Depuis Kinshasa, Soro sans pitié contre le pouvoir…….

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Depuis Kinshasa, Soro sans pitié contre le pouvoir…….

Guillaume Soro souligne les honneurs à lui accorder à Kinshasa, comme ici avec le président de la République, Félix Tshisekedi.

Guillaume Soro n’en a pas fini avec ses offensives contre les tenants du pouvoir en Côte d’Ivoire. Depuis Kinshasa, où il a séjourné pour les obsèques de l’opposant, Etienne Tshisekedi, géniteur de l’actuel président congolais, il se montrer sans pitié pour les dirigeants actuels de la Côte d’Ivoire dans cette note qu’il intitule lui-même, ‘’Nouvelles de Kinshasa-la-Belle (1ère partie)’’. Ci-dessous, l’intégralité de son texte dans lequel il fait des éloges de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, comparé à son successeur, Alassane Ouattara.

Ce dimanche depuis ma chambre, je contemple l’aurore, dans ce beau ciel de Kinshasa la belle, si admirablement évoquée dans une chanson de Francis Bebey. J’entends au loin les puissants bruissements du majestueux Fleuve Congo, unissant les capitales des deux Congo comme pour célébrer l’unité africaine.

Je me suis réveillé tôt. En effet, hier alors que je m’étais promis de sortir (c’est aussi l’avantage d’être un chômeur du moins libre des contraintes des fonctions régaliennes) faire la fête – et l’on me dit que ça «bringue » fort à Kin, comme on dit chez nous – je me suis endormi sans crier gare, épuisé que j’étais. Un vol éreintant d’Abidjan à Kinshasa en passant par Johannesburg a eu raison de moi. Sans répit, j’ai pris en cours de déroulement la cérémonie des obsèques de feu le père Tshisekedi. Pour dire la vérité (Par ces temps qui courent la vérité est plutôt rare) je n’ai pas connu l’homme Etienne Tshisekedi. Je ne l’ai jamais rencontré. Oui bien sûr, j’entendais scander son nom du fin fond de la savane du nord ivoirien. Des échos des radios nous parvenaient les noms de Lumumba, Kasavubu, Mobutu, Tshisekedi. Ensuite Tshisekedi et Kabila, tous ces noms je les connaissais. Mais, Kinshasa était trop éloignée de Katiola pour que j’en sache grand’ chose.

Me voilà à Kinshasa en ce mois de mai. Je ne pouvais être absent. Être présent était un devoir de la fraternité africaine et pour cause! Je ne suis pas venu faire de la politique à Kinshasa. Je suis venu répondre à l’appel de la fraternité, à l’amitié. Je voudrais vous conter en quelques mots mon arrivée ici.

Je suis accueilli à l’aéroport par le gouverneur de la ville de Kinshasa (14 millions d’habitants). Oh comment ? Le nouveau gouverneur, M. Gentiny Ngobila Mbaka. Ce monsieur Ngobila est un ami. Un frère. Affable, je dirai même naturellement débonnaire. Nous nous sommes toujours voués une réciproque admiration. Gentiny Ngobila est un ami fidèle à Aubin Minaku, qui est aussi mon ami et frère. Gentiny a été d’un précieux soutien. Son engagement à me défendre et défendre ma cause a toujours été univoque et sans la moindre équivoque, aux heures où certains se délectaient à l’idée de me jeter en pâture. Je me souviens que lors des affaires des écoutes téléphoniques du Burkina, N’gobila, alors simple député, n’avait pas hésité à donner une grosse interview pour dénoncer la cabale. Et je n’oublierai jamais qu’à cette époque, dans son interview, il disait : « Personne ne pourra contrarier le destin de GKS que Dieu lui a tracé ».

Des éloges à Gbagbo

J’étais loin de m’imaginer que 5 ans après, mon ami Ngobila serait au pied de l’avion pour m’accueillir en ses grades et qualités de Gouverneur de Kinshasa. Pour les niais qui ne savent pas ce que c’est qu’un gouverneur en République Démocratique du Congo, je reviendrai sur le sujet pour leur en toucher un mot. Pour l’heure, ne nous distrayons pas. Je tiens à dire merci au Gouverneur, mon ami personnel, Gentiny Ngobila Mbaka. Son destin est un exploit ! Etre gouverneur de deux provinces, Sénateur. C’est un honneur qu’il m’a fait de venir m’accueillir, car avant moi, c’est le Vice-Président de l’Ouganda qu’il accueillait et que j’ai pu saluer dans le salon d’honneur Présidentiel. Ce à quoi je n’ai pas aujourd’hui droit dans mon propre pays, la Côte d’Ivoire. Où sous le régime actuel, le salon d’honneur présidentiel est devenu quasiment un lieu fétichisé, un Saint-Graal auquel n’ont accès que certains privilégiés triés sur le volet de l’exception rare. Quand tu n’es pas RHDP, ne t’y aventure pas. Pauvre de nous!

