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La réaction de la classe politique ivoirienne à l’acquittement de Simone Gbagbo

L’acquittement de Simone Gbagbo mardi 28 mars par la Cour d’assises d’Abidjan a sonné comme un coup de théâtre. L’épouse de l’ancien président ivoirien était jugée pour crimes de guerre et crime contre l’humanité lors la crise post-électorale de 2010-2011. Le verdict a surpris, alors que matin même, le procureur avait requis à son encontre la prison à perpétuité. Ce mercredi, la classe politique ivoirienne a réagi à cette décision inattendue.

L’acquittement de Simone Gbagbo est salué avec satisfaction par ses compagnons de route du Front populaire ivoirien (FPI). C’est « une volonté d’aller à la réconciliation » selon Pascal Affi N’Guessan, qui souhaite que les autres prisonniers politiques soient remis en liberté.

Un discours qui est également celui de l’autre aile du parti celle dirigé par Abodramane Sangaré et son secrétaire général intérimaire. Ce dernier se dit « réjoui » par ce verdict. « Cet acquittement est la reconnaissance que madame Gbagbo est innocente, de tout, parce que dans notre compréhension des choses, il s’agit d’un seul et même procès qu’on a voulu démultiplier », estime le responsable du parti de Laurent Gbagbo, l’ancien président ivoirien jugé par la CPI.

« Je salue le courage des magistrats mais je veux les encourager à aller au bout de leur courage. Pour d’autres prisonniers, il faut que toute la chaîne se retrouve dans la même logique et que les magistrats continuent courageusement de dire le droit, surtout que je peux leur assurer qu’ils ont le soutien du peuple de Côte d’Ivoire et nous en premier, au FPI. »

Dans le camp de la majorité présidentielle, Joël N’Guessan, porte-parole du RDR, estime qu’il n’y a « pas à être surpris quand une décision de justice est prise ». « Nous n’avons qu’à prendre acte », souligne le porte-parole du parti du président Alassane Ouattara. Quant à savoir si cette décision de justice peut avoir un impact sur une société toujours en quête de réconciliation, Joël N’Guessan veut y voir un signe positif pour la démocratie ivoirienne.

« Peut-être que cela fera taire toutes les personnes qui prétendent que nous sommes dans une justice des vainqueurs, avance-t-il. Si Simone Gbagbo a été acquittée, cela veut dire que la justice est indépendante. L’Etat de droit, enfin, commence à se mettre en place en Côte d’Ivoire et donc, il n’y a pas de justice des vainqueurs. Mon souhait, c’est que ceux qui utilisent cette expression arrêtent. Les jurés ont tranché, on s’en remet à cela. »

Reste que pour le moment, il y a toujours des familles endeuillées, notamment au marché Siaka d’Abobo, qui ne savent toujours pas qui est responsable de la mort de leur parents.

Les ONG de defense des droits de l’hommeet les victimes des violences commises pendant la crise post-électorale, qui ont fait 3 000 morts, s’insurgent. Selon elles cet acquittement équivaut à « une prime contre l’impunité ». Elles estiment que le procès de Simone Gbagbo a été entaché d’irrégularités. Et elles continuent de demander justice.

AFP

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