On en sait un peu plus sur la vie de Simone Gbagbo, dans son lieu de détention, à l’Ecole de gendarmerie d’Abidjan. L’ex-Première Dame, qui fait l’objet d’un grand dossier publié par le confrère, Jeune Afrique, dans son édition en cours depuis le dimanche 1er avril 2018, vit sa réclusion dans un petit appartement dans les confins de cette caserne militaire, en compagnie d’une jeune fille qui s’occupe de son ménage. L’épouse de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo – détenu à la Haye, où il comparait devant la Cour pénale internationale (Cpi) – commencerait à s’ennuyer dans sa résidence surveillée, qui lui confère moins d’occasion de détente comme c’était le cas, il y a quelques années, dans sa vaste demeure d’Odienné, dans l’extrême nord de la Côte d’Ivoire. L’ancienne députée d’Abobo, et présidente du groupe parlementaire Fpi, manifesterait même le « désir de sortir » de cette prison. Elle qui, purge une peine de 20 ans de prison pour ‘’atteinte à l’autorité de l’État, participation à un mouvement insurrectionnel et trouble à l’ordre public’’, garderait toujours intactes ses convictions politiques et se continuerait à se préoccuper de la situation dans son pays.
La main derrière EDS
L’ex-Première dame n’aurait rien perdu de son engagement politique et de sa détermination éventuelle à poursuivre la mission, si l’occasion se présentait, pour elle, un bon matin. « La politique reste au centre de ses préoccupations », écrit Jeune Afrique, qui mentionne ses échanges avec des cadres du Fpi, a défaut de rencontrer les hauts dirigeants de ce parti qui ne sont pas autorisés à la voir. Une restriction que conteste son avocat qui évoque les nombreuses visites à Laurent Gbagbo à la Haye, alors que l’on interdit sur place, à des Ivoiriens de voir leur compatriote sur place.
Dans l’espoir qu’elle reprendrait du service un jour, l’on prête à Simone Gbagbo une main derrière la nouvelle coalition de l’opposition, ‘’Ensemble pour la démocratie et la souveraineté’’ (Eds). Une nouvelle formation politique qu’elle envisagerait dans les cendres du Fpi tiraillé présentement entre Pascal Affi N’guessan et Abou Drahamane Sangaré, dont elle soutient la posture. Mme Gbagbo, révèle JA, mettrait un point d’honneur dans ses échanges avec ses visiteurs, ces derniers temps, sur les concepts de ‘’démocratie’’ et de ‘’souveraineté’’. Ce qui laisse croire qu’elle est pour quelque chose dans la création de EDS confié au docteur Georges Armand Ouégnin, un cadre de Moossou, son village d’origine. Ceci expliquerait-il cela ?
De bonnes dispositions d’esprit
Mieux, l’ex-Première dame, qui ne manquerait pas de passer des messages par le canal de ses visiteurs pour garder son influence sur la formation qu’elle a contribué à créer, aurait mis en place un réseau dans la dynamique de sa sortie éventuelle de prison. Ce réseau travaillerait à ratisser large, notamment parmi les quadras, et serait à pied d’œuvre pour la tenue d’un congrès prévu en août à Moossou. Lequel congrès pourrait servir de cadre pour Sangaré Abou Drahamane de lui passer la main à la tête du Fpi. Simone Gbagbo reste une femme d’influence, et beaucoup de cadres du Fpi voient en elle la personnalité de poigne capable de prendre la tête du combat pour les échéances présidentielles à venir. Bien évidemment, si elle recouvre sa liberté. « (…) Si elle se retrouve un jour en capacité de prendre le leadership du parti, personne ne pourra ou n’osera l’en empêcher », dixit un cadre cité par JA. Et un autre d’ajouter : « Ce n’est un secret pour personne: si elle venait à être libérée, l’ex-première dame reprendrait ses fonctions au FPI et ferait tout pour l’aider à reconquérir ce pouvoir perdu un certain 11 avril 2011 ». De bonnes dispositions d’esprit, Simone Gbagbo en aurait. Du moins si l’on en croit les propos des hommes de Dieu qui la fréquente dans sa prison. Des pasteurs, ivoiriens ou étrangers, qu’évoque l’hebdomadaire panafricain. « La religion l’a aidée à comprendre et à analyser son histoire politique ainsi que les erreurs qu’elle a pu commettre, avec ou sans son mari, raconte l’un d’eux. Depuis son séjour à Odienné, son discours a évolué. Elle dit être dans une logique différente et n’avoir plus aucune animosité. ».
Seulement, à 68 ans, Simone Gbagbo semble user par le temps. Sa santé fait l’objet de beaucoup de supputations. JA en a recueilli des témoignages, notamment celui de l’ancien président du Conseil général de Grand-Bassam, Innocent Akoï, l’un des visiteurs les plus assidus de l’ex-Première dame qui rassure : «Elle va très bien et n’a rien perdu de ses capacités intellectuelles ». Et l’ancien élu de préciser : «Elle a tant maigri qu’on a cru qu’elle était tombée malade ».
F.D.BONY