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COTE D’IVOIRE: Tout sur le système Hamed Bakayoko. Ses hommes, son réseau franc-maçon… De graves révélations

Hamed-BakayokoParu le 18 juillet 2013, « La Lettre du Continent » a percé le mystère Hamed Bakayoko, ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité. Dans cette première partie, nous descendons au cœur su système de la communication et des Forces défense du Pays, avec comme figures emblématiques, deux hommes. Le general Bakayoko, le président de la Cei, Youssouf Bakayoko et le génie de la Com, Sawegnon . Hamed Bakayoko, un fidèle d’ADO qui soigne ses amitiés, une famille bien placée, la chasse gardée des médias, ses acolytes du stasystem…

Actuel ministre de l’intérieur, Hamed Bakayoko a forgé ses réseaux tout au long d’une carrière l’ayant amené à siéger sans discontinuer depuis dix ans sur les plus hautes marches de l’exécutif ivoirien. Membre influent du RDR et fidèle du couple présidentiel, il se pose aujourd’hui comme l’une  des figures incontournables de l’entourage d’Alassane Ouattara.

Délogé du ministère des NTIC et de la communication pour diriger celui de l’intérieur après la crise postélectorale, cet ancien  journaliste et patron de presse a conservé de solides amitiés dans ce secteur. Nombre de ses  relations pilotent aujourd’hui les principaux médias de Côte d’Ivoire. A 48 ans, Hamed Bakayoko fait surtout office de véritable sécurocrate du chef de l’Etat.

Faisant  preuve d’un certain zèle dans cette mission, il passe pour être le principal pourfendeur des pro- Gbagbo, et a placé ses hommes aussi bien au sein de la franc­maçonnerie (dont il est membre) qu’à  la tête des institutions sous la tutelle de son département (surveillance du territoire, renseignement,  police…). Son statut de numéro deux du gouvernement et ses ambitions présidentielles ont forcé Hamed Bakayoko à ripoliner son image ces derniers mois en réfrénant son penchant décrié pour la  fête. S’il a pris ses distances avec le milieu des boîtes de nuit qu’il a longtemps côtoyé, le ministre  d’Etat n’en conserve pas moins de nombreuses relations dans le show­business ou le monde du  sport, dont il raffole toujours.

Hamed Bakayoko, un fidèle d’ADO qui soigne ses amitiés

Une famille bien placée

 

Originaire du Nord de la Côte d’Ivoire mais né à Abidjan où il a grandi, Hamed Bakayoko dit « Hambak » dispose  grâce à sa famille d’appuis solides dans ces deux régions. Son frère, Zoumana Bakayoko, homme d’affaires  récemment élu député, est solidement implanté dans la capitale économique du pays. Son oncle, Youssouf  Bakayoko, lui a permis de s’implanter dans la région de Séguéla (nord) en l’adoubant comme son héritier en  tant que député. Grâce à son mariage avec Yolande Tanoh et à sa belle famille, Hamed Bakayoko a également pu pénétrer le discret réseau de la franc maçonnerie ivoirienne.  Zoumana Bakayoko, député du Plateau (Abidjan), frère aîné d’Hamed Bakayoko, fait office de fidèle confident du ministre de  l’intérieur. Homme d’affaires avisé, celui que les Ivoiriens surnomment « Zoumbak » ­  un clin d’œil  avec Hambak ­  s’est à son tour lancé en politique en se faisant élire député du quartier chic du  Plateau, à Abidjan, lors des législatives de 2011. Il briguait ce siège sous la bannière du   Rassemblement des républicains (RDR, au pouvoir) et a bénéficié pour ce scrutin du soutien du maire de la commune depuis 2001, Noël Akossi Bendjo. En retour, Zoumana Bakayoko a dirigé la  campagne du maire sortant lors des municipales d’avril 2013 au terme desquelles Bendjo a été de  nouveau plébiscité sous la bannière PDCI à la suite d’un accord avec l’actuel parti au pouvoir en  Côte d’Ivoire. Zoumana Bakayoko cumule son titre de député avec celui de premier adjoint au  maire de cette municipalité.

