La compilation des résultats est toujours en République démocratique du Congo et des cas de fraudes continuent d’être rapportés par l’opposition et la société civile. Jusqu’ici, les missions d’observation nationale de la société civile étaient les seules à dénoncer des irrégularités et dysfonctionnements le jour du vote, mais ce mercredi, la mission d’observation électorale de l’Union africaine a rendu ses conclusions et a tenu réunir les trois principaux candidats à la présidentielle ou leurs représentants pour tenter d’apaiser les tensions, alors qu’internet est coupé, tout comme les émetteurs de RFI aussi presque sur tout le pays. Et le message de l’UA est clair, il faut que les résultats proclamés soient « conformes au vote du peuple congolais ».
C’était quelques heures après la remise du rapport préliminaire de la mission d’observation de l’UA qui faisait la même recommandation. Un certain nombre de constats avaient été déjà notés par les missions d’observation nationales : retards dans le démarrage des opérations de vote, en raison de la machine a voter , du manque de matériel électoral. Les observateurs de l’Union africaine notent par exemple l’affichage en retard des listes électorales à Limete ou les atteintes au secret du vote.
Pour ce qui est du dépouillement, ces observateurs soulignent seulement que les bulletins restants n’étaient pas comptés à la fin des opérations. Des mots choisis, mais en conclusion, deux commentaires jugés importants : que la tenue des élections était « une première victoire du peuple congolais » et que les résultats qui seront proclamés doivent « être conformes au vote du peuple congolais ».
Résultat quand le chef de mission malien Diouncounda Traoré invite les principaux candidats à la présidentielle à une réunion. Les deux opposants, Marti Fayulu et Felix Tshisekedi, s’empressent de venir, eux qui dénoncent des cas de fraudes un peu partout dans le pays Tous sourires, ils acceptent même de se serrer la main, alors que les coalitions Lamuka et Cach sont à couteaux tirés. Le candidat de la coalition au pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary, lui se fait représenter. Et le message est répété en boucle à la sortie : il faut que le vote des Congolais soit reflété dans les résultats qui officiellement doivent être proclamés d’ici au 6 janvier.
Vers un report des résultats ?
Le président de la Commission électorale était également présent au cours de cette réunion, il a fait part de difficultés dans la compilation des résultats. Selon plusieurs sources présentes, lors de cette réunion, pour la première fois, Corneille Nangaa aurait affirmé qu’il avait des difficultés à compiler les résultats, que des retards étaient enregistrés et que ça pourrait compromettre la date de proclamation. Alors, on sait que les bureaux de vote ont fermé en retard dans beaucoup de circonscriptions du pays. On votait encore à Lubumbashi mardi matin. Mercredi, à Mambasa, en Ituri, des machines à voter qui continuaient d’imprimer illégalement des bulletins et plusieurs cas de fraudes sont signalés en ce moment même dans différentes villes du pays.
On attend pour ce jeudi une annonce de la Céni qui devait dire ou non si elle allait tenir les délais pour la publication des résultats. Sachant que cette réunion sous l’égide du Malien Diouncounda Traoré avec les candidats s’est tenu juste après une série de réunions de la Conférence épiscopale du Congo avec toute une série d’acteurs, dont des diplomates. Sa mission électorale doit publier un nouveau rapport ce jour qui devrait faire le point sur les opérations de compilation. Mais selon plusieurs sources, la Cenco a averti qu’elle serait en mesure de dire si les résultats des urnes sont bien respectés.
AFP