Rentré le 17 juin à Abidjan après dix ans d’absence, l’ancien président s’est rendu dix jours après son arrivée dans le centre-ouest du pays.
Plusieurs milliers de personnes ont réservé dimanche 27 juin un accueil triomphal à l’ancien président Laurent Gbagbo dans son village natal de Mama (centre-ouest de la Cote d’ivoire ), dix jours après son retour à Abidjan à la suite de son acquittement définitif par la justice internationale.
Sous les hurlements de joie, les « hourras ! » et les mains levées faisant le V de la victoire, Laurent Gbagbo est arrivé à Mama à la tombée de la nuit en provenance d’Abidjan qu’il avait quitté par la route à la mi-journée.
Dès sa descente de voiture, l’ex-président, vêtu d’une chemise blanche et souriant, a pris un bain de foule. Il a remercié les gens « d’être venus si nombreux ». « Dix ans [d’absence], c’est beaucoup. Demain [lundi], je vais vous donner des nouvelles », a-t-il ajouté.
« Je l’ai vu, ça suffit pour moi ! », crie un jeune en transe. Malgré le coucher du soleil, l’annonce de son arrivée a continué à attirer vers Mama des centaines de personnes venues des villages environnants, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Le retour de l’enfant prodige »
Pour se rendre dans la région du centre-ouest de Gagnoa où se trouve le village, Laurent Gbagbo est passé par la capitale Yamoussoukro. Avant d’arriver à Mama, il est allé à Blouzon, localité proche, se recueillir sur la tombe de sa mère Marguerite Gadô, décédée en 2014 alors qu’il était incarcéré à la prison de la Cour pénale internationale (CPI).
Entre Yamoussoukro et Mama, son cortège a été ralenti à plusieurs reprises par une foule enthousiaste venue l’acclamer, ce qui explique son arrivée tardive dans son village. Dès l’aube, l’artère principale de Mama a été le théâtre d’un ballet incessant de cars, de motos et de voitures particulières remplis de partisans de l’ancien président venus assister à son retour dans son village.
« Je ne pouvais rater un tel événement, le retour de l’enfant prodige », lance un vieil homme portant une tenue en pagne, descendant d’un autocar. « Ça fait dix ans qu’il n’a plus mis pied dans son village » et « personne ne veut rater ça », s’exclame Eric Légré Gbagbo, un jeune homme affirmant porter le même nom que l’ancien chef de l’Etat.
Les forces de l’ordre étaient présentes, mais se faisaient discrètes. Entre Gagnoa et de Mama, distants de 5 kilomètres, le service d’ordre était assuré par la jeunesse du village qui fouillait véhicules et passagers à des barrages.
Le divorce d’avec Simone
Avant son arrivée au village, l’annonce de la demande de divorce de l’ex-président d’avec son épouse Simone, avec laquelle il a formé un redoutable tandem au pouvoir pendant dix ans jusqu’à leur arrestation en 2011, était au cœur de toutes les discussions.
A peine rentré à Abidjan, Laurent Gbagbo a demandé le divorce « en raison du refus réitéré depuis des années de dame Simone Ehivet de consentir à une séparation amiable ». Ils sont mariés depuis 1989 et ont eu deux filles ensemble. « Nous ne sommes pas d’accord avec sa décision, Simone est notre maman », explique Ouraga Djédjé, jeune habitant de Mama, en compagnie de son épouse enceinte.
Avec une dizaine de ses camarades installés dans une gargote, Ouraga commentait cette actualité qui a passionné tout le pays, juste après le retour de Laurent Gbagbo le 17 juin à Abidjan. Ce retour avait été marqué par de nombreux incidents entre ses partisans qui voulaient l’accueillir près de l’aéroport et les forces de l’ordre.
Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, avait été arrêté en avril 2011 à Abidjan, puis transféré sept mois plus tard à la CPI de La Haye, où il était accusé notamment de crimes contre l’humanité, pour les violences commises à la suite de la présidentielle de fin 2010.
Le refus de M. Gbagbo de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara avait provoqué une crise post-électorale sanglante ayant fait quelque 3 000 morts. Réélu en octobre 2020 pour un troisième mandat controversé, M. Ouattara a donné son feu vert au retour de Laurent Gbagbo quelques jours après son acquittement par la CPI.
AFP