaly veut s’offrir un espace propre à lui pour travailler son positionnement. Ce personnage clé du dispositif de l’administration Ouattara a été de tous les combats pour la conquête du pouvoir d’état. Le RDR lui doit certainement beaucoup. Mais il est également au cœur du dispositif sécuritaire du président de la République. Amadou Coulibaly est l’un de ses cousins qui dirige les renseignements extérieurs de la présidence. Si Ouattara ne se présente pas à l’élection présidentielle de 2020, ce serait à l’un de ses plus fidèles qu’il confiera l’étendard du RHDP unifié, pour tenter de préserver et sauvegarder les intérêts du clan. Cela valait un coup de pied aux fesses de l’ex-pan, Guillaume Soro. Bon, mon cher Fangan, jour du Seigneur, je te laisse pour plaider pour la rémission de mes nombreux péchés, en compagnie de Publilius Syrus : « Qui ne sait conserver un petit héritage court le risque bientôt de faire un grand naufrage ».
À bientôt
Nelson Zimi