Aujourd’hui, vous êtes à la tête de la délégation de Paris et d’Ile de France, qui auparavant était scindée en deux. Quelle est la feuille de route que la direction du parti vous a donnée ?
Vous savez que nous sommes à une période cruciale, à l’échéance de 2020. L’objectif, c’est de rassembler les militants. Vu l’avènement du RHDP, les militants se sont dispersés. Beaucoup n’ont pas épousé la cause du RHDP. Donc ma mission, c’est de rassembler tous ces militants qui se sont dispersés. Ma nomination date du 11 mai dernier et cela a débouché sur les vacances.
Les autorités m’ont dit compte tenu des départs, il fallait attendre que les gens rentrent. Mais entre-temps, je n’ai pas chômé. Je me suis présenté à l’Ambassadeur de France, M. Gomis. J’ai eu pas mal d’activités. J’ai rendu visite aux anciens. Et lorsque nous avons fait notre rentrée, il y a eu un bon nombre de personnes, notamment des visages que nous avions perdus de vue. Je peux dire que tout se passe bien.
On sait qu’il y avait de petites querelles entre les cadres du parti en France. Est-ce qu’aujourd’hui les choses sont rentrées dans l’ordre ? La paix est-elle de mise ?
La paix est en train de revenir. Comme je vous le disais, dès ma nomination, j’ai pris mon bâton de pèlerin. J’ai contacté tous les anciens qui sont favorables au retour. Vous savez, j’ai un parcours militant qui joue en ma faveur. Ils n’ont pas caché leur joie de me voir à la tête de la délégation. J’ai appartenu à toutes les délégations qui se sont succédée (…) J’ai été vice-délégué, chargé de l’administration sous Eddé Serge, délégué de la Rive Drolle. Lorsqu’il s’est rendu à Abidjan pour une longue période, j’ai assuré l’intérim.
Après le séminaire de Bingerville, lorsqu’il s’est agi de restituer les données du terrain, le parti s’est rendu compte qu’il fallait changer certaines tête au niveau des délégations pour ne pas que le parti soit à la traine. Donc depuis le 11 mai, j’ai été nommé.
Comment les militants de France appréhendent-ils cette question de parti unifié qui défraie tant la chronique ?
Le problème, ce n’est pas de dire oui ou non au parti unifié. Mais il faut l’expliquer. Vous savez que le PDCI est un grand parti qui est né en 1946 et la Côte d’Ivoire a officiellement pris son identité en 1960. Le PDCI a donc une histoire qui se confond même avec celle de la Côte d’Ivoire. Donc faire perdre au PDCI son identité, je crois que le peuple est souverain. La décision revient aux militants de base.
Pour que le PDCI-RDA aille en parti unifié, le président du parti doit d’abord convoquer un bureau politique, où il met déjà sur la table, la disparition du PDCI-RDA. Ensuite, il faut au sortir de là, en attendant que les clameurs ne s’estompent, qu’il convoque un congrès extraordinaire pour prononcer la disparition du PDCI-RDA. Donc cela ne se fait pas en claquant des doigts. Ça prend du temps toutes ces choses-là. On se dit qu’on est à une échéance capitale qui est 2020 pour l’élection du futur président qui doit être un candidat RHDP, mais issu des rangs du PDCI-RDA. C’est ce qui nous parait essentiel.
Tout cela peut retarder cette échéance. Parce que vous devez savoir qu’on ne va pas à un congrès comme si on allait à un diner-gala. A un congrès, on sort toujours avec des frustrations, des divisions et des querelles. Le temps de rassembler tout le monde, 2020 est déjà passé. Donc il faut faire l’économie d’un congrès où les militants seront fortement divisés.
Parce que aller à un congrès pour prononcer la mort du PDCI-RDA, vous imaginez ! Ma position ainsi que celle de Paris c’est que nous ne disons pas systématiquement non au parti unifié. Mais ce n’est pas cela la priorité. Il y a d’autres choses qui vaillent, il y a la campagne à venir pour 2020. Et puis on va regarder dans les textes pour voir si le congrès ordinaire du PDCI-RDA aura lieu en octobre prochain. Est-ce que ce congrès va se tenir ? On ne sait pas encore.
Après, il y a la convention qui va désigner celui qui va être le candidat PDCI-RDA. Tout cela, avec l’échéance qui s’annonce cruciale pour le PDCI-RDA, je crois qu’il faut faire l’économie du parti unifié qui peut intervenir après. Avant cela, il faut que le candidat du RHDP soit issu du PDCI-RDA. C’est lui qui mettra définitivement en place le parti unifié.
Comment préparez-vous les échéances de 2020 ?
Pour 2020, nous sommes à la tâche. Nous faisons du ratissage. Lorsque j’ai pris la tête de la délégation, j’ai initié les journées portes ouvertes où les militants viennent s’inscrire moyennant leurs cotisations en laissant tous leurs contacts. Vous savez, lorsque je prenais la délégation, je n’ai hérité d’aucune passation des charges. Je n’ai reçu aucune feuille officielle de la délégation. Donc j’initie des journées portes ouvertes par trimestre où les militants viennent prendre leur adhésion.
Il faut donc pouvoir donner les moyens au parti d’atteindre ses objectifs. Les militants de base doivent cotiser pour rendre le parti indépendant et fort, pour amener le parti à prendre des décisions fortes comme présenter un candidat. Pour cela, il faut qu’on sache combien de militants nous sommes dans chaque région, dans chaque section, dans chaque département. Si le PDCI-RDA doit aller pour perdre les élections, ce n’est pas la peine. Le PDCI-RDA qui est un grand parti ne doit pas passer son temps à accompagner nos alliés.
Quel doit être le profil du candidat du PDCI-RDA ?
Vous savez que le PDCI-RDA est une pépinière de cadres. Le parti regorge énormément de cadres. Il est tôt pour donner le nom du candidat. Mais je peux vous assurer que le candidat est déjà là. Son profil, c’est celui qui rassemblera au mieux. Je pense que pour cela, il y a des gens du PDCI-RDA. La convention désignera ce candidat.
Quel est votre calendrier ici à Abidjan ? Et qu’entendez-vous dire aux militants dès votre retour en France ?
D’abord, j’émets le vœu de rencontrer le président Bédié pour recevoir les dernères consignes. J’ai également des rencontres prévues avec quelques autorités dont le premier ministre Charles Konan Banny. Quand je suis arrivé, j’ai présenté mes civilités au doyen Abdoulaye Diallo, avec qui j’ai échangé. J’ai beaucoup de visites encore. Je ferai la somme de toutes ces rencontres un compte-rendu pour demander aux militants de se mobiliser. Nous avons consenti au PDCI-RDA, beaucoup de sacrifices. Je crois que nous sommes maintenant à un moment non négociable.
Le Nouveau Réveil