Le président russe est reçu ce 29 mai à Versailles pour inaugurer une exposition sur les 300 ans des relations franco-russes. Vladimir Poutine et Emmanuel Macron se sont entretenus en tête à tête avant de partager un déjeuner de travail. Lors de la conférence de presse commune qu’ils ont donnée, le président français a voulu jouer sur deux cordes: dialogue et exigence, comme il l’avait promis avant la rencontre.
Un échange « franc, direct » avec « beaucoup de choses qui se sont dites », selon les termes d’Emmanuel Macron. En langage diplomatique, cela signifie qu’il y a des sensibilités différentes, souligne notre envoyée spéciale Anastasia Becchio.
Mais Vladimir Poutine, comme Emmanuel Macron, ont tenté d’y mettre les formes, affirmant qu’ils voulaient travailler à construire des actions communes. « Nous avons cherché des points de convergences sur les questions clé. Je pense que nous les voyons », a affirmé Vladimir Poutine.
Dans ce décor fastueux du château de Versailles, que le chef du Kremlin affirme visiter pour la première fois, les deux dirigeants ont assailli l’auditoire de références historiques. Emmanuel macron a rappelé que Pierre le Grand était le symbole de cette Russie qui s’ouvrait à l’Europe et symbole aussi de l’amitié franco-russe. Une amitié mise à mal ces dernières années.
« Aucun enjeu essentiel ne peut être traité sans dialoguer avec la Russie »a insisté le président français. Les deux hommes ont donc passé un large éventail de sujets, en particulier la Syrie et l’Ukraine.
Lutte contre le terrorisme
Sur le dossier syrien, Emmanuel Macron s’est voulu ferme. « J’ai indiqué qu’une ligne rouge très claire existe de notre côté : l’utilisation d’une arme chimique par qui que ce soit », qui fera « l’objet de représailles et d’une riposte immédiate de la part des Français », a-t-il déclaré lors de cette conférence de presse commune avec son homologue russe Vladimir Poutine.
« Sur la Syrie, j’ai rappelé quelles étaient nos priorités et je crois que nous pouvons sur cette voie travailler ensemble, en tout cas c’est mon souhait, dans les prochaines semaines », a fait savoir Emmanuel Macron. « Notre priorité absolue, c’est la lutte contre le terrorisme et l’éradication des groupements terroristes et en particulier de Daech », a-t-il ajouté. Le chef de l’Etat français s’est accordé avec Vladimir Poutine sur la création d’« un groupe de travail » franco-russe pour lutter contre le terrorisme.
Emmanuel Macron a également plaidé pour une transition démocratique pour la Syrie, « mais en préservant un Etat syrien ». Il a indiqué qu’il faudrait « discuter avec l’ensemble des partis en présence » dans le dossier syrien, « y compris les représentants de M. Bachar al-Assad », notant, en réponse à une question, que « pour autant » la réouverture d’une ambassade de France à Damas n’était « pas une priorité ».
Processus de Minsk et format Normandie
Les deux chefs d’Etats ont également abordé la question du dossier ukrainien. Ils sont tombés d’accord sur la création d’ « un forum franco-russe des sociétés civiles » afin d’approfondir le dialogue entre les deux pays et « surmonter les éventuelles incompréhensions. »
« Sur la situation en Ukraine, nous avons longuement parlé des différents points de détails et de mise en œuvre du processus dit de Minsk. Notre souhait, je crois pouvoir le dire sous le contrôle du président Poutine, c’est que dans les meilleurs délais puisse se tenir à nouveau un échange sous le format dit ‘Normandie’ » réunissant Russie, Ukraine, France et Allemagne, a déclaré Emmanuel Macron.
Interrogé sur la question des sanctions imposées à son pays dans ce dossier, le président russe a répondu : « Vous avez demandé comment les sanctions contre la Russie pourront aider à régler la crise dans l’est de l’Ukraine ? Et voilà la réponse : aucunement ! Luttez pour la suppression de toutes les restrictions dans l’économie mondiale », a déclaré Vladimir Poutine.
La question de la répression des homosexuels en Tchétchénie a aussi été abordée entre les deux hommes. Le président français a déclaré qu’il serait constamment vigilant sur la question, assurant que Vladimir Poutine avait promis la vérité complète sur les activités des autorités tchétchènes.
rfi