A la
tribune des Nations -Unies, le 25 septembre dernier, le Premier ministre
du Mali Choguel Kokalla Maïga a accusé la France d’un « abandon en
plein vol ». Les propos du chef du gouvernement malien continuent de
susciter la colère des responsables français.
Le
pouvoir français ne décolère pas suite aux propos du chef du
gouvernement malien Choguel Kokalla Maïga à la tribune de l’ONU. Dans un
entretien accordé, hier mardi 5 octobre 2021, à nos confrères de la
Radio France Inter, Emmanuel Macron, le président français, s’est, une
fois de plus, prononcé sur les derniers évènements dans le Sahel, plus
précisément au Mali. « Il y a maintenant 18 mois, j’ai dit aux États de
la région en particulier au Mali que notre présence militaire doit
évoluer parce qu’on ne peut pas demander à nos soldats de remplacer ce
qui est le travail de vos États, et en particulier de votre État. Et
donc ce qu’on a entamé après avoir accru la pression militaire avec des
vrais résultats, des vrais succès de nos armées, c’est un travail qui
consiste à dire qu’il faut que l’État revienne avec sa justice, son
éducation, sa police, partout en particulier au Mali, mais aussi au
Burkina Faso », a déclaré Emmanuel Macron concernant la réorganisation
de l’intervention de la France au Mali. Le président français ajoutera :
« il faut que derrière, les projets se développent sinon dès qu’on
libère un territoire, les terroristes le reprennent puisqu’il n’y a pas
de perspectives. L’armée française n’a pas à se substituer au
non-travail de l’État malien ; nous nous reconcentrons sur la stricte
lutte contre les groupes terroristes ».
Emmanuel Macron a aussi rappelé le contexte de l’intervention militaire de son pays en 2013 au Mali : « Le président Hollande est intervenu à la demande du gouvernement et du peuple maliens, à la demande de tous les États de la CEDEAO, et nous ne nous y maintenons que dans ce cadre ». « Sans la France au Sahel, il n’y aurait plus de gouvernement au Mali. Si le président Hollande n’avait pas décidé en janvier 2013 d’intervenir avec l’opération Serval à ce moment-là puis l’opération Barkhane, les terroristes auraient pris le contrôle d’abord de Bamako puis de tout le pays », a indiqué le président français.
En rappel, la France avait entrepris en juin 2021 de réorganiser son dispositif militaire au Sahel, en quittant notamment les bases au nord du Mali (Kidal, Tombouctou, Tessalit). Dans cette réorganisation, la France prévoyait de réduire ses effectifs dans la région du nord Mali d’ici à 2023 entre 2 500 et 3000 hommes contre plus de 5000 de nos jours.
Le ton est monté entre Paris et Bamako après le discours du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, le 25 septembre dernier, à la tribune des Nations Unies. Le chef du gouvernement du Mali a accusé la France d’un « abandon en plein vol » avec la réorganisation de sa présence militaire au Sahel, et ainsi défendu la décision de Bamako d’engager des discussions avec la société paramilitaire russe Wagner. L’annonce d’un possible accord entre les autorités maliennes et la société russe privée Wagner inquiète les autorités françaises. La France et l’Allemagne menacent de retirer leurs militaires engagés dans la lutte contre le terrorisme au Mali si les autorités maliennes passent de tels accords avec le groupe Wagner.
Selon l’agence Reuters, les autorités maliennes sont proches de conclure un accord avec la société militaire privée russe Wagner, ce qui permettrait à Moscou d’étendre son influence en Afrique de l’Ouest. Selon l’agence de presse britannique, les mercenaires russes seraient chargés de former les militaires maliens et d’assurer la protection de certains hauts dirigeants maliens. Elle précise que le groupe de sécurité Wagner gagnerait mensuellement 6 milliards de francs CFA par mois pour son travail.
Madiassa Kaba Diakité