Surprise lors de l’élection du président de la CAF : Issa Hayatou, à la tête du football africain depuis presque trente ans, a été évincé jeudi au profit du Malgache Ahmad Ahmad.
Après vingt-neuf ans passés à la tête de la Confédération africaine de football (CAF), Issa Hayatou doit laisser sa place. Contre toute attente, le Camerounais a été battu, jeudi 16 mars, lors de l’élection du président de la CAF par le Malgache Ahmad Ahmad. Ce dernier a recueilli 34 voix, contre 20 pour Issa Hayatou.
Relativement méconnu par rapport à son adversaire, Ahmad Ahmad va ainsi succéder à Issa Hayatou, qui dirigeait l’instance africaine du foot depuis 1988. L’annonce de sa victoire a fait éclater une clameur dans la salle, où des poings victorieux se sont levés. C’est que le Camerounais de 70 ans, dernier dignitaire du foot mondial épargné par les affaires qui ont emporté Sepp Blatter et Michel Platini, était largement favori pour ce scrutin.
Le vainqueur n’a pourtant pas joué la surprise : « Si je pensais que je ne pouvais pas y arriver, je ne me serais pas présenté », a déclaré M. Ahmad à la presse après le vote, tandis que son rival était escorté en dehors de l’auditorium, refusant de s’adresser aux journalistes.
Le vice-président de la puissante fédération ghanéenne, George Afriyie, a de son côté commenté : « Son excellence Issa Hayatou a fait beaucoup pour le football africain », mais « il était temps pour lui de se retirer ».
Le président sortant avait plaidé pour son bilan, mettant en avant « une expérience et une sagesse inégalées », tandis que Ahmad Ahmad, ancien joueur, entraîneur et ministre de la Pêche de son pays, avait mené campagne en promettant « une transparence dans la gestion » de la CAF et la fin des « pratiques obsolètes ».
Le soutien de Gianni Infantino ?
Pourtant, aucun des deux hommes ne peut se targuer d’une réputation sans faille. Le nom de M. Ahmad a ainsi été cité par le Sunday Times dans l’affaire de corruption qui a entouré l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Selon le journal britannique, il aurait perçu 30 000 à 100 000 dollars en échange de son vote pour le Qatar, ce que l’intéressé dément formellement.
Personnage controversé, soupçonné notamment d’avoir accepté de l’argent en échange d’un soutien au Qatar pour l’obtention du Mondial-2022, Issa Hayatou a toujours rejeté ces accusations. Il n’a jamais été suspendu par la Fifa, dont il avait assuré la présidence par intérim quand Sepp Blatter a été emporté par les affaires et les scandales.
L’actuel président de la Fifa, Gianni Infantino, était présent à Addis-Abeba pour assister au vote, et des rumeurs ont fait état de son soutien – non déclaré publiquement – à Ahmad Ahmad. Le patron du foot mondial, dont l’éventuelle influence dans l’élection reste à établir, y aurait vu un moyen de prendre sa revanche contre Hayatou, qui avait soutenu Sheikh Salman bin Ebrahim Al Khalifa lors de l’élection à la présidence de la Fifa en février 2016.
Avec AFP