Lors de son allocution télévisée sur la guerre en Ukraine, le président français a annoncé la tenue d’un sommet européen informel les 10 et 11 mars à Versailles qui « aura à décider » sur « le nouveau modèle économique » de l’UE, rendu nécessaire par l’invasion russe.
« À ce retour brutal du tragique dans l’Histoire, nous nous devons de répondre par des décisions historiques », a déclaré Emmanuel Macron, mercredi 2 mars, dans une allocution télévisée peu après avoir dénoncé l’invasion de l’Ukraine par la Russie comme une guerre « nourrie d’une lecture révisionniste de l’Histoire de l’Europe ». « D’ores et déjà, notre Europe a montré unité et détermination. Elle est entrée dans une nouvelle ère », a-t-il ajouté.
Le sommet informel de l’UE, organisé au château de Versailles, près de Paris, dans le cadre de la présidence tournante française, aura donc à prendre des décisions sur « une stratégie d’indépendance énergétique européenne » et sur « la défense européenne », selon lui. À l’origine, ce sommet devait porter « sur le modèle européen de croissance et d’investissement pour 2030 », à la suite du vaste plan de relance engagé par l’UE en pleine crise du Covid-19.
L’Europe « doit désormais accepter de payer le prix de la paix »
L’Europe « doit désormais accepter de payer le prix de la paix, de la liberté, de la démocratie. Elle doit investir davantage pour moins dépendre des autres continents et pouvoir décider pour elle-même, en d’autres termes devenir une puissance plus indépendante, plus souveraine », a déclaré Emmanuel Macron.
« Puissance de paix, nous ne pouvons pas dépendre des autres pour nous défendre, que ce soit sur terre, sur mer, sous la mer, dans les airs, dans l’espace ou le cyberespace […]. Notre défense européenne doit franchir une nouvelle étape », a-t-il ajouté.
« Nous ne pouvons plus dépendre des autres, et notamment du gaz russe, pour nous déplacer, nous chauffer, faire fonctionner nos usines. Voilà pourquoi, après avoir décidé, pour la France, le développement des énergies renouvelables et la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, je défendrai une stratégie d’indépendance énergétique européenne », a poursuivi le président français.
Face à une guerre aux portes de l’Europe qui inquiète les Français, Emmanuel Macron a voulu jouer la carte de la sincérité, analyse Valérie Gas, du service politique de RFI. « Les jours prochains seront vraisemblablement de plus en plus durs », a-t-il expliqué avant de prévenir que les conséquences de ce conflit vont se faire sentir en France. Mais Emmanuel Macron le promet : « Je n’ai et n’aurai qu’une boussole : vous protéger. »
Protéger tout de suite notamment avec un plan de résilience économique et sociale que le Premier ministre doit élaborer, mais aussi préparer l’avenir, car Emmanuel Macron l’a affirmé, la guerre en Ukraine marque « une rupture » qui bouleverse l’Europe. L’Europe, c’est son cheval de bataille depuis 2017. Ce conflit permet à Emmanuel Macron de la remettre au cœur de son action avec l’ambition de la transformer en puissance « souveraine » et « indépendante ». Une ambition de président bientôt candidat ; d’ailleurs, Emmanuel Macron a évoqué la présidentielle : « Cette guerre vient aussi percuter notre vie démocratique et la campagne électorale qui s’ouvre officiellement à la fin de cette semaine. Cette campagne permettra un débat démocratique important pour la Nation, mais qui ne nous empêchera pas de nous réunir sur l’essentiel. »
Une manière de préparer son entrée en lice, tout en affichant sa volonté de ne pas sombrer dans les querelles politiciennes. Une posture et un message à ses adversaires.
(Avec AFP)