Ismaïl Omar Guelleh doit rencontrer son homologue François Hollande ce mardi matin à l’Elysée. Au cours de ces trois jours en France, le chef de l’Etat djiboutien rencontrera également le Medef, le président du Sénat Gérard Larcher puis le ministre français de la Défense ainsi que le secrétaire d’Etat chargé du Développement et de la coopération. Les échanges devraient porter sur la coopération militaire et l’économie, notamment face à la montée en puissance du concurrent chinois. Une rencontre dénoncée par l’opposition en exil et les ONG de défense des droits de l’homme. D’autant qu’il y a peu de chance que soient évoqués les dossiers sensibles.
Comme lors de la dernière visite en 2011, ni point presse ni déclaration publique ne sont à l’ordre du jour. La rencontre reste discrète et peu d’éléments fuitent sur la teneur des discussions. Au menu certainement : la coopération militaire. Car, par sa position géographique, Djibouti est un acteur incontournable de la sécurité internationale.
Un partenaire qui abrite le plus important contingent militaire français à l’étranger, déployé ces dernières années en Centrafrique, en Irak, au Yémen et au Mali. Les deux pays sont liés par un accord de défense, le seul à contenir encore une clause d’assistance automatique en cas de déstabilisation du régime.
Concurrence chinoise
Mais Djibouti joue la carte du multilatéralisme. Les Etats-Unis, l’Union européenne et tout récemment la Chine y ont aussi leurs bases. La Chine qui investit massivement dans les infrastructures pour permettre à Djibouti de bénéficier au maximum de sa position dans le commerce international.
Sur ce point la France « accuse le retard » estime Sonia Le Gouriellec, spécialiste de l’Afrique de l’Est, et c’est peut-être pourquoi Ismaïl Omar Guelleh vient en compagnie d’une délégation d’entreprises et participe à une rencontre au siège Medef, le syndicat des patrons français.
De nombreux sujets de tensions
Peu de chance en revanche de voir aborder les « sujets qui fâchent » tels que la situation des droits de l’homme dans le pays. C’est en tout cas l’avis de Sonia Le Gouriellec, qui rappelle que cette visite a lieu tardivement, à quelques semaines de la fin du mandat de François Hollande et que les points de tensions ne manquent pas.
En premier lieu, l’affaire Borrel, du nom de ce juge français assassiné en 1995 à Djibouti. Vingt ans plus tard, le crime n’est toujours pas élucidé. En novembre dernier, la famille a déposé une nouvelle plainte concernant la destruction des scellés de l’instruction.
Ensuite, il y a le renvoi de l’ambassadeur français fin 2015, juste après les violences de Balbala, lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur une manifestation religieuse en périphérie de la capitale.
Peu probable que soient évoqués la réélection contestée du chef de l’Etat l’an dernier, le respect des droits de l’homme ou encore le cas de l’opposant Jabha maintenu en détention malgré l’annulation des poursuites à son encontre. Cela explique peut-être la discrétion de cette rencontre.