Autrefois, ce fut de ce point de vue, bien meilleur. Du moins, du temps où Gbagbo était président. Oui, j’en atteste : à cette époque le Premier Ministre que j’étais pouvait solliciter avec succès le Salon Présidentiel. Loin de moi l’idée de vouloir dédouaner Gbagbo de tout, mais la vérité est implacable. Gbagbo ne considérait pas le salon Présidentiel comme les Illuminati considèrent le Graal. Il le considérait comme un édifice au service de l’image de marque de la Côte d’Ivoire. Du moins, c’est ce que j’ai pu observer. Par contre, je me souviens encore de la différence. Premier Ministre d’Ado, on me fit bien, dès les débuts, savoir qu’il ne fallait pas se tromper de direction à l’Aéroport d’Abidjan. Je dus ravaler ma honte quelquefois pour recevoir certains de mes hôtes de marque au salon ministériel, alors que dans leur pays ils me recevaient avec faste et grandeur. Dans d’autres pays le salon Présidentiel est en même temps le salon où les ministres, les Présidents d’institutions et certaines personnalités reçoivent les invités du pays. Ils ne sont pas dans un culte ridicule de la personnalité qui veut actuellement que quand le PR a posé ses fesses sur un fauteuil du salon Présidentiel, un autre être humain (ô sacrilège !!), personne d’autre ne devrait s’en approcher, au risque d’être frappé par le courroux d’un pré-carré obséquieux et fiévreusement idolâtre. Nous sommes en 2019 ; pas au temps de Louis XIV ! Qu’on s’entende bien. Pour moi, le Président de la République est un être humain ; ni demi-dieu, ni roi. Bref, fermons la digression.

Moi, simple député de Ferké, admis au Salon Présidentiel au Congo? C’est bel et bien ce qui s’est passé. Alors qu’à longueur de journée les fidèles parmi les fidèles du RHDP ont convaincu leur Chef qu’il fallait me dépouiller, me vouer, me dénuder, m’écraser, en m’arrachant les apparats du pouvoir et que vite, très vite, je me rendrais compte que je n’étais rien sans le poste de Président d’Assemblée Nationale qu’ils m’avaient si gracieusement et généreusement offert ! Et pourtant bien d’entre eux arpentaient patiemment les couloirs de mes bureaux et à Bouaké et à Abidjan. Ils en ont certainement honte aujourd’hui et pourtant, hier ils bénissaient le ciel de me connaître. Je ne citerai pas de noms. Mais, je vais vous donner un topo. Regardez bien parmi eux. Regardez bien et vous ne vous y tromperez pas. L’enseignement de l’histoire est implacable.

Des pics aux tenants actuels du pouvoir

Je dis bien de bien regarder : ceux parmi eux (RHDP) qui m’insultent ou qui m’insulteront le plus SONT ceux justement que j’ai sauvé de la clochardisation. Ils se comportent comme les convertis de la 25ème heure. Mal à propos, donnant toujours dans la démesure. Il s’agit en réalité de ceux des hauts cadres qui ont été mes ministres les plus soumis. Ils sont comme préformés par nature à la soumission. Avec cette donne qu’au fur et à mesure, ils continuent et deviennent de plus en plus soumis. Oui, ils ploient sous le joug de la soumission. Ils ont hélas convaincu le CHEF, le DEMI-DIEU qu’ils étaient propriétaires de la Côte d’Ivoire et peut-être du continent Africain tout entier. Oui, ils sont – dans leur logique – les chefs de l’Afrique. Ils ont l’argent et ils ont de grands diplômes. En somme, ils sont inattaquables. Il leur suffit d’un simple coup de fil comme celui qu’ils avaient donné au Président Sassou Nguesso, lui interdisant de me recevoir à Brazzaville pour qu’AUCUN chef d’Etat ne s’aventure à me recevoir, entendais-je dire ! La puissance du téléphone! La puissance des coups de fil! Comme tout récemment quand le Président Alpha CONDÉ est venu à Abidjan en visite d’Etat, on lui a interdit clairement de voir SORO Guillaume. Oui il y a une fatwa. Interdit de voir SORO.