Yolande Tanoh  Epouse, avocate 

Avocate de profession, l’épouse d’Hamed Bakayoko, Yolande Tanoh, a rencontré son futur époux  en 1994. Ce dernier était alors poursuivi par la justice ivoirienne pour injure à l’encontre du chef de  l’Etat de l’époque, Henri Konan Bédié. La « robe noire » exerçait sa profession comme associée au sein du cabinet de Michel Coffie, fils de Clotaire Magloire Coffie, patron de la Grande Loge de  Côte d’Ivoire (GLCI). Mais cela n’a pas suffi à empêcher Hamed Bakayoko d’écoper d’une peine d’un an d’emprisonnement. Après leur mariage, le couple a eu quatre enfants.  Bien qu’elle ait mis sa profession entre parenthèses, Yolande Tanoh n’en demeure pas moins une  femme active dans le business. De 2004 à 2005, elle a notamment dirigé L’Alizé Club, night­club  branché du XVe arrondissement de Paris géré par Idriss Karamoko (lire ci-dessous).

En 2011 et  2012, la présidente de ce club n’était autre que Nathalie Laurent, une ressortissante belge qui  officie également comme secrétaire particulière du ministre de l’intérieur, à Abidjan.  Réseaux maçonniques ­  Yolande Tanoh est issue d’une famille ayant pignon sur rue en Côte  d’Ivoire et dont Hamed Bakayoko tire une partie de son influence. Son père avocat, Emmanuel  Tanoh, appartient au Conseil constitutionnel. Il est également le numéro deux de la Grande  Loge de Côte d’Ivoire (GLCI). On lui doit d’ailleurs d’avoir sensibilisé son gendre au rite maçonnique et de l’avoir introduit au sein de cette institution à la fin des années 90.

De cette  période, Hamed Bakayoko a su tisser de solides liens parmi ses « frères » à commencer par le grand maître depuis plus de vingt ans, Clotaire Magloire Coffie. Il y a également rencontré d’autres  personnalités comme Bruno Koné, actuel ministre de la poste, des technologies de l’information et  de la communication, l’ex ­premier ministre Jeannot Ahoussou Kouadio ou encore l’ex­-procureur Simplice Koffi Kouadio. Le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, rival potentiel  d’Hamed Bakayoko dans le cadre d’une future présidentielle, appartient également à la GLCI.

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Une famille bien placée

Emmanuel Tanoh est également une figure du RDR depuis les années 90 et un membre du premier cercle d’Alassane Ouattara. En 2010, il a dirigé la campagne électorale de l’actuel président  ivoirien dans le Moyen­ Comoé (est). Avec sa fille, il a également fait partie du collectif d’avocats  constitué en 1999 en vue de défendre le patron du RDR face au régime d’Henri Konan Bédié,  déterminé à l’empêcher de briguer le scrutin présidentiel. Autre membre de la famille, le frère de  Yolande Tanoh, Alain Tanoh, s’apprêtait en 2011 à créer en partenariat avec Zoumana Bakayoko  une société d’importation de riz avec la garantie de la banque étatique Versus Bank. Ce projet n’a  vraisemblablement jamais vu le jour. Très proche de la fratrie Bakayoko, Alain Tanoh a présenté  aux deux frères plusieurs de ses contacts parmi lesquels Fabrice Sawegnon et Mohamed Cheick  Karamoko (lire ci-­dessous).

Youssouf Bakayoko 

Né en 1943

Oncle, président de la Commission électorale indépendante de Côte d’Ivoire (CEI)  Autre parent bien installé dans les rouages du pouvoir sur lequel Hamed Bakayoko peut compter,  son oncle, l’ancien ministre des affaires étrangères Youssouf Bakayoko qui préside depuis 2010  la Commission électorale ivoirienne (CEI). Cette institution a reconnu, depuis l’Hôtel du golf où il  s’était réfugié ­  officiellement pour des raisons de sécurité ­,  la victoire d’Alassane Ouattara à  l’issue de la présidentielle de 2010 déclenchant aussitôt les contre­feux du Conseil constitutionnel  dirigé par Paul Yao N’Dré. La CEI a par ailleurs supervisé tous les scrutins qui ont suivi, dont les Législatives et les municipales couplées aux régionales.

Fin 2011, Hamed Bakayoko a succédé à  son oncle comme député de Séguéla (nord-ouest), mandat que Youssouf Bakayoko occupait  depuis 1995. Il a par ailleurs été maire de la ville de 1990 à 1995. Ce scrutin a signé une véritable  passation de pouvoir familiale entre l’oncle et le neveu dans cette région diamantifère qui reste  toujours contrôlée par l’ex- commandant de zone « comzone » Issiaka Ouattara, lui­-même originaire  de Séguéla (voir notre Insiders dédié aux réseaux de Guillaume Soro).

Diplomate de carrière, Youssouf Bakayoko a été ministre des affaires étrangères au sein des  différents gouvernements d’union nationale entre 2005 et 2010. Titulaire d’une licence en lettres de  l’Université Paris X­Nanterre, il a également obtenu un certificat en droit et économie de l’Institut  universitaire de hautes études internationales de Genève, un diplôme de la Fondation  Carnegie pour la paix internationale (Genève) ainsi qu’un diplôme de l’Institut des hautes études de la défense nationale (Paris). www.AfricaIntelligence.fr

Hamed Bakayoko, un fidèle d’ADO qui soigne ses amitiés

La chasse gardée des médias et de la com’

Fort d’une carrière de plus de dix ans au cœur du paysage médiatique ivoirien, Hamed Bakayoko a su conserver et faire fructifier de nombreux réseaux dans ce secteur stratégique. Directeur du quotidien Le Patriote, il a également à son actif sept années à la tête du ministère des nouvelles technologies de l’information et de la communication (2003­2010). Capable de mobiliser journalistes comme directeurs de rédaction favorables au pouvoir, le ministre de l’intérieur gère savamment l’image du régime Ouattara tout en peaufinant la  sienne. De cette période sont nées ses amitiés avec des communicants comme Fabrice Sawegnon ou des personnalités des milieux d’affaires comme Mohamed Cheick Karamoko, tous deux étant devenus des pièces  maîtresse de sa galaxie.

Fabrice Sawegnon 

Né en 1972

Homme d’affaires et de communication, DG de Voodoo communication.

C’est le beau­frère d’Hamed Bakayoko, Alain Tanoh, qui lui a présenté le publicitaire ivoirien Fabrice Sawegnon à la fin des années 90. Tanoh et Sawegnon sont des amis d’université qui ont  étudié à l’Institut national polytechnique Félix Houphouët Boigny de Yamoussoukro. Devenus  amis intimes, Hamed Bakayoko et Fabrice Sawegnon se fréquentent assidument et se donnent  régulièrement rendez­-vous au Rooftop, un bar à cigares créé fin 2012 par Fabrice Sawegnon lui­ même dans la zone Riviera 2 du quartier de Cocody d’Abidjan.  En 1999, Fabrice Sawegnon a créé la société Voodoo communication dont Hamed Bakayoko  serait l’un des actionnaires. Le groupe compte aujourd’hui l’agence Voodoo communication, la  régie publicitaire Espace image, les magazines Life  et  Continental ainsi que l’agence Event Entertainment spécialisée dans les divertissements. Ayant le vent en poupe depuis l’élection  d’Alassane Ouattara, Voodoo communication possède également des bureaux dans trois autres  pays africains (Cameroun, Gabon et Sénégal).

Un communicant bien en vue.  En 2010, Hamed Bakayoko est parvenu à imposer Voodoo  communication pour gérer, au niveau de la Côte d’Ivoire, la campagne d’Alassane Ouattara,  candidat du RDR à la présidentielle de 2010. L’agence a alors rivalisé avec les enseignes, internationales de la communication et du coaching, comme l’ex­Euro RSCG de Stéphane Fouks  auprès du candidat Laurent Gbagbo.

Profitant de sa fraîche notoriété, Voodoo communication a  multiplié les contrats ces derniers mois. Elle pilote la campagne d’Ibrahim Boubacar Keïta « IBK », Candidat du Rassemblement pour le Mali (RPM) à la présidentielle de 2013 dans ce pays.  Après des études à l’Ecole supérieure de commerce d’Abidjan (1990 – 994), Fabrice Sawegnon  a été chef de produit pour la société Metalivoire Jal­ Afrique (couverture, tôles et peintures) entre  1993 et 1994, avant de devenir directeur de publicité au sein de Panafcom Young & Rubicam  (1995­1997) et directeur de clientèle chez McCann­Erickson (1997­-1999). En 2002, quelques  années après sa création, Voodoo communication a été récompensée de la médaille d’or du  Mondial de la publicité francophone pour une publicité sur le groupe Orange en Côte d’Ivoire.

Source :  Lettre du Continent du 25 juillet 2013

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