La France se retire du Mali : le défi du démantèlement des bases militaires sur place

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La France se retire du Mali : le défi du démantèlement des bases militaires sur place

Il faudra de 4 à 6 mois aux forces françaises pour quitter le Mali, afin d’assurer leur sécurité durant ce retrait. La junte veut, elle, un départ immédiat.

La France, ses partenaires européens et le Canada ont officialisé, ce mercredi, « le retrait coordonné de leurs moyens militaires » dédiés à Barkhane et au groupement européen de forces spéciales Takuba, au Mali. Et cette opération devrait prendre « entre quatre et six mois », a précisé Emmanuel Macron.

De fait, quitter le Mali ne se résume pas à rapatrier les 2 400 soldats qui y opèrent depuis Gao, Ménaka et Gossi, bases qui accueillent régulièrement les unités de la 11e Brigade parachutiste de Toulouse. Car Barkhane, à l’échelle du Sahel, ce sont 260 blindés lourds, 170 blindés légers et environ 350 poids lourds dont la majorité est donc déployée sur le territoire malien…Tandis qu’au fil des ans, l’emprise principale de Gao – avec sa zone de transit aérien militaire sous la responsabilité du 1er RTP de Francazal — est devenue en bordure d’aéroport une petite ville fortifiée dans un dédale de centaines de containers, avec bungalows pour l’hébergement et les bureaux, camp de tentes pour les relèves, hôpital, cuisines et réfectoire, bureau de poste, pizzeria et bar pour la vie quotidienne…

Des « campagnes antifrançaises »

Sans oublier de vastes hangars de toile pour les hélicoptères français, britanniques ou danois, des ateliers mécaniques où travaille régulièrement le 3e Rmat de Muret, tandis que le 31e régiment du génie de Castelsarrasin assure toute l’année la production d’eau et d’énergie pour 1 500 personnes, avec de véritables usines. Bref, rien qui puisse se replier en une minute. A fortiori dans une situation d’extrême tension qui rendra par définition ce désengagement complexe et dangereux.

Parce que les jihadistes ne resteront pas l’arme au pied, avec menaces d’attaques et d’attentats sur les convois. Mais également parce que l’hostilité des populations subissant l’insécurité croissante entretenue par les islamistes, a aussi été instrumentalisée par de véritables « campagnes antifrançaises » profitant notamment à Moscou, selon les analystes : en novembre dernier deux convois militaires français ont ainsi été bloqués par des foules en colère, au Burkina Faso et au Niger.

Paradoxalement ? Afin de sécuriser son désengagement, il y a donc de fortes chances que la France envoie des forces supplémentaires pour protéger au mieux ses soldats durant le démantèlement des bases et le retrait de milliers de tonnes de matériel par la route et les airs. La 11e BP se tient prête avec deux régiments et, à Toulouse, le 14e régiment d’infanterie et de soutien logistique parachutiste sera aussi particulièrement sollicité, puisqu’il fournit toute la logistique au « soutien du combattant ». Son chef de corps est parti cette semaine pour Gao.

Pierre Challier