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Crise au Pdci-Rda : Voici pourquoi Bédié a chassé Duncan et plusieurs ministres

La foudre de la colère de Henri Konan Bédié dit HKB, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (Pdci-Rda) s’est abattue sur Daniel Kablan Duncan, Vice-président de ce parti, ainsi que sur plusieurs responsables dont des ministres.

Il s’agit, entre autres, de Ahoua N’Doli Théophile, Inspecteur général d’État ; Achi Patrick, ministre-Secrétaire général de la présidence de la République, ainsi que des ministres Aka Aouélé, Amichia François et Jean-Claude Kouassi. Tous ont été ont virés de leurs fonctions au sein du parti.

C’est à Daoukro, le jeudi 3 janvier 2019, que Hkb a pris sa décision d’évincer ces hauts cadres du parti, instruisant, instamment, le Secrétaire exécutif, chef du Secrétariat exécutif, Maurice Kakou Guikahué, « de l’exécution de cette décision qui sera publiée et communiquée partout où besoin sera ».

Point n’est besoin d’interroger une boule de cristal pour percer le mystère de ces décisions du « Sphinx de Daoukro ». Depuis qu’il a fait savoir, le 8 août 2018, qu’il se retirait du parti unifié Rhdp, et qu’il a lancé l’idée d’une plateforme politique qui doit englober les deux groupes du Front populaire ivoiriens (Fpi), les ex-Forces nouvelles de Guillaume Soro, HKB s’est, tout de suite, placé dans la ligne de tir de Daniel Kablan Duncan. Lui qui se présente, urbi et orbi, « Rhdp de la tête aux pieds ».

Le lancement du mouvement Pdci-Renaissance a sonné le glas des relations entre l’ancien chef de l’État et son ancien Premier ministre.

« S’il est légitime pour le Pdci-Rda de vouloir s’associer à d’autres partis ou groupements politiques, pour mieux affronter les défis du développement du pays, nous ne croyons pas à l’existence de plateformes politiques sans au préalable l’alliance politique naturelle des enfants d’Houphouët-Boigny. Sinon, nous prendrons le risque de jouer dangereusement avec le destin du pays. La place du Pdci-Rda doit et devra toujours être avec les héritiers d’Houphouët-Boigny. N’est-ce pas ? C’est d’ailleurs pour cette exacte raiso, que les signataires ont décidé et m’ont chargé de vous l’annoncer aujourd’hui, que notre mouvement va prendre le nom de Pdci-Renaissance », avait expliqué Kablan Duncan.

Pour Henri Konan Bédié, la création du Rhdp en tant que parti politique, signerait la mort du Pdci-Rda. Un sacrilège qu’il se refuse de commettre. Car, de son point de vue, faire de l’houphouétisme en dehors de l’héritage politique de celui-ci, «  c’est de la profanation »…

Estimés à 9 000, selon les organisateurs, des militants se réclamant du Pdci-Rda, drapés de pagnes aux couleurs et à l’effigie du parti, avaient pris d’assaut la patinoire du Sofitel hôtel Ivoire, pour dire, selon eux, « non à la rupture de l’alliance des houphouétistes ». « Il n’est pas normal que le Pdci tourne le dos à sa famille politique naturelle, pour faire alliance avec d’autres », dénonce Théophile Ahoua N’Doli. Avant d’expliciter : « le Pdci n’a de place qu’avec les houphouétistes ».

Plus qu’un pied de nez, c’était, pour Bédié et son entourage, un casus belli. Une déclaration de guerre qui doit être traitée comme telle, et les acteurs neutralisés comme l’ont été les fondateurs du mouvement ‘’Sur les traces d’Houphouët-Boigny’’. Maurice Kakou Guikahué, lui, avait mis à l’index, la posture ambiguë des fondateurs de Pdci-Renaissance. « Il leur appartient de choisir parce que la vie est un choix, et les choix, ça s’assume… Il est temps qu’ils prennent leurs dispositions, le 26 janvier n’est pas loin. Ce n’est pas le Pdci qui parle pour eux. C’est eux-mêmes qui parlent pour eux. C’est de l’ambiguïté. Vous avez voulu que le Pdci disparaisse et aujourd’hui, vous dites que le Pdci ne disparaît plus. Et si, en juin, le parti avait disparu, pourriez-vous parler du Pdci encore ? Vous êtes à la fois au Rhdp unifié et au Pdci, il vous appartient de choisir », avait-il asséné. « On attend le 26 janvier, on va voir tous ceux qui vont aller au congrès constitutif du Rhdp unifié. Après ça, nous, on restructure », avait-il ajouté.

Mais, depuis jeudi, les choses se sont accélérées du côté de Daoukro. Et, la guerre est définitivement déclarée entre Bédié, Duncan et les autres ministres. Mais, les fondateurs du Pdci-Renaissance s’attendaient, plus ou moins, à subir le même sort que Kouassi Adjoumani avec son mouvement Sur les traces d’Houphouët. « Nous assumerons si jamais on était exclus à notre tour », avait répondu Ahoua N’Doli Théophile Ahoua N’Doli, Inspecteur général d’État et fidèle parmi les fidèles de Daniel Kablan Duncan, à jeuneafrique.com.

 

Armand B. DEPEYLA

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