Le Nigeria, première économie africaine, s’enfonce dans la crise économique avec une contraction de son PIB de 2,24% au troisième trimestre par rapport à 2015, selon les chiffres du Bureau National des Statistiques (BNS) publiés lundi.
Cette situation est consécutive à la chute du prix du baril et d’attaques récurrentes des installations pétrolières par des groupes rebelles, entraînant une perte de revenus pour l’Etat, une forte inflation (+18%) et une pénurie de devises étrangères.
Avec une production de pétrole qui est passée de 2,17 millions de barils par jour en 2015 à 1,63 millions de barils aujourd’hui, le « secteur pétrolier a ralenti de 22% par rapport à l’année dernière », note le rapport du BNS publié, qui relève que le Nigeria a perdu sa place de premier exportateur de l’Afrique sub-saharienne, au bénéfice de l’Angola.
Le pétrole compte pour 70% des revenus du Nigeria et 90% des exportations. Le pays n’a jamais diversifié son économie depuis la découverte de l’or noir dans les années 1960.
Le ralentissement des exportations a entraîné une lourde pénurie de devises étrangères, handicapant l’économie du pays: les plus pauvres qui souffrent d’une forte augmentation des prix de biens de consommation de base, et la classe moyenne et supérieure ne trouve plus de dollars pour voyager à l’étranger.
Le secteur industriel (-2,9% selon le rapport) a été frappé de plein fouet par la dévaluation du naira et à cause de cette même pénurie, les grands acteurs économiques ne parviennent pas à importer leur matière première, payable en dollars, ou leurs fournisseurs.
Ce ralentissement du secteur industriel est « en partie du à la chute du taux de change, qui rend les importations plus coûteuses », note l’agence nationale.
Le président Muhammadu Buhari a longtemps refusé de laisser flotter la monnaie, pour empêcher une forte hausse des prix, mais cela a contribué à développer un circuit de change au marché noir.
Aujourd’hui, malgré la dévaluation de juin dernier, les cours officiels (320 nairas pour 1 dollar) n’arrivent pas à rejoindre les cours du marché noir (440 nairas pour un dollar), encourageant une économie à deux vitesses.
Le Fonds Monétaire international (FMI) a prévu une contraction du PIB de 1,7% pour le Nigeria pour 2016, une année noire de recul: la première depuis 20 ans selon l’agence Bloomberg.
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