Après l’Outre-mer et les Français de l’étranger samedi, c’est au tour des électeurs de la métropole de voter. Les 66.546 bureaux de vote répartis sur le territoire ont ouvert. Ils fermeront à 19H00, voire 20H00 dans les grandes villes.
Le vote, en période d’état d’urgence, est aussi entouré d’une sécurité renforcée avec plus de 50.000 policiers et gendarmes engagés aux côtés des militaires de l’opération Sentinelle et des polices municipales.
Un des enjeux de cette élection cruciale, nichée au coeur d’un week-end de trois jours, sera la participation, peut-être moins importante qu’au 1er tour (78,69%). Une situation rare dans l’histoire de la Ve République où traditionnellement les Français se déplacent davantage au second tour de la présidentielle qu’au premier.
Toutes les dernières enquêtes donnaient le candidat d’En Marche! largement vainqueur devant la dirigeante du Front national.
Pour la deuxième fois en quinze ans, le représentant du parti d’extrême droite s’est qualifié au second tour mais sans provoquer les mêmes rassemblements populaires de protestation. Après avoir engrangé de plus en plus de voix aux élections intermédiaires, Mme Le Pen que les sondages annonçaient au second tour depuis 2013, a gagné son pari en réunissant 21,30% des suffrages le 23 avril.
Face à elle, beaucoup plus inattendu, Emmanuel Macron, ancien ministre de François Hollande après l’avoir conseillé à l’Elysée, pourrait devenir, à 39 ans, le plus jeune président français. Quasi inconnu il y a trois ans, il a en quelques mois développé une stratégie payante de « ni droite ni gauche » et obtenu 24,01% des voix, aidé par de multiples ralliements à gauche comme à droite.
Sortants balayés
La candidate du FN votera dans son fief de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) à 11H00 et M. Macron au Touquet à 10H30 avant de rejoindre son quartier général à Paris. S’il l’emporte, la fête se tiendra dans la cour du Louvre.
De surprise en surprise, cette campagne présidentielle n’a ressemblé à aucune autre. A commencer par l’absence du sortant, François Hollande, qui après avoir battu tous les records d’impopularité pendant son quinquennat, a renoncé à briguer un second mandat. Mais aussi l’ancien président Nicolas Sarkozy, sèchement éliminé lors de primaires de la droite, ou les deux anciens Premier ministre Alain Juppé (LR) et Manuel Valls (PS), à qui respectivement François Fillon et Benoît Hamon ont été préférés.
Au premier tour, ces deux représentants des partis au pouvoir depuis le début de la Ve République ont eux aussi été balayés par les électeurs. Soupçonné entre autres d’avoir fourni à sa femme pendant des années un emploi rémunéré mais fictif, François Fillon (20,01%) a vu sa campagne ruinée par les affaires. De son côté, Benoît Hamon (6,36%), chantre du revenu universel et allié avec les écologistes, a été nettement distancé par Jean-Luc Mélenchon (19,58%), qui s’est présenté, comme M. Macron, « hors parti ».
Fuites
Particulièrement tendue, la campagne de l’entre-deux tours a connu son apothéose dans un débat télévisé, virulent et confus, mercredi entre les deux candidats.
Derniers soubresauts, à quelques instants de la clôture de la campagne officielle, plusieurs gigabits de documents internes (mails, documents comptables…) de l’équipe de M. Macron ont été piratés et publiés sur les réseaux sociaux vendredi soir, fuite abondamment relayée par l’extrême droite sur Twitter. Ce piratage ne sera pas laissé « sans réponse », a dit samedi François Hollande.
Parallèlement, le Front national a dénoncé des envois présumés de bulletins de vote Marine Le Pen déchirés dans plusieurs départements. Dans les deux affaires, la commission du contrôle électoral a été saisie.
Le vainqueur a déjà été invité par M. Hollande à participer à son côté aux cérémonies du 8 mai, commémorant la capitulation allemande en 1945. Suivra une semaine de tractations pour désigner un(e) Premier ministre et former un gouvernement, annoncé après l’investiture du nouvel élu qui pourrait avoir lieu dimanche 14 mai.
Le ou la futur(e) président(e) devra surtout concentrer ses efforts à l’élection d’une majorité présidentielle, aux contours encore très incertains pour les deux prétendants , lors des législatives des 11 et 18 juin.
AFP