La résidence d’Henri Konan Bédié, le passage obligé pour 2020 ?
L’on assiste ces derniers temps à un incessant ballet d’hommes politiques ivoiriens chez Henri Konan Bédié. Retiré dans sa ville natale à Daoukro , l’ancien président ivoirien n’est, pour autant, pas oisif en dépit de son âge avancé. À 84 révolus, il apparait comme un véritable sage que partenaires et adversaires viennent consulter pour donner une orientation certaine à leur choix politique.
Cette position, le Sphinx de Daoukro l’a acquise à la faveur du second tour de la présidentielle de 2010. Étant arrivé en troisième position, le président du parti septuagénaire a appelé ses militants, partisans et sympathisants à voter pour Alassane Ouattara au second tour du scrutin contre Laurent Gbagbo.
En vertu de l’alliance du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition au pouvoir), M. Bédié a encore donné des consignes de vote à ses partisans à travers l’« appel de Daoukro » pour soutenir la réélection du président Ouattara à la présidentielle de 2015. Mais en retour, l’héritier de feu Félix Houphouët-Boigny entendait faire d’un militant actif du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) le candidat du RHDP pour la présidentielle de 2020.
Mais jusque-là, cette position clairement exprimée et réitérée lors d’une interview de Bédié à Jeune Afrique, semble ne pas trouver écho favorable auprès de ses alliés du Rassemblement des républicains (RDR). La mise en place du parti unifié piétine jusque-là, alors que la prochaine présidentielle approche à grands pas.
Les membres du vieux parti qui n’entendent pas se laisser surprendre à la dernière minute ont donc décidé de prendre les taureaux par les cornes. Et le président Bédié, en fin stratège, s’est ouvert à toute la classe politique ivoirienne, aussi bien à ses alliés qu’à l’opposition.
À Daoukro comme à Cocody les Ambassades, les résidences d’Henri Konan Bédié ne désemplissent plus. L’incessant ballet des visiteurs fait ainsi de cet octogénaire une personnalité incontournable en Côte d’Ivoire.
Le président ivoirien Alassane Ouattara, l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré, le président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, la présidente du RDR Henriette Dagri Diabaté et plusieurs cadres de son parti, le président du FPI pascal affi n’guessan , l’ancienne candidate à la présidentielle de 2015 Henriette Lagou, et bien d’autres personnalités ivoiriennes consultent régulièrement le président du PDCI.
Bédié maintient par ailleurs les contacts avec le président du FPI, ce qui agace de plus en plus ses alliés du parti présidentiel. Boubakar Koné, porte-parole du FPI tendance Aboudramane Sangaré confie également : « Nous avons des contacts avec des membres du bureau politique du PDCI. » Certains cadres des deux partis appellent à une union FPI-PDCI pour les futures échéances électorales. Seulement, ils n’ont pas encore osé franchir le rubicond.
Il est désormais indéniable qu’en Côte d’Ivoire, aucun parti politique ne peut gagner à lui seul les élections. Le jeu des alliances apparait donc comme le passage obligé pour parvenir à la Magistrature suprême. Aussi, en vertu de son implantation nationale avec ses 200 délégations communales et départementales, le PDCI se pose comme l’allié sûr qui pourrait garantir l’accession au pouvoir.
Le président Bédié qui est donc conscient de la force de son parti ne lésine pas sur les moyens pour se poser en véritable faiseur de rois. À moins qu’il ne veuille lui-même se porter candidat pour la présidentielle de 2020. Ce à quoi l’invitent plusieurs de ses partisans. L’ancien ministre Gnamien Yao qui est l’un des promoteurs de la candidature de Bédié avoue : « Il n’a pas répondu favorablement à cet appel, mais il ne nous a pas réprimandés pour autant. »
Rufus Polichinelle