A l’exemple d’autres pays, le Gabon a célébré lundi 1er mai, la fête du Travail. Si l’événement a pour but de réjouir, ne serait-ce que pour une journée, employés et employeurs autour d’un pot, repas et toute autre parade festive, au Gabon le contexte ne semble pas être au beau fixe. Et pour cause, le chômage galopant, la précarité continue du travailleur, la cherté de la vie etc ; ne paraissent pas donner des couleurs à une fête aux allures d’une exclusion sociale à grande échelle.
Il faut imaginer, initier des politiques qui permettent aux populations d’accéder à des emplois décents, en faisant en sorte que la fête du 1er mai soit la fête d’une écrasante majorité des citoyens. Or, au Gabon, selon les chiffres donnés par les différents candidats à la dernière présidentielle, le chômage de masse chez les jeunes, toutes catégories confondues, serait de plus de 33% chez les hommes et 26% chez les filles.
Si on en croit ces chiffres, ce sont de nombreux jeunes qui sont sans emplois au Gabon, sans que cela n’émeuve personne. A côté de ce chômage qui affecte particulièrement les jeunes, il y a aussi un chômage conjoncturel dû à la chute des cours du pétrole sur le marché international depuis fin 2014. Ce sont là aussi des milliers d’emplois qui sont touchés. Il faut aussi ajouter la condition pour l’essentiel précaire de la plupart des employés dans les entreprises, qu’elles soient publiques ou privées.
Des hommes et femmes qui triment à longueur de journée pendant 30 jours pour être payés en monnaie de singe à la fin du mois, pendant que les patrons, eux se taillent la part du lion sur leurs dos. Alors que le travail est par essence un moyen d’affranchissement de l’homme, certains, et Dieu seul sait combien ils sont nombreux, ne « travaillent » que pour avoir de quoi payer à peine le loyer ou le taxi.
Surtout dans un pays où la cherté de la vie est de plus en plus galopante, avec une fluctuation des prix jamais maîtrisée sur le marché, faisant des travailleurs les moins payés les véritables proies vulnérables d’un système social très inégal. Voilà une fête du Travail, qui au-delà des défilés officiels, des décorations et autres beuveries récréatives cache bien des réalités gabonaises.
Et au moment où patrons et employés se retrouvent pour faire ripaille autour des mets luxueux en l’honneur de ce 1er mai, il appartient aux premiers de penser à l’amélioration des conditions de vie des seconds pour un meilleur rendement professionnel, cela passe par un salaire décent. Aux gouvernants, il s’agit désormais d’imaginer et initier des politiques d’employabilité qui garantissent le travail à tous ceux qui le méritent, afin que le 1er mai soit élargi au plus grand nombre. Car la lutte contre le chômage est avant tout un combat contre la pauvreté.
Charles Nestor NKANY