Que c’est bien ridicule. Pourtant je suis témoin d’autres temps et d’autres décors. Il n’y avait pas de veto pour qu’un opposant soit reçu par d’autres chefs d’Etat. Certains même appelaient pour demander la conduite à tenir et c’était RAS. Hélas, nous sommes en 2019 : les ouailles d’aujourd’hui réunies autour de leur CHEF, au lieu de tenter l’apaisement et la retenue, sont plutôt en extase et très admiratifs du téléphone portable foudroyant du CHEF. C’est semble-t-il son sésame fétiche. Un seul coup de fil et tu es mort ou vivant. Les ouailles vantent les faits et les méfaits du téléphone du chef. A peine une des ouailles s’exclame que le téléphone du chef est trop puissant que les ouailles partent en éclats de voix, riant les gorges déployées et les moqueries et autres quolibets s’intensifient. Une ouaille que je connais particulièrement et que je ne nommerai point est toujours la dernière à s’étouffer de rigoler. Elle est tellement consciente du jeu qu’elle a ses cachets de sécurité, au cas où le rire dégénérait. Alors L’alcool coule bien sûr à flot, ou que dis-je safroulahi le gnamankoudji coule à flot parce qu’il faut bien dire que normalement, pour de bons musulmans, l’alcool est interdit. Le regain de piété ces temps-ci est visible dans certains milieux habituellement abonnés à la villégiature. Les lieux de culte semblent être soudain devenus pour certains des espaces de prestidigitation pour comédiens de la foi. On ne sait plus si on y va pour prier ou pour tourner des séries dignes des films hollywoodiens.

Projection sur son avenir

Revenons au récit de mon accueil. Me voilà donc en tout cas avec mon ami gouverneur, dont je suis fier à l’aéroport de Kinshasa. Pour me conduire à l’hôtel, ai-je cru un instant. Que non. J’entendais le bruit de motards et autres sirènes et je pensais qu’une délégation officielle nous rattrapait. Je fais donc signe au chauffeur de parquer de côté et laisser les grands patrons passer. Le chauffeur insiste :

– Non, ce sont les motards qu’on a prévus pour vous, Honorable.
– Ah bon, tous ces motards pour moi ?

Je suis songeur, un peu mélancolique.
⁃ Honorable, nous ici au Congo, on vous admire. Vous êtes un modèle pour nous, nous prions pour vous pour que vous soyez le prochain.

Je me garde bien de commenter. Mais, le chauffeur est irrésistible et volubile. Je commence à rêvasser et je me dis que Si certains l’entendaient à Abidjan, ils l’étrangleraient…

Il y a longtemps que j’ai oublié tout ça dans mon pays. Mais je me soumets. On me fait ensuite savoir qu’une généreuse donatrice, dont je ne peux révéler le nom, m’a attribué une grosse villa dans un quartier huppé de Kinshasa. Cette dame a toujours eu de l’affection pour moi et a tenu à contribuer à sa façon à mon accueil. Je la remercie du fond du cœur et je remercie mon ami Okissi Richard, ami de toujours qui a fait la coordination et qui se chargera de faire lire ces quelques lignes à mon hôte. Ouf : installé comme un prince. On m’informe que je peux me rendre sur les lieux de la cérémonie. Sur la route pour le stade, que de ferveur dans les rues ! Le peuple de Kin est mobilisé pour réserver des funérailles dignes au héros national Étienne Tshisekedi. Je découvre les rues et larges avenues de Kinshasa. De ma vie, c’est la seconde fois que je séjourne à Kinshasa. La première fois en 2013 en tant que Président de l’Assemblée Nationale, à l’invitation de mon homologue et ami Aubin Minaku, qui m’avait réservé un séjour princier. Et cette fois-ci, où je suis venu sacrifier africamment à l’appel de la fraternité. Je vous disais que je ne connais pas le défunt! Mais, je connais son fils, Son Excellence le Président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi. Permettez-moi de vous en parler dans ma prochaine nouvelle.

Bien à tous,
Guillaume Kigbafori SORO