L’opposition burkinabè a dénoncé samedi « l’aggravation » de la corruption au Burkina Faso, critiquant une passation de marchés de plus de 7.000 milliards de francs CFA (10,6 milliards d’euros) par les procédures dites « de gré à gré ».
« On assiste à une aggravation du phénomène de la corruption dans notre pays depuis l’arrivée du nouveau pouvoir », a déclaré le chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré, lors d’une conférence de presse. « A la lumière de certaines pratiques du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, au pouvoir) et de ses alliés, on comprend vite que ces gens ne sont pas venus (…) pour travailler, mais plutôt pour piller l’argent des Burkinabè ».
Selon l’opposition, le gouvernement a attribué par « entente directe », courant juin, deux marchés pour la construction de « sept salles de classes et onze latrines pour un montant de 562 millions de francs CFA (857.360 euros), alors qu’en moyenne une école de trois classes avec bureau et latrines coûte autour de 30 millions de francs CFA (45.766 euros) ».
L’opposant a également dénoncé un projet de loi portant allègement des conditions d’exécution du programme de partenariat public-privé qui doit être voté lundi prochain (…) à l’Assemblée nationale ».
Ce projet de loi, « une manière de contourner les règles de transparence, permettra de distribuer des marchés de plusieurs milliers de milliards de francs à des copains, porte-noms et autres compagnons politiques », a-t-il estimé, précisant qu’il couvre « 38 grands projets pour une valeur estimée à 7.000 milliards de francs CFA (10,6 milliards d’euros) ».
Dans le projet de loi transmis à l’Assemblée nationale, le gouvernement explique qu’il va « permettre le recours à la procédure d’entente directe pour plus de célérité dans la procédure de passation de contrats (…) ayant un impact immédiat sur la croissance et les conditions de vie des populations ».
Au Burkina Faso, les marchés publics ne sont pas exécutés ou ne le sont pas correctement, selon divers rapports d’organisations de la société civile.
Elu en novembre 2015, le président Roch Marc Christian Kaboré a fait de la lutte contre la corruption une priorité de son mandat.
AFP