« Je suis Sénégalais. Je suis venu à vos côtés pour vous témoigner admiration et gratitude, a lancé Ouattara. Le doyen (El Hadj Mansour Mbaye) a dit que Macky a découvert le pétrole qu’aucun de ses prédécesseurs n’a pu découvrir, mais moi ça ne me surprend pas car c’est un ingénieur en pétrole », a lancé Alassane Ouattara, lors d’une cérémonie d’invsetiture du président sénégalais.
Elu en mars 2012, Macky Sall a prêté serment le 2 avril de la même année en tant que quatrième président sénégalais.
« Nous souhaitons vivement un second mandat à Macky Sall. Je connais le Sénégal, j’ai vécu ici pendant longtemps et je sais ce que vous faites pour votre pays mais aussi dans la sous-région », a ajouté M. Ouattara.
Les prochaines élections présidentielles au Sénégal sont prévues pour le 24 février 2019.
Macky Sall a été investi samedi par une coalition de partis politiques pour l’élection présidentielle du 24 février prochain.
Sa très nette victoire à la présidentielle du 25 mars 2012 avec 65,80 % des voix contre 34,20 % au chef de l’État sortant Abdoulaye Wade avait propulsé Macky Sall à la tête de la nation sénégalaise. Sept ans plus tard, sera-t-il en mesure de se faire reconduire à la présidence du Sénégal ? C’est en tout cas le souhait de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (125 sièges sur 165 à l’Assemblée nationale) qui a décidé d’investir le chef de l’État comme candidat. Quelques jours plus tôt, c’était le congrès extraordinaire de son parti, l’Alliance pour la République (APR), qui l’avait investi. Au total, Macky Sall a reçu quatre investitures, dont celle du Parti socialiste d’Ousmane Tanor Dieng et l’Alliance des forces de progrès (AFP) de Moustapha Niasse. En plus de ces soutiens officiels, comme en 2012, le chef de l’État peut compter sur les nombreux ralliements engrangés ces dernières semaines parmi lesquels figurent d’anciens alliés d’Abdoulaye Wade.
Macky Sall renforce sa coalition
La cérémonie d’investiture s’est tenue ce samedi à la Dakar Arena, un complexe sportif dans la ville nouvelle de Diamniadio, à une trentaine de kilomètres de Dakar, en présence de plusieurs chefs d’État africains, dont le Gambien Adama Barrow, Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, George Weah du Liberia, le Premier ministre bissau-guinéen Aristides Gomes ou encore le président mauritanien Mohamed Abdel Aziz. Dix mille spectateurs, pour la plupart des militants, ont également fait le déplacement. Parmi la foule, de nombreux artistes, dont le célèbre chanteur Youssou N’Dour. « Le tour est joué au premier tour », a lancé l’un des maîtres de cérémonie, résumant l’objectif de la coalition au pouvoir.
Macky Sall lance alors : « J’accepte la charge et je m’engage sans réserve, au lendemain de cette échéance du 24 février 2019, je m’engage à intensifier nos acquis pour amener avec vous notre pays encore plus loin, encore plus haut, dans le concert des nations prospères, libres et démocratiques », a-t-il déclaré, dans un discours de plus de trois quarts d’heure. « Notre pays va entrer dans le cercle restreint des grands pays producteurs de gaz et de pétrole, notre économie va ainsi changer d’échelle », a-t-il indiqué, en référence à la production d’hydrocarbures attendue à partir de 2021-2022. « Ces nouvelles ressources, gérées dans la transparence et l’intérêt national, permettront d’accélérer le développement des autres secteurs productifs », a assuré le président sortant, annonçant « cinq initiatives majeures » pour son second mandat.
Il a ainsi cité la jeunesse, « l’économie sociale et solidaire », « l’économie numérique inclusive », la transition agroécologique pour « sanctuariser l’alimentation des générations futures » et l’industrialisation.
Une opposition décapitée
Face à Macky Sall, au pouvoir depuis 2012, les deux principales figures de l’opposition, l’ex-ministre Karim Wade et l’ex-maire de Dakar Khalifa Sall, dissident du Parti socialiste qui soutient la candidature du président sortant, sont dans l’incapacité de se présenter en raison de condamnations judiciaires.
Karim Wade, fils du président Abdoulaye Wade (2000-2012), investi par le Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition), a été radié des listes électorales après sa condamnation en 2015 à six ans de prison pour enrichissement illicite par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), dont les décisions ne peuvent faire l’objet d’un appel.
Khalifa Sall, révoqué de son mandat de maire après la confirmation en appel en août de sa condamnation à cinq ans de prison pour escroquerie, qu’il purge actuellement, ne peut miser que sur un hypothétique succès de son pourvoi en cassation pour espérer se présenter.
Macky Sall s’est directement adressé à Karim Wade, qui vit à l’étranger, le menaçant d’arrestation s’il rentrait au Sénégal. « Il a été condamné à six ans de prison avec des amendes [de plus de 210 millions d’euros, NDLR]. Il a bénéficié [en 2016, NDLR] d’une grâce de ma part pour la partie détention. Les peines [pécuniaires] sont à recouvrer, à défaut de recouvrement, c’est la contrainte par corps », a déclaré Macky Sall, le 12 novembre sur la télévision France 24. Le président Sall a toutefois évoqué la possibilité d’une amnistie en faveur de Karim Wade et de Khalifa Sall, mais après sa réélection. « Je ne peux pas écarter […] dans une circonstance nouvelle d’une réélection […] d’engager une nouvelle phase pour la reconstruction nationale, dans un esprit de renouveau national, de consensus national », a dit Macky Sall.
La semaine dernière, le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne avait donné le ton de la campagne qui s’annonce lors d’une réunion d’investiture du président sortant organisée par les cadres de la majorité, selon des propos rapportés jeudi dans la presse sénégalaise. « Le 24 février [jour du premier tour, NDLR], à 18 heures, le tour sera déjà joué », proclamait-il. D’autres cérémonies ont été organisées par des sections (jeunes, femmes…) du parti au pouvoir (APR, Alliance pour la République), par ses alliés au sein de la majorité ou par des mouvements de soutien. Face à Macky Sall, élu pour sept ans en 2012, l’opposition peine à faire émerger un candidat. Le dépôt des candidatures à l’élection présidentielle du 25 février démarre le 11 décembre et va se poursuivre jusqu’au 26 décembre.
aimé anekoré / presse opinion