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Coup d’Etat au Burkina Faso : le pays suspendu de la Cédéao

Après la prise de pouvoir du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, la Communauté des Etats ouest-africains entend marquer sa désapprobation

Le Burkina Faso, où le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a pris le pouvoir lundi, a été suspendu vendredi 28 janvier de la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao) à l’issue d’un sommet virtuel de cette organisation qui n’a pour l’instant pas décidé d’autres sanctions.

Le sommet virtuel, qui a duré environ trois heures, a en outre décidé de l’envoi samedi à Ouagadougou d’une mission des chefs d’état-major des armées de la Cédeao, qui sera suivie lundi d’une mission ministérielle.

La Cédéao, qui a demandé la libération du président renversé, Roch Marc Christian Kaboré, placé en résidence surveillée, ainsi que des autres officiels arrêtés, tiendra un nouveau sommet le 3 février à Accra, en présence cette fois des chefs d’Etat de la région. Les participants étudieront le compte rendu de ces missions pour décider d’imposer ou non d’autres sanctions, comme il l’a fait pour le Mali et la Guinée, où des militaires ont également pris le pouvoir.

« Tolérance zéro »

« Chaque fois que vous avez un coup d’Etat, c’est un recul démocratique pour le pays et la région » et « la réponse de la Cédéao a toujours été très ferme et très cohérente, c’est la tolérance zéro », a précisé Jean-Claude Kassi Brou, président de la Commission de la Cédéao, dans un entretien à l’Agence France-Presse.

« C’est aussi une exigence internationale », a ajouté Jean-Claude Kassi Brou, estimant que « la période des coups d’Etat des années 1970, c’est révolu ». Selon les principes de la Cédéao, « l’armée se doit d’être républicaine et apolitique ».

Il a rappelé que son organisation était « toujours disposée à accompagner » les pays où des putschistes ont pris le pouvoir, « à aller dans un processus de retour à l’ordre constitutionnel ».

« Doutes légitimes » sur le coup d’Etat

Jeudi soir, dans sa première allocution depuis sa prise de pouvoir, lundi, le nouvel homme fort du Burkina, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a déclaré à la télévision nationale que son pays avait « plus que jamais besoin de ses partenaires ».

Disant comprendre les « doutes légitimes » suscités par le coup d’Etat, il a assuré que le Burkina « continuera[it] à respecter les engagements internationaux, notamment en ce qui concerne le respect des droits de l’homme », en précisant que l’indépendance de la justice serait aussi « assurée ».

Le lieutenant-colonel Damiba s’est en outre engagé « au retour à une vie constitutionnelle normale », « lorsque les conditions seront réunies », sans préciser d’agenda.

Spirale de violences

Dans le sillage du Mali et du Niger, le Burkina Faso est pris dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés djihadistes, affiliés à Al-Qaida et au groupe Etat islamique, qui ont fait plus de 2 000 morts et contraint au moins 1,5 million de personnes à fuir leurs foyers.

La population reprochait notamment au président renversé, Roch March Christian Kaboré, de ne pas avoir réussi à endiguer la dégradation sécuritaire depuis 2015, notamment dans le nord et l’est du pays.

Depuis sa prise de pouvoir, M. Damiba a consulté les ministres renversés ainsi que les syndicats. Plusieurs organisations semblent enclines à travailler avec lui. « Nous avons intérêt à ce que cette armée réussisse à stabiliser le pays », affirme l’association Sauvons le Burkina Faso, qui réclamait ardemment la démission de M. Kaboré.

Plusieurs partis d’opposition à M. Kaboré dont le plus important, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) proche de Blaise Compaoré – ex-président chassé par la rue en 2014 après vingt-sept ans de pouvoir – ont également marqué « leur disponibilité à apprécier la vision qui leur sera soumise » par la junte.

Roland Bayala, porte-parole de la Coalition des patriotes africains du Burkina Faso (COPA/BF) qui soutient le putsch et avait appelé à manifester contre le passage d’un convoi militaire français dans le pays en novembre, a demandé à la Cédéao « de faire attention à ses sanctions contre le peuple burkinabé », qui ne va pas « se laisser faire ».

La question de l’avenir de M. Kaboré devrait également se poser prochainement. En résidence surveillée, il est en bonne santé, selon plusieurs sources, et a un médecin à sa disposition.

Le Monde avec AFP

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