Ils étaient les hommes de main de Laurent Gbagbo quand il était encore aux affaires. Mais ces derniers ont changé de position après la perte du pouvoir d’État. Alcide Djédjé, ancien ministre des Affaires étrangères, Allou Eugène, chef de protocole, le général Philippe Mangou, chef d’État-major… Aujourd’hui, tous servent dans l’administration Ouattara.
Alcide Djédjé
Ancien bon élève de L’ecole nationale d’administration (ENA), Alcide Djédjé est un diplomate de carrière. De juillet 1989 à mars 1991, il occupe le poste de chef de la division Nations unies puis intègre en qualité de chargé d’études, le cabinet d’Amara Essy, alors ministre des Affaires étrangères. Proche collaborateur du président Gbagbo, il est nommé ministre des Affaires étrangères pendant la crise postélectorale (2010-2011). Les choses tournant mal pour Laurent Gbagbo, Alcide Djédjé trouve refuge à l’ambassade de France. En 2018, il rejoint le Rassemblement des houphouétiste pour la démocratie et la paix (RHDP), parti dirigé par Alassane Ouattara, considéré par les partisans de l’ancien président comme le tombeur de Laurent Gbagbo. Alcide Djédjé fera son retour au gouvernement le mardi 6 avril 2021, en qualité de ministre délégué auprès du ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Diaspora.
Eugène Wanyou Allou, le nouvel ambassadeur de Corée
Ancien chef du protocole du président Laurent Gbagbo, Eugène Wanyou Allou, occupe depuis le mercredi 20 octobre 2021, le poste d’ambassadeur plénipotentiaire de la République de Côte d’Ivoire près de la République de Corée du Sud. Réputé proche de l’ex-Premier ministre Hamed Bakayoko, Eugène Wanyou Allou n’a pas pris le chemin de l’exil après la chute de Laurent Gbagbo. « Son amitié avec Hamed Bakayoko était une chose à laquelle il tenait. Les deux étaient vraiment proches. Lorsqu’on a perdu le pouvoir, il « mangeait dans la main » de son ami feu Hamed Bakayoko. Pour moi qu’il soit aujourd’hui au RHDP, je ne suis pas surpris », explique sous le couvert de l’anonymat un ex-responsable de la branche dissidente du FPI. Après le décès du Premier ministre, il avait révélé ceci : « Je ne lui (Ndlr, Hamed Bakayoko) demandais pas de l’argent, mais, à chaque fois, il trouvait un prétexte pour m’en donner. Il en donnait aussi à mes enfants ».
Général Philippe Mangou
Son allégeance au président Alassane Ouattara, quelques jours avant
l’arrestation de Laurent Gbagbo, avait étonné plus d’un. Le général
Philippe Mangou, chef d’État-major de l’armée de Côte d’Ivoire, était-il
un agent double ? Telle est la question que se posent encore certains
proches de l’ex-chef de l’État. Il a été l’un des témoins à charge
contre Laurent Gbagbo, lors de son procès à la Cour pénale
internationale (CPI), pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Aujourd’hui, l’ancien commandant de brigade de l’École des forces
armées (EFA) de Bouaké occupe le poste d’ambassadeur de Côte d’Ivoire en
Allemagne après celui du Gabon.
Pour Sékou Oumar Diarra, docteur en philosophie politique, le phénomène du changement d’allégeance partisane en Côte d’Ivoire est dû à la recherche de biens matériels.
« C’est la quête du confort matériel et le confort lié à la carrière professionnelle. C’est la seule raison qui explique cela. Sous les tropiques, le nomadisme politique est essentiellement lié à cela. Les gens n’hésitent plus à se renier, à cracher sur leurs convictions, rien que pour conserver leurs acquis sociaux, souvent mal acquis », analyse-t-il pour 7info. Et d’ajouter : « Je vous assure que le jour où Alassane Ouattara ne sera plus aux affaires, ces mêmes vont courir vers celui qui sera à la tête du pays pour faire allégeance ».
Publié parARnaud HOUSSOU Mis à jour le 22 octobre 2021