Depuis 10 mois maintenant que je suis maman, ma vie a changé. Pas comme vous le pensez, pas comme vous l’imaginez. Oui, la vie à 3, change beaucoup de choses. Une nouvelle organisation, un petit être à gérer, des habitudes à perdre et d’autres à prendre. On pense d’abord à son enfant et ensuite à soi. La vie ne tourne plus autour du couple, mais autour de l’enfant. Pourtant, pour moi, ce qui a vraiment changé depuis que je suis maman ?? LA PEUR …
Ma fille, c’est mon rayon de soleil, ma bouffée d’oxygène après une journée de travail trop longue. Il suffit que je respire son odeur, pour aller mieux. Il suffit que je l’entende rire, pour retrouver le moral. Un simple câlin de sa part et me voilà la plus heureuse du monde. Ma fille, c’est ma drogue. Une drogue dure, dont on ne peut pas se défaire. Mon bien le plus précieux. Elle est mes tripes, ma vie, mon moteur et mon sang. Pour elle, j’irai décrocher la lune et je tuerai s’il le fallait.
Alors, quand j’entends parler d’enlèvements, d’accidents ou de maladies qui touchent des enfants, j’en suis malade. Une peur tapit dans l’ombre me saute à la gorge. Et si c’était ma fille ? Rien que d’y penser, la douleur est si vive, parait si réelle, que je sais que je n’y survivrai pas en vrai. Et cette peur est encore plus présente depuis les attentats de grand bassam. Si comme le monde entier, , l’attentat de grand Bassam me laisse un goût amer plus prononcé. Des vacanciers, des gens comme nous, venus profiter de la place ivoirienne. Un acte banal, un acte de la vie quotidienne, transformé en barbarie. Cet attentat me parait tellement plus réel. Quand je pense à cette pauvre maman, Margot, qui a perdu sa fille . Alors oui, je le dis. Au fond de moi, il y a cette peur. J’essaye de la mettre en sourdine, de l’ignorer, mais elle reste bien présente, tapit dans l’ombre. Elle guette. J’ai peur. Pas tant pour moi, mais pour elle. Peur de la perdre. Peur qu’une simple sortie en famille se transforme en cauchemar. Peur de la maladie, de l’accident, du kidnapping.
J’ai déjà perdu un être cher, J’avais 15 ans et la douleur était si insupportable que je ne souhaite jamais la revivre. Je me suis retrouvée comme un zombie, en mode pilote automatique, en dehors de mon propre corps, pendant pas mal de temps. Et 11 ans après, je n’ai toujours pas fait le deuil… . Alors, perdre mon unique enfant ? Mon bébé ? La chaire de ma chaire ? Impossible… Je ne pourrais pas le supporter. La vie n’aurait plus d’intérêt. Pourquoi continuer à vivre, si je ne peux plus la serrer dans mes bras ? Pourquoi continuer à vivre, si je ne peux plus plonger mon regard dans le sien ? Je le sais, j’irai la rejoindre…
propos receuillir par Charles vabe/ presse -opinion